La militante associative Aïcha Ech-Chenna rappelle une escarmouche qu'elle a eu l'année dernière avec le ministre de la Justice Mustafa Ramid à propos de la reconnaissance des enfants nés hors mariage au Maroc. Vendredi 4 octobre 2013, au Cinéma Rif à Casablanca, un débat a suivi la projection en avant-première du film documentaire "Les joyaux de la tristesse", du réalisateur marocain Mohammed Nabil, sur le thème des mères célibataires et de leurs enfants*. Aïcha Ech-Chenna est alors intervenue et a rappelé une escarmouche qu'elle avait eue à ce sujet avec le ministre de la Justice et des Libertés, Mustafa Ramid, qui avait traité de «bâtards» les enfants nés en dehors du mariage. Aïcha Ech-Chenna, présidente de l'association Solidarité Féminine, connue pour son soutien aux mères célibataires et leurs enfants, raconte qu'à l'occasion d'une journée dédiée à la situation des enfants, tenue en 2012 par l'Observatoire Marocain des Droits de l'Enfant, «nous prenions un thé dans une salle privée, et en présence de Bassima Hakkaoui et d'un représentant de l'UNICEF, je me suis adressé à Mustapha Ramid en évoquant l'article 446 du code pénal, alors le ministre me répondit : ah oui, concernant wlad L7ram (bâtards)». L'article en question, voté en mars 1983, précise que «l'enfant né hors mariage est juridiquement considéré comme un enfant naturel, du fait que son père biologique ne le reconnaît pas». Il est encore en vigueur dans les tribunaux marocains. Mme Chenna ajoute qu'elle avait déjà eu à débattre de cela, à maintes reprises, avec le ministre de la Justice et des Libertés, Me Mustapha Ramid, et qu'elle lui avait demandé l'abrogation de l'article 446. Elle note également que : «par la même occasion j'ai insisté en rappelant au ministre, qu'actuellement, ils sont 46,11 % des enfants nés vivants à avoir été conçus hors mariage, et que dans 20 ans ils seront 50 %». Partant de ces chiffres, Mme Chenna a une fois de plus demandé au ministre de réviser cet article si vraiment il ne veut plus voir d'enfants naturels (oulad Zina). «Les lois mais aussi les mentalités doivent changer, et c'est un travail où il faudra investir beaucoup d'efforts», a-t-elle dit à Me Ramid, qui lui répondît en disant : «Allez donc faire des études et des recherches sur les mentalités au Maroc». A ces mots, la présidente de Solidarité Féminine commente que c'est au ministère de faire des recherches et des études, comme il est du devoir de la société civile de «titiller l'opinion publique et de tracasser le gouvernement». *La projection et le débat ont été tenus dans le cadre de l'organisation « Marocains Pluriels Juniors ».