La Millennium Challenge Corporation a exigé le départ du directeur marocain de l'Agence du Partenariat pour le progrès (APP) suite à un audit spécial qui a révélé des malversations. Agence d'aide bilatérale créée par le Congrès américain en 2004, la Millennium Challenge Corporation (MCC) assiste certains pays en développement à travers un important soutien financier (6,4 milliards de dollars de dons et de prêts concessionnels). Les pays receveurs de l'aide sont sélectionnés sur la base de critères précis : bonne gouvernance, actions en faveur de la population, promotion de l'économie de marché. Le Maroc a été reconnu éligible au programme et s'est vu accorder en 2007 une cagnotte de près de 700 millions de dollars (6 milliards de dirhams) en signant le Compact MCA-Maroc. Les principales actions visées concernent l'arboriculture fruitière, la pêche artisanale et l'artisanat de Fès. C'est l'Agence du Partenariat pour le progrès (APP), établissement public marocain créé spécialement pour l'occasion, qui est chargé de mettre en œuvre et d'exécuter le programme sur 5 ans, sous le contrôle étroit de la Millenium Challenge Corporation. Or, cette agence a défrayé la chronique il y a quelques jours suite au limogeage de son directeur, Morad Abid, débarqué sans explications. La Primature, qui préside le conseil d'orientation stratégique de l'agence, n'a pas communiqué sur ce licenciement et les spéculations se sont répandues dans les médias nationaux, l'agence étant soumise à des audits réguliers. Le quotidien Al Massae affirmait par exemple qu'une équipe du FBI s'était rendue au Maroc pour mener une enquête suite aux résultats du dernier audit. Audit sur la rémunération des dirigeants Contactée par Lakome, l'ambassade américaine à Rabat a démenti l'implication du FBI et a affirmé qu'il n'y avait «aucune enquête en cours». Il y a pourtant bien un problème de malversations, comme l'a révélé à Lakome la direction de la Millenium Challenge Corporation. Son Vice-président pour l'Afrique de l'Ouest, Jonathan Bloom, s'explique : «De plus en plus de défaillances ont attiré notre attention. Nous avons demandé à un cabinet indépendant de mener un audit spécifique sur la rémunération de la direction de l'agence». Selon la MCC, les résultats de l'audit ont révélé un «usage inapproprié des fonds», lié à la rémunération du directeur général, Morad Abid. «Nous avons perdu confiance, nous avons donc demandé aux autorités marocaines de mettre fin à son contrat», explique Jonathan Bloom. Ce dernier ne précise pas le montant des sommes en jeu et affirme que la MCC laisse le soin aux autorités marocaines de mener les éventuelles suites judiciaires de cette affaire. Il souligne toutefois «la grande réussite» du programme Maroc et estime que cette affaire de malversation ne doit pas déteindre sur le reste de l'équipe, qui garde «toute leur confiance». Ce programme lancé en 2007 prend fin en septembre prochain. Le Maroc est éligible à un deuxième programme mais Jonathan Bloom ne s'avance pas encore sur un calendrier précis.