L'entreprise chinoise SEPCO III vient de remporter un marché de 3 milliards de dirhams pour l'extension de la centrale à charbon de Jerada. D'autres entreprises chinoises sont aujourd'hui dans la course pour décrocher la construction de grands projets hydrauliques au Maroc. Lancé en 2008 et maintes fois reporté, l'appel d'offre pour l'extension de la centrale à charbon de Jerada a finalement été attribué par l'ONEE à l'entreprise chinoise SEPCO III (Shandong Electric Power Construction Corporation). Il s'agit d'une nouvelle unité de 318 MW, dont la construction sera principalement financée par la banque chinoise Exim Bank, selon un communiqué de l'ONEE. C'est la première fois qu'une société chinoise remporte un tel projet au Maroc. Cinq autres sociétés chinoises sont aujourd'hui positionnées sur le marché de la construction du futur complexe hydro-électrique de M'dez El Menzel (170 MW), dont la liste des soumissionnaires à la pré-qualification a été dévoilée par l'ONEE début juillet. Il s'agit de China Gezhouba Group, Transtech Engineering corporation, China Overseas Engineering Group, Chengdu Ranken Railway Contruction Group et China Harbour Company. Elles sont opposées à des groupements turcs, marocains (Haouar et SGMT), espagnols et italiens. L'éolien associé à l'hydraulique Ce complexe hydro-électrique de M'dez El Menzel permettra notamment de stocker l'énergie produite par les futures centrales éoliennes et solaires. Il fait partie d'un projet plus large (le «programme intégré éolien, hydraulique et électrification rurale»), financé en partie par la BAD et qui regroupe également le projet de la future STEP d'Abdelmoumen (350 MW), une centrale du projet éolien 850 MW (celle de Tanger 2), l'extension de la centrale éolienne de Koudia Al Baida et la dernière tranche du programme d'électrification rurale (PERG5). Comme pour la centrale de Jerada, un premier appel d'offre concernant la STEP d'Abdelmoumen (station de transfert d'énergie par pompage) avait été lancé en 2008. Quatre groupements avaient été retenus à l'époque (français, allemand, chinois et iranien) mais la procédure n'avait pas abouti. Un nouvel avis international à pré-qualification a été lancé début 2013 par l'ONEE. Six soumissionnaires ont été retenus, dont le consortium chinois mené par China Gezhoub Group et qui fera face notamment au français Vinci, au coréen Daewoo, au canadien SNC-Lavalin (associé à la SGMT et à l'allemand VOITH). La seule STEP existante aujourd'hui, celle d'Afourer, a été construite en 2004 par la SGMT et le français Alstom. Charbon : Taqa à Jorf Lasfar, GDF et Nareva à Safi L'extension de la centrale de Jerada est le troisième grand projet de centrale à charbon après l'extension de Jorf Lasfar (+ 700 MW, attribué sans appel d 'offre à Taqa en 2009) et le projet de centrale à Safi (1320 MW), remporté en 2010 par International Power (filiale du français GDF) et Nareva (filiale du holding royal SNI). Concernant l'éolien et le méga-projet groupé de 850 MW (cinq parcs), aucune société chinoise ne fait partie des soumissionnaires dévoilés fin 2012 par l'ONEE. Ces derniers, hormis les groupements menés par les français EDF et GDF, sont tous composés de poids-lourds européens (Enel, Siemens, Gamesa, Acciona), alliés à des sociétés ayant un accès privilégié aux fonds du Golfe (Acwa, Taqa, Al Ajial Funds). EDF et GDF ont déjà remporté les derniers appels d'offre portant sur de nouveaux parcs éoliens (Taza 150 MW en 2012 et Tarfaya 300 MW en 2013), associés respectivement au japonais Mitsui et à Nareva. Production privée : Nareva, la SGTM et...le Duc d'Orléans Quant aux projets de production éolienne privée, sur la dizaine de sociétés marocaines et étrangères (Endesa, Nareva, UPC, Ynna Holding, Cimar, Avante, Asment, OCP, Acciona, Theolia) sélectionnées en 2009 dans le cadre du programme Energie Pro, seule Nareva construit aujourd'hui trois centrales éoliennes, à Tanger, Akhfennir et Laâyoune. La filiale de la SNI est donc la seule en mesure de répondre aux appels d'offre prévus par l'OCP, l'ONDA ou la Sonasid (autre filiale SNI) pour la fourniture d'électricité verte dans le cadre de la nouvelle loi 13-09... Trois projets de micro-centrales hydrauliques privées sont également en cours de réalisation. Les deux premiers, d'une puissance de 22 MW, sont réalisés par la filiale Energie de la SGMT à Khémisset et à Tahar-Souk. Le troisième (1,5 MW) est mené à Meknès par la société Energie J2 Terre, appartenant au prince Jacques d'Orléans, Duc d'Orléans. Photovoltaique : l'avenir chinois ? Sur le solaire centralisé, la seule entreprise chinoise (Shenzhen Xintian Solar Technology Co, Ltd.) qui a été tentée par la première tranche de la centrale CSP de Ouarzazate (Noor, 160 MW), remportée au final par le saoudien Acwa, n'a pas passé le stade des pré-qualifications. D'autres entreprises chinoises participeront peut être à la deuxième phase (CSP Next) du plan solaire, dont le résultat de la pré-qualification, qui devait être dévoilé par la MASEN d'ici mai 2013, n'est pas encore connu. C'est dans le photovoltaïque, dont la promotion a été stoppée au Maroc à partir de 2009 (arrêt du programme Chorouk et de la joint venture maroco-allemande Asola-Majdaline Holding), que les entreprises chinoises tiennent aujourd'hui le haut du pavé en termes de production de panneaux. Elles sont d'ailleurs actuellement accusées de dumping par leurs concurrents européens et américains. La baisse des prix au niveau mondial liée à la surproduction est en tout cas profitable pour le Maroc : selon une récente étude de la coopération technique allemande à Rabat, le photovoltaïque décentralisé résidentiel serait déjà rentable aujourd'hui dans toutes les régions du royaume. Mais les Marocains qui souhaitent installer des panneaux solaires sur le toit de leur maison ou de leur immeuble pour revendre l'électricité à l'ONEE et/ou réduire leurs factures, devront encore attendre que les autorités se décident à autoriser le raccordement des auto-producteurs privés au réseau national en moyenne et basse tension. Une micro-centrale à Kénitra En attendant, outre le très coûteux plan solaire, seules des installations photovoltaïques centralisées sont actuellement envisagées. L'ONEE a lancé un appel à manifestation d'intérêt pour étudier un projet de centrale photovoltaïque de 30 à 100 MW à Tafilalt. Une opération-pilote est par ailleurs menée à Kénitra sur le site d'Atlantic Free Zone, dans le cadre d'un partenariat entre MEDZ et la SIE pour la construction d'une mini centrale photovoltaïque de 2 MW qui devrait subvenir aux besoins en électricité de cette nouvelle plate-forme industrielle dédiée à l'automobile. C'est la société Jet Energy, filiale du groupe Jet Alu, qui est en charge de la construction après la signature d'un PPA (power purchase agreement) avec MEDZ. Jet Energy a annoncé en mars dernier que le prix du kwh produit par la micro-centrale s'élèvera à environ 0,80 DH, un prix quasi-similaire aux kwh produits actuellement par l'ONEE. La société a fait appel à un constructeur chinois, JA Solar Holdings, qui a commencé en mars dernier à livrer les quelques 7 150 modules photovoltaïques nécessaires à la micro-centrale. Cette dernière doit être mise en service d'ici la fin de l'année.