Création du pôle populaire Quoiqu'on en dise, il y a très peu de dénominateurs politiques communs entre le MP et le MNP. La récente proclamation de l'alliance entre ces deux partis a des objectifs purement électoralistes. A l'occasion, la famille harakie espère renforcer ses chances. Un événement historique. C'est ainsi qu'a été qualifiée l'initiative prise par le Mouvement populaire et le Mouvement national populaire qui ont proclamé la création d'un pôle politique à l'issue des travaux de leurs comités centraux tenus conjointement à Salé le 7 juillet dernier. Mohand Laenser et Mahjoubi Aherdane n'ont pas tari d'éloges sur leur initiative commune de rassembler la famille harakie et, du coup, mettre un terme à une discorde qui a duré deux décennies. Une réconciliation qui est vécue comme une réponse politique aux tentatives du gouvernement d'émietter davantage le champ politique national et, par conséquent, de balkaniser l'électorat de la famille harakie. Les deux leaders n'ont pas caché leur désapprobation des scissions survenues au niveau de leurs formations et ont fait porter toute la responsabilité à Youssoufi, coupable selon eux d'avoir inspiré et suggéré la création de l'Union démocratique et du parti Al Aâhd. Une accusation grave qui vient s'ajouter à la série d'autres accusations qu'essuie l'équipe de Youssoufi à tout bout de champ, et de toutes parts. L'allocution de Mohand Laenser a été suivie avec beaucoup d'intérêt, d'autant plus que le secrétaire général du MP a souligné que cette initiative “ entrait dans le cadre du renforcement et de l'élargissement de nos alliances avec les formations amies qui partagent avec nous les mêmes valeurs et la même vision réformiste et moderniste ”. Mais les observateurs n'ont pas manqué de relever que Laenser avait de tout temps dénoncé, notamment pour justifier son divorce avec Aherdane, les penchants autoritaires des dirigeants harakis, l'absence de démocratie interne et le monopole exercé dans la prise des positions politiques. Ce sont justement ces lacunes qui ont conduit aux éclatements successifs qu'a connus le Mouvement populaire depuis le début des années soixante. Par conséquent, ses récentes déclarations ont surpris plus d'un, d'autant plus que son allié de circonstance n'est pas connu pour être très attaché à la modernité. Quoi qu'il en soit, d'après le communiqué commun élaboré par les deux partis, l'union entre le MP et le MNP est considérée comme stratégique. Dans ce sens, qu'à l'étape actuelle, les directions des deux partis vont s'atteler à réactiver les mécanismes de coordination et de coopération en vue de créer les conditions objectives d'une alliance future. Autrement dit, les deux partis n'envisagent pas, à présent, d'aller au delà puisqu'ils se présenteront aux élections en rangs distincts tout en respectant leurs engagements réciproques vis-à-vis de leurs partenaires. Le MP étant dans l'opposition est donc tenu de respecter ses alliances au sein du Wifaq et le MNP respectera les siens au niveau de la majorité. Cela étant dit, la plate-forme commune adoptée le 7 juillet répond beaucoup plus aux orientations du MP, en tant que parti de l'opposition. Elle l'est moins pour le MNP qui semble être mis hors-jeu puisque l'initiative tend à mettre tout en œuvre pour barrer la route à l'USFP lors de la formation du prochain gouvernement. Dans cette optique, l'engagement des deux partis est clair : “ Il s'agit de mettre en œuvre une stratégie électorale forte et capable d'exprimer concrètement le rejet par la majorité des citoyens de l'équipe actuelle ”. Dans ce cadre, les deux partis ont convenu de mettre sur pied une commission qui a la responsabilité d'élaborer la stratégie électorale. Selon des responsables du MP et du MNP, cette stratégie s'articule sur l'examen des candidatures communes qui ne devront être entérinées qu'après approbation des deux leaders. Mais ces candidatures doivent, en principe, prendre en considération le poids et l'implantation de chaque parti. Cependant et au vu des brouilles de plusieurs dizaines d'années, Laenser et Aherdane pourront-ils vraiment surpasser leur mésentente ? Les résultats des prochaines élections le diront.