interview exclusive de Wawa Bamialy, Chargé d'Affaires de la République Démocratique du Congo Le Maroc et la République Démocratique du Congo ont en commun une capacité naturelle à épouser spontanément les mêmes causes, à défendre les mêmes valeurs de développement du continent africain et à préserver l'intégrité territoriale des Etats et de refuser toute ingérence dans les affaires intérieures. La visite Royale à Kinshasa aura un impact positif sur les relations maroco-congolaises à tous les niveaux. C'est ce que le chargé d'affaires de la République Démocratique du Congo à Rabat, Wawa Bamialy, explique à La Gazette du Maroc. La Gazette Du Maroc : Quel est le programme de la visite Royale à la République Démocratique du Congo ? Et quel sera son impact sur les relations bilatérales ? Wawa Bamialy : La visite royale relance la coopération économique bilatérale actuellement en gestation depuis les derniers travaux de la commission mixte maroco-congolaise, tenus à Rabat en 1985. Quelle évaluation faites-vous de la coopération bilatérale, et notamment dans les domaines économique, culturel et politique ? Le bilan est nettement positif sur plusieurs plans, notamment politique et culturel. S'agissant du volet politique, cette visite constitue la grande illustration. Sur le plan culturel, le Maroc octroie chaque année une trentaine de bourses aux jeunes bacheliers congolais en vue de leur permettre de poursuivre leurs études supérieures et universitaires au Maroc. Dans le domaine sanitaire et financier, le Royaume a financé plusieurs projets évalués à des millions de dirhams. D'autres projets de financement sont en voie d'être finalisés entre les deux parties. S'agissant de la coopération militaire, la présence du contingent marocain en RDC témoigne de sa bonne santé, bien qu'elle s'insère dans le cadre des Nations Unies. Il y a lieu de signaler également que les officiers militaires congolais viennent parfaire leur formation dans les académies militaires marocaines. Par la présence de ce contingent en RDC, le Maroc contribue à consolider la paix et la stabilité dans ce pays, en vue de rendre possible son développement socioéconomique. Quel est l'état actuel des échanges commerciaux entre les deux pays ? Les échanges commerciaux entre les deux pays sont quelque peu modestes en raison de la situation difficile qu'a connue la RDC pendant plus de dix ans. Néanmoins, la visite royale vient au moment où le Congo amorce un grand virage pour son développement et asseoir les institutions démocratiques qui seront issues des élections présidentielles, législatives et municipales prévues avant la fin du mois de juin 2006. Certains observateurs remarquent qu'il y a des investissements marocains dans votre pays, dans quel secteur et quels sont ses rendements sur l'économie congolaise ? A l'occasion de cette visite, la République Démocratique du Congo tient à remercier Sa Majesté le Roi et le peuple marocain qui ont accepté de l'accompagner dans son action sur cette ligne droite vers la 3ème République. En attendant que la coopération dans le domaine du logement, de la pêche maritime, du commerce et de l'énergie se réchauffe, quelques investisseurs marocains ont ciblé le domaine minier dans la mesure où la RDC est un vivier géologique et recèle tant de potentialités. L'avenir proche des relations bilatérales est très prometteur ; cette visite royale prouve aussi que le Congo est redevenu fréquentable après une longue période d'instabilité. Il y a donc lieu de dire aujourd'hui que " la RDC se vend, se vend bien, se vend mieux ". Quel est le rôle que le Congo Démocratique peut jouer pour trouver une solution définitive au problème du Sahara marocain ? En ce qui concerne le Sahara, la République Démocratique du Congo a soutenu le Maroc dans son effort d'unification du Royaume dès le départ des Espagnols de cette partie du territoire marocain. Elle avait été amenée à suspendre, en son temps, sa participation aux activités de l'Union Africaine (ex-OUA) pour témoigner de sa solidarité vis-à-vis de ce pays frère qu'est le Maroc, à la suite de l'admission de la RASD au sein de cette Union. Le Congo, qui a connu deux cas de sécession dans son histoire, ne peut encourager ni la division du territoire ni du peuple marocains. Il s'inscrit dans la logique de la recherche de la solution négociée et mutuellement acceptée par les parties concernées dans le conflit du Sahara. Que pensez-vous de l'expérience marocaine dans le domaine des droits de l'Homme et du développement humain ? En matière de droits de l'Homme, le Maroc a fait un grand pas en avant sous l'impulsion de Sa Majesté le Roi Mohammed VI à travers les travaux de l'Instance Equité et Réconciliation. Quant au développement humain, les divers projets qui entrent dans le cadre de l'INDH incitent à l'encouragement pour vaincre la pauvreté au Maroc. Somme toute, ces deux dernières expériences marocaines peuvent servir de modèle aux autres pays africains.