Beaucoup de résidences à Tanger et Asilah louent occasionnellement des appartements ou des chambres à des couples en quête de moments intimes. La découverte d'un cadavre sur la route de Malabata a dévoilé cette nouvelle face du proxénétisme. Un cadavre a été déclaré près d'un mur cernant la résidence « Asmae plage » dans la rue Villavista donnant sur la route de Malabata à Tanger. Le corps présentait des blessures au niveau frontal. Une mousse blanche se dégageait de la bouche et des traces de vomissement étaient apparentes au niveau de la poitrine. L'homme portait un survêtement de sport bleu foncé de marque Adidas, un tricot en laine de couleur grise et une paire d'espadrilles de marque Nike. A leur arrivée, les enquêteurs ont remarqué que les semelles des espadrilles ne présentaient aucune trace récente de marche, mais la fente de l'une d'elles contenait des gravats. Une petite ronde dans les alentours a fait constater aux enquêteurs qu'une nappe de gravats était visible à l'entrée de la résidence « Asmae plage » près de laquelle le cadavre a été découvert. Il fallait donc faire du porte-à-porte pour pouvoir répondre à cette infinité de questions qui se précipitaient dans l'esprit des policiers. Ils cherchaient à savoir s'il y a eu un incident susceptible de les guider sur une piste. Questionnés un à un, beaucoup d'occupants de la résidence en question disent n'avoir rien remarqué. C'est l'appartement n° 12, situé au rez-de-chaussée de l'immeuble, qui mènera les policiers vers une éventuelle piste. Son occupant, un certain Mounir, a déclaré que sa femme aurait vu son frère Jamal, occupant l'appartement n° 13, présent lors de l'évacuation d'une jeune femme vers les urgences de l'hôpital Mohammed V. L'épouse de Mounir, Mouna, sera vite auditionnée. Elle déclarera avoir remarqué le passage d'un certain Abdelmoumen Soussi, un courtier chargé de la location des appartements des résidences implantées un peu partout dans le quartier. Il était en compagnie d'un jeune couple. Les trois personnes se dirigeaient, dit-elle, vers l'appartement n° 13. Mouna se souvient très bien des traits de la jeune femme qu'elle observait à partir de la fenêtre de chez elle. C'est la même jeune dame qui a été évacuée aux urgences. D'ailleurs, Mouna confirmera aux enquêteurs avoir entendu son beau-frère Jamal dire aux éléments de la protection civile que la jeune dame s'était évanouie à l'entrée de la résidence. Drôle de débarras Munis de ces informations, les policiers ont opéré une perquisition dans l'appartement n° 13. Tout était dans l'ordre à l'exception de quelques traces de vomissement sur le sol du salon et près du lit de la chambre à coucher. Quelques traces de fumée noire entachaient le mur et le toit de la cuisine. Elles provenaient d'un chauffe-eau fixé dans cette même cuisine. La perquisition était en fait infructueuse. Il a fallu donc interpeller Soussi. Celui-ci a reconnu avoir accompagné un jeune couple à qui il a loué, pour une nuit, l'appartement n° 13. Cependant, le lendemain, vers 11 h, lorsqu'il était venu récupérer les clés, il n'a eu aucune réponse. Il a en beau frapper à la porte, mais en vain. Il est alors allé chercher le propriétaire de l'appartement, Jamal, qui lui a dit que lui aussi a essayé de récupérer les clés mais sans résultat. Les deux ont alors décidé d'escalader les murs à l'aide d'une échelle et à travers une fenêtre dont ils ont cassé les vitres, ils ont fait irruption dans l'appartement. Là, ils ont été surpris de trouver les deux locataires complètement nus. Le corps de l'homme, allongé sur le sol, était inerte. Quant à la jeune femme, allongée sur le lit, elle avait des difficultés apparentes à respirer. Le courtier et le propriétaire ont alors décidé de les habiller à la hâte. Ils ont couvert le cadavre de l'homme avec une couverture en laine et l'ont traîné jusqu'au mur de la résidence. Avant de se débarrasser de son blouson qu'ils ont jeté dans une poubelle commune, ils y ont découvert la somme de 20.000 DH qu'ils se sont partagée. Ensuite, ils ont traîné la fille vers l'entrée de la résidence et ont appelé les sapeurs pompiers pour la secourir. A la suite de ces déclarations, le courtier a été conduit vers l'hôpital Mohammed V de Tanger où il a reconnu la jeune dame qui a été admise dans le service de réanimation. Elle a déclaré que ses relations avec son ami Ahmed dataient d'un an durant lequel ils fréquentaient cette résidence à chaque fois qu'ils cherchaient à partager des moments d'intimité, avec la complicité du courtier. Cette fois-ci, le gaz a dévoilé ces secrets.