De par leur architecture, les cinémas de Casablanca sont des oeuvres d'art à part entière. Et des salles de cinéma il y en avait une kyrielle qui servait aussi bien à la projection de films qu'à l'interprétation de pièces de théâtre. C'est au cinéma Rialto (ex-Splendid), construit en 1930 par Pierre Jabin (1.350 spectateurs) que Joséphine Baker donne le 13 avril 1943 un récital devant des officiers américains. De cette belle époque, seules quelques anciennes salles ont survécu à la déferlante de la "disparition forcée". Le cinéma Liberté construit par Albert Planque en 1954; le Rif, rénové par Domenico Basciano en 1958 après la restauration de l'Opéra et la modernisation de l'Atlas en 1950. Mais cet architecte qui a aussi refait le Lux (Bd Lala Yacout) en 1968 et le Colysée en 1969, a à son actif le cinéma Lynx et son élégant plafond ondulé et suspendu, situé sur l'avenue Mers Sultan. Cette salle qu'il a entièrement créé est son plus grand chef-d'oeuvre. Ont échappé également à la destruction l'Empire et l'ABC, bd MohamedV; l'Arc, boulevard Ziraoui; le Lutetia... Parmi les disparus, figure le quatuor de la rue du Jura: le Rex, le Familia, le Monté Carlo, le Mondial. Plus loin le Riviera, le Médina au sein de la médina de Casablanca; la Chaouia, route de Médiouna; Le Mauritania transformé en dancing, le Riad; mais surtout l'incroyable cinéma à toit ouvrant : le Vox. Ce monument, oeuvre de Marius Boyer, inauguré en 1935, était le plus grand cinéma d'Afrique. Marcel Cerdan y a boxé, sur un ring monté devant l'écran. Il y avait un grand bar à l'intérieur. Le Vox avait aussi quatre étages et donc quatre balcons. Et plus le balcon était haut, moins la place était chère.