Memoire et histoire Y aura-t-il une vie après l'IER ? Oui, tant et si bien que l'histoire n'est pas uniquement la mémoire, aussi douloureuse soit-elle. L'histoire, c'est surtout l'avenir. Les stigmates du passé, les errements d'un Etat en construction forcée et douloureuse, les milliers de victimes et les violations graves des droits des Marocains sont autant de chapitres d'une histoire pénible et édifiante. Mais, aussi paradoxal que cela paraisse, c'est là un présent qu'on donne aux générations futures, en veillant à ce que de tels maux ne reviennent pas. Et c'est ce que l'IER a essayé de faire, en présentant, à la fin de son rapport des recommandations jugées très prometteuses par toutes les composantes de la société, y compris les franges les plus radicales dans la sphère «droit-de-l'hommiste». Oui, un passé avec lequel on ne tranche pas risque de revenir, plus douloureux, plus dévastateur. Cependant, la seule générosité qu'on peut donner au présent, c'est l'avenir. Il est parmi ces recommandations, qui, des structures répressives de l'Etat à la récupération des espaces de bannissement et de détentions, répondent à ce droit de mémoire honoré et aux exigences de la construction d'un Maroc pluriel et tolérant, à la fois. Dans son rapport, l'IER insiste sur l'éradication de l'impunité, et à ce titre, préconise des réformes juridiques, des politiques publiques dans les secteurs de la justice, de la sécurité et du maintien de l'ordre. Point d'orgue de ces réformes, condition sine qua non pour éradiquer l'impunité : «la révision du statut du Conseil supérieur de la magistrature». En matière de réformes constitutionnelles, l'IER prône la consolidation des «garanties constitutionnelles des droits humains notamment par l'inscription des principes de primauté du droit international des droits de l'homme sur le droit interne, de la présomption d'innocence et du droit à un procès équitable». Côté pénal, le rapport recommande également de mettre à niveau la législation marocaine en la matière, et surtout, veiller à la mise en application des recommandations issues du colloque national sur la politique pénale, tenu à Meknès en 2004 et une définition des violences contre les femmes conforme aux normes internationales. Il est donc clair que la volonté d'avancer sur la voie de la démocratie anime davantage le nouveau règne et trouve dans ces recommandations une feuille de route à l'avenir prometteur.