CHAMBRE CRIMINELLE Réseaux spécialisés dans les vols de motocyclettes Pas moins de 58 personnes, recherchées pour vols à l'arraché dans 48 plaintes, ont été arrêtées et traduites par la police judiciaire de Mers Sultan-El Fida devant la Justice, en l'espace de moins de deux mois. C'est spécialement ce délit qui occupe la première place dans les corbeilles et parapheurs de la police judiciaire casablancaise. Mais ces derniers jours est apparue une autre spécialité : le vol des motocyclettes. Deux réseaux mis à l'ombre. Récit. Au mois de janvier dernier, trois malfaiteurs sont tombés dans les filets de cette même police suite à une plainte pour vol de vélomoteur, déposée par un certain Jamâa Sabri. Celui-ci déclarait devant l'arrondissement de police de Sahat Seraghna que deux individus ont volé son vélomoteur du seuil de sa boutique sise Hay El Farah. La victime laissait entendre que leurs signalements étaient restés gravés dans sa mémoire à tel point qu'à son passage par le quartier de la Gironde, il les a vus à l'œuvre : ils s'apprêtaient à voler un autre vélomoteur. Une surveillance a été montée dans ce quartier et, suite aux signalements fournis, deux des trois malfrats ont été pris en flagrant délit de tentative de vol d'un troisième vélomoteur. Ils étaient munis d'une cisaille à l'aide de laquelle ils défonçaient les serrures, un tournevis et une gamme de clés et d'outils. Ils enfourchaient une Yamaha. L'enquête guidée par les aveux des mis en cause, repris de justice par ailleurs, a débouché sur d'autres affaires de vols qualifiés. Mohamed Keder a avoué avoir commis trois actes similaires en l'espace de 20 jours, durée qui a suivi la sortie de prison de Aziz Fouad, le second malfaiteur. Il purgeait une peine d'emprisonnement d'un an ferme pour vol avec violence. Mohamed a en plus avoué avoir à son actif plus de 30 actes de vols qualifiés dans différentes ruelles des quartiers du grand Derb Soltane. Il a également livré aux enquêteurs un troisième nom, celui de M'Hamed. Suite aux indications fournies, il a été coincé sur une mobylette, la sienne cette-fois-ci mais sans police d'assurance. Le troisième mis en cause est passé à table avouant plusieurs vols de motocyclettes. La police a pu relever 26 plaintes déposées en bonne et due forme pour vol de motocycles. M'Hamed a ajouté que c'était lui qui s'occupait de l'écoulement des motocyclettes volées. Les neuves dans différents souks hebdomadaires et les anciennes étaient écoulées en pièces détachées au souk Koréa. Les trois malfaiteurs ont été déférés devant la Cour d'appel. Le calme était revenu et le rallye des motocyclettes devait prendre fin devant le juge d'instruction. Nouveaux ronronnements En ce mois de février, alors que les membres de l'association sus-cités n'ont même pas encore été jugés, que les plaintes affluent encore. Les vélomoteurs commençaient à disparaître et les informations qui atterrissaient dans les oreilles des enquêteurs, qui croyaient avoir affaire à des ombres, faisaient état d'un autre gang… Le naturel qui a été chassé est revenu au galop. Le premier nom était celui d'un certain Boukyoud qui opérait sous deux alias, Hamada et Zrika, façon de se prémunir contre d'éventuelles infiltrations. L'information précisait que Zrika, qui fréquentait le boulevard Panoramique d'Ain Chock, s'adonnait à la vente de motocyclettes de provenance douteuse. Il falsifierait des cartes grises. Surveillances et investigations discrètes ont été maintenues dans les alentours des endroits communiqués. Le moment voulu, les éléments de la police judiciaire ont procédé à son arrestation. Il était en possession d'une carte grise vierge. Une perquisition chez le mis en cause a permis aux enquêteurs de mettre la main sur des carcasses de scooters, une gamme d'outils mécaniques ayant servi pour le démontage des engins volés, un vélomoteur de couleur noire. Zrika devait passer aux aveux. Il déclarera à la police qu'il faisait partie d'un réseau spécialisé dans la besogne, dans divers quartiers du Grand Casablanca. Zrika livrera les noms de ses complices et coauteurs. Addi, alias Hadj, était le premier à être cité. Il habitait Mohammédia et un déplacement était nécessaire pour écrouer, avec la collaboration de la gendarmerie royale, cet élément très actif pour sa parfaite connaissance de la distribution. Car la perquisition effectuée dans son domicile a permis la découverte de sept récépissés délivrés par les services de l'ONCF de Mohammédia relatifs à l'acheminement vers Marrakech des engins dérobés, une carte grise et un acte de vente vierges ; un acte de vente et une carte grise portant les caractéristiques d'une motobécane ; une voiture de marque Jetta et un cellulaire de marque Nokia 3310. Hadj citera à son tour un autre nom. Les dominos ont commencé leur écroulement. Un certain Mostapha, repris de justice aussi. Habitant lui aussi les alentours de Mohammédia, il est tombé dans les filets des éléments de la police judiciaire de Derb Soltane et de ceux de la cité des fleurs, devenue dortoir pour un certain nombre de…malfrats. Mostapha y possède un local de vente de pièces détachées pour motocyclettes. La perquisition a permis la saisie d'un vélomoteur de marque Peugeot 103, des actes de vente et des cartes grises portant différents noms. Mostapha avouera aux enquêteurs avoir collaboré étroitement avec Addi alias Hadj qui lui avait livré 4 cyclomoteurs dont 3 ont été écoulés. L'enquête conduira les policiers à Sidi Othmane où un réparateur de vélomoteurs, Abdelali, qui a avoué avoir été l'intermédiaire entre les faussaires des cartes grises et le demandeur (Addi) contre la somme de 200 DH. Celui-ci les conduira vers un certain Nabil, employé dans une imprimerie à Ain Sebâa, aux alentours de la chaîne 2M, qui procédait à l'impression des spécimens des documents afférents aux engins volés. La bande des quatre a dénoncé plusieurs complices à Safi, Youssoufia, Fkih Ben Saleh, Marrakech… Des avis de recherche ont été lancés contre les membres du réseau à travers plusieurs villes dont Casablanca. Les quatre malfaiteurs ont subi le même sort que les trois premiers. Ils doivent répondre de leurs forfaits devant le juge d'instruction. Statistiques Au cours des dernières semaines de l'année en cours, la police judiciaire de Derb Soltane-Mers Sultan a procédé à la saisie de 1028 comprimés psychotropes, 40,120 kg de kif, 1,814 kg de chira et 8 grammes de cocaïne. Ces affaires de trafic de stupéfiants ont mis en cause 102 personnes qui ont été traduites devant la justice.