Bank Al-Maghrib Bank Al-Maghrib, bâtiment phare à Casablanca, a su conserver ses atours de jeunesse. Toujours aussi belle, elle demeure impassible et majestueuse. Fidèle à son rôle de grenier du trésor, elle affiche, aujourd'hui encore (par la pureté et la rigueur de ses lignes), une image d'une incroyable modernité. Une vraie banque ! Le plan est l'âme de l'édifice qui le reflète comme un visage » avance un architecte célèbre de l'époque. Cette affirmation prend tout son sens à travers l'opacité de la façade de la Banque du Maroc. L'argent est bien gardé, les affaires sont discrètes mais pas les manifestations de la fortune. La correspondance entre intérieur est extérieur, est parfaite. Cette Banque d'Etat du Maroc conçue par l'architecte Edmond Brion, fut achevée en 1937. Elle offre une image rassurante et conservatrice. C'est un bâtiment prudent et d'un équilibre sans faille. Sa façade s'accorde à l'échelle des bâtiments qui l'entourent et de la place administrative de Casablanca (avenue Hassan II, Boulevard de Paris) dont elle constitue le quatrième côté. Sa façade rectangulaire est coiffée par une large corniche. Celle-ci octroie au bâtiment une présence incontestable sur l'alignement du boulevard de Paris. En s'approchant de l'édifice, on découvre la beauté de son modelé géométrique. Edmond Brion a exploré tout le potentiel de la création architecturale marocaine. Il a décidé de l'associer aux techniques modernes (de l'époque) du travail du métal et du verre. On retrouve cette approche dans la salle des guichets et dans les bureaux de la direction. On retrouve également un travail inégalé au niveau des boiseries. Les murs lambrissés contrastent avec les métaux et les marbres de la cage d'escalier. Les cheminées et les magnifiques portes coulissantes, des bureaux et des salles de réception créent une ambiance de faste exceptionnel. Et pour finir en beauté, des verres sablés, évoquant des scènes de bateaux, nous rappellent la fonction maritime (primordiale) de la ville de Casablanca. Un pur chef-d'œuvre ! Certes, le décor appliqué à la banque, fait référence à d'autres cultures étrangères ou à d'autres époques. Néanmoins, il se conjugue parfaitement avec les décors ancrés dans la culture marocaine. Pas de stylisation de caryatides, ni de moulures inutiles, mais de larges applications de céramiques ; les teintes sont un rappel des zelliges du pays et ce, dans un parfait équilibre de composition. L'architecte s'est clairement inspiré de l'habitat des notables marocains et des monuments des villes impériales, pour dessiner les détails de cet établissement public. Ici, l'esthétique est plus fluide et remplace les décors chargés des immeubles de la première génération. Aujourd'hui et depuis la malheureuse disparition du théâtre construit en 1920 (par Hyppolite Delaporte), la Banque Al-Maghrib, est devenue le véritable fond de la place administrative.