Rappelez-vous, d'un épisode particulier de la chute du sanguinaire dictateur libyen : deux journalistes du Wall Street Journal (WSJ) découvrent, stupéfaits, l'existence d'un centre secret à Tripoli pour la surveillance d'activistes libyens sur Internet. Le centre disposait d'importants moyens informatiques dont un logiciel appelé Eagle et édité par la société française Amesys. Que permet de faire ce logiciel ? Le manuel d'utilisation de Eagle est on ne peut plus clair : Il s'agit en gros d'un logiciel de « Deep Packet Inspection », capable de récupérer et inspecter des données circulant entre libyens, et même de dresser des cartographies de relations en fonction des personnes contactées et de la fréquence des échanges. L'enquête du WSJ avait bien révélé que les services libyens avaient utilisé le logiciel pour épier des conversations entre activistes sur Yahoo Chat et via email. Le gouvernement marocain est-il tenté d'utiliser des méthodes du défunt Kadhafi pour surveiller Internet ? Tout porte à le croire malheureusement. Le «Canard enchainé» français avait publié en Février 2012 une facture de 2 millions de dollars destinée au gouvernement marocain de la part de la société Serviware, filiale d'Amesys, elle-même filiale du groupe Bull. La facture porte mention du « Projet Popcorn », mais ne donne pas plus de détails sur la consistance de la commande. Mais selon le « Canard Enchaîné », le même logiciel aurait été fourni au Qatar et à... la Syrie ! C'est dire la nature démocratique des régimes clients d'Amesys. Si aucune réaction officielle des autorités marocaines n'a été enregistrée, il ne serait pas du tout étonnant que le régime marocain se mette à surveiller ceux qui l'enquiquinaient il y a 2 ans avec les manifestations du mouvement du 20 février, et le vent de liberté d'expression qui souffle sur l'Internet marocain depuis. Le régime se cache malheureusement très souvent derrière le prétexte de lutte contre le terrorisme et de lutte contre les fraudes pour justifier ces pratiques. Sauf que ce même article de la Constitution stipule que Quid de la pratique ? Ce n'est un secret pour personne qu'elle est souvent loin de toute règle juridique...