Nouveaux Partis Politiques L'année 2006 serait-elle celle de l'entrée sur scène d'une nouvelle génération de leaders politiques ? La question a sa raison d'être, mais la réponse n'est pas évidente. Une nouvelle «série» de partis politiques a vu, ou est en train de voir, le jour. En effet, en moins d'un mois, deux formations politiques, le PJD et L'USFP en l'occurrence, ont accouché de deux autres partis. Ainsi, Mohamed Khalidi, un vieux routier du Mouvement populaire démocratique constitutionnel devenu après une longue hibernation le PJD, a quitté le giron de son premier espace et fondé, au cours de la dernière semaine du mois de décembre, le Parti Renaissance et Vertu. Raison de ce désamour : l'OPA du mouvement intégriste MUR sur le parti initial. Pour Mohamed Khalidi (voir La Gazette du Maroc n° 453, du 2 janvier dernier), il est devenu impossible de cohabiter avec une tendance fondamentaliste qui n'a eu cesse de marginaliser, sinon batailler contre les «anciens» du MPDC. Déclarations, communiqués et autres interviews à l'appui, la scission a été menée tambour battant. Moins tapageuse, celle de Abdelkarim Benatiq a donné naissance au Parti Travailleur. Ancien membre du bureau national de la jeunesse ittihadia et membre du Conseil national de l'UFSP jusqu'à son départ, Benatiq a voulu «partir en silence». Dans ses déclarations à la presse, il évite de dénigrer son ancien parti ou critiquer ouvertement sa vie interne. L'ancien secrétaire d'Etat au Commerce dans le gouvernement de Abderrahman Youssoufi n'en fait pas moins remarquer que son parti “comprendra ceux qui ont été exclus du centre de décision politique”. En cela, il fait allusion à son échec de siéger au sein du bureau politique issu du 7ème Congrès de l'USFP. Quoi qu'il en soit , il n'est plus question du sempiternel leitmotiv lié à la démocratie interne qui a fait courir tout le monde une décennie durant. Abdelkrim Benatiiq et Mohammed Khalidi seraient-ils les porte-paroles d'une génération pressée et prompte à clamer son droit à la direction, voire à l'impatience politique ? Une chose est sûre, ils ont fait des “jaloux”. Le premier, un revenant. Oublié depuis le temps où il était ministre de la Culture, Abdellah Azmani est (selon son entourage) en cours de préparer la création d'un nouveau parti. Déjà, on croit savoir qu'il s'agit d'une formation politique qui se veut appartenir au Centre. Autre parti, autre scission. Cette fois, c'est Mohammed Aujjar qui quitte le navire du Rassemblement National des Indépendants (RNI) de Ahmed Osman. Depuis le dernier remaniement ministériel, les convulsions et autres remous n'ont pas cessé de secouer le RNI. C'est que le lifting de Jettou n'a pas fait que des heureux. Depuis le remaniement ministériel, rien ne va plus comme avant au sein de certains partis politiques. Cible de toutes les critiques, le chef du RNI a beau déclarer que les différends sont normaux, il n'en demeure pas moins que le bateau est envahi par les eaux de partout. Dernier clash en date: lors de la réunion du Bureau exécutif du parti, les membres de la direction ont décidé de geler les comptes du parti et réfuter toute initiative du président d'entretenir une quelconque alliance avec le PJD. Il est à noter que Osman n'a pas rejeté, dans une déclaration de presse, une éventuelle alliance avec les islamistes. Fait significatif, cependant : au cœur des discussions se trouvait l'annonce de la création d'un parti issu du même RNI. Suite à quoi une commission fut créée afin de persuader l'ancien ministre des Droits de l'Homme. Peine perdue, d'ailleurs. Présidée par Mustapha Oukacha, président de la deuxième Chambre, ladite commission n'a pas eu gain de cause auprès de Aujjar. Point du non-retour, donc. Les raisons, distillées cette fois dans l'anonymat, renvoient à l'archaïsme, sinon à la corruption de la direction ! «Rien ne nous oblige, laisse-t-on entendre à la presse, à siéger côte à côte avec des dinosaures qui plus est souffrent, une mauvaise réputation politique et économique» Dur, c'est dur. Selon le quotidien «Sawt Annas», paru vendredi 6 janvier 2006, les mécontents ont «définitivement décidé de quitter un parti où des dinosaures font main basse sur le parti et dont l'implication dans des dossiers politiques et économiques est presque avérée». Blocage interne ou casting électoral ? En fait, les réactions des partis concernés restent mitigées. Pour la direction du PJD, Khalidi est exclu du parti pour raison “financière”. Une manière peut- être de confondre le chef du PRV. De son côté, Driss Lachgar, membre du Bureau politique de l'USFP, n'hésite pas à taxer le phénomène de ces mouvements centrifuges de «plaisanterie». On le voit que trop au moment où la classe politique nationale se prépare, sinon fait ses premiers pas dans une voie de polarisation et de rationalisation de la vie partisane, une certaine «élite» juge nécessaire de créer des formations nouvelles avant l'entrée en vigueur de la nouvelle loi sur les partis.