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La CGEM, le lapin et la montagne turque
Publié dans Lakome le 07 - 06 - 2013

«Le lapin en colère qui fait mal à la montagne», n'est pas une petite fable comme celles qu'affectionne Jean de La Fontaine (1621-1695), mais une boutade turque envoyée comme un boulet de canon à l'adresse d'une CGEM boudeuse, faisant preuve d‘une étonnante légèreté et d'une surprenante irresponsabilité.
«Pensez-vous que le lapin en colère fait mal à la montagne ?», s'est interrogé moqueur un membre de la délégation turque en visite au Maroc (les 3 et 4 juin) pour commenter le refus de la CGEM (Confédération générale des entreprises du Maroc) de participer à la rencontre dédiée à sa délégation.
Cette interrogation, qui raisonne encore comme un tocsin annonçant aux villageois un incendie dans une grange du bourg, est le symbole de cette cacophonie qui caractérise aujourd'hui la gestion des affaires publiques. Elle confirme, si besoin est, ce jeu dangereux auquel se livre une classe politique embourbée dans ses contradictions, le nez dans le guidon. Un jeu perdant où les composantes de la majorité gouvernementale se tirent sans cesse des balles dans les pieds et s'ingénient à marquer contre leur camp, alors que la crise économique s'intensifie, que la colère gronde et que les adversaires de la souveraineté territoriale du pays ne lésinent sur aucun moyen, du plus vil au plus abject et calomnieux, pour dénigrer ses institutions et mettre en doute les mœurs de ses habitants. Même l'histoire récente (Guerre des sables de 1963) est instrumentalisée et utilisée à des fins de propagande idéologique interne, à ses dépens.
La visite au Maroc d'une délégation turque, composée de membres du gouvernement et d'importantes personnalités du monde des affaires, conduite par le Premier ministre, Tayyip Erdogan, n'est pas à prendre à la légère. Elle est historique et vaut son pesant d'or.
La Turquie est aujourd'hui un Etat qui compte sur la scène régionale et internationale, au moment où le monde connait des turbulences et des bouleversements géopolitiques et géostratégiques sans précédent. Son économie est prospère et son modèle politique est scruté par des Etats arabes à peine sortis de la terrible bourrasque malencontreusement appelée «printemps arabe».
Sur un plan purement local et bilatéral, cette visite offrait une excellente occasion aux acteurs économiques marocains et au pays, en vue de combler le déficit commercial, de promouvoir sa cause nationale et de régler les questions (culturelles, socio-économiques) qui intéressent en priorité ses ressortissants établis en Turquie. La création d'un « Conseil de haut niveau de partenariat stratégique » et les deux accords de coopération conclus par les deux pays dans le domaine du transport et du secteur maritime, sont toujours bons à prendre.
À titre de comparaison, les échanges commerciaux entre la Turquie et l'Algérie ont quintuplé en dix ans, atteignant les 5 milliards de dollars en 2012 (selon des sources officielles algériennes). L'industrie du textile et de l'acier étant les domaines les plus concernés. Le premier ministre turc a évoqué lors de sa visite à Alger (le 5 juin) la volonté de son pays d'augmenter les investissements turcs en Algérie à hauteur de 3,5 milliards de dollars dans un futur proche. M. Erdogan, qui a plaidé pour le renforcement des relations entre les universités algériennes et les universités turques, a été élevé au titre de Docteur honoris causa dans les sciences humaines par l'université d'Alger. Chose qui ne put se faire au Maroc.
Visiblement, tous ces enjeux et ces considérations d'ordre stratégique et économique ne semblent pas préoccuper outre mesure les dirigeants de la CGEM. À partir de là, il est légitime de s'interroger sur les motivations qui sont derrière leur absence du forum et leur attitude inamicale et peu courtoise à l'égard de la délégation turque.
Qui a donc intérêt à saboter une rencontre de cette nature, qui implique plus de 132 entreprises turques regroupées dans la puissante Association des industriels et hommes d'affaires, La Musiad, conduite par le Premier ministre Erdogan lui-même ?
Si ce n'est pas un message de solidarité envoyé aux manifestants de la Place de Taksim à Istanbul, pourquoi le patronat marocain boycotterait-il une rencontre officielle organisée en l'honneur d'une délégation d'hommes d'affaires turcs ?
Si l'on juge par les quelques bribes de réponses qui circulent depuis lundi 3 mai, le boycott de la délégation turque est une affaire de susceptibilité. La CGEM, qui n'a pas été associée à l‘organisation de la rencontre, espérait par ce boycott régler ses comptes avec le chef du gouvernement et à travers lui, avec l'organisation patronale rivale, Amal Entreprises, proche du PJD. Dans ce sas de figure, la décision de boycott a-t-elle été dictée à la patronne de la CGEM par des considérations internes ou par des « cercles politiques » hostiles au chef du gouvernement ?
L'autre hypothèse consiste à voir dans le boycott de la rencontre par la CGEM, la manifestation d'une lutte aux couteaux entre deux clans de lobbyistes rivaux qui défendent des avantages et positions économiques opposés. D'un côté les défenseurs de la thèse de la diversification et de l'ouverture de l'économie nationale et des échanges sur d'autres marchés, d'autres pays, et donc à la concurrence. De l'autre, les francophiles qui manœuvrent pour que les acquis de la France en matière d'échanges commerciaux (8 milliards d'euros en 2012) avec le Maroc soient préservés et promus à l'exclusion de tout autre pays. Les investissements français au Maroc semblent, apparemment, mal s'accommoder de l'ouverture de l'économie nationale à la concurrence.
Dans tous les cas de figure, en supposant même qu'un lapin (CGEM) puisse faire peur à la montagne (Turquie), le boycott de la rencontre avec la délégation turque est malvenu. Il est dommageable aux intérêts économiques du pays et nuisible à son image. Et lorsque le chef du gouvernement donne quitus à la CGEM et s'excuse de ne l'avoir pas associée à la préparation de la rencontre avec cette délégation, c'est que quelque chose de pas clair sous le ciel de la bonne gouvernance, et son corolaire, l'intérêt supérieur du pays, s'est tramé.
Nonobstant la cacophonie (déclaration sur l'accueil d'Erdogan par SM le Roi) et l'improvisation ambiantes qui ont marqué la visite de la délégation turque au Maroc et gêné le déroulement des négociations commerciales, les intérêts stratégiques du pays ne peuvent être, sous aucun prétexte, le lieu de règlements de comptes entre partis ou organisations patronales fusse la CGEM. Ils ne peuvent être, en aucune manière, pris en otage par de basses manœuvres d'instrumentalisation politique d'un tel événement, car "C'est honteux » et « C'est mauvais pour le Maroc » (selon les mots d'un participant à la rencontre).


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