Plus de 12.000 spécialistes étaient récemment réunis à Athènes pour le 41ème congrès de l'Association européenne pour l'Etude du Diabète. Pour la première fois depuis 1921, la diabétologie est, en effet, au bord de découvertes capitales… Cette année-là (1921), au Canada, Fred Banting et Charles Best définissent le rôle de l'insuline et sauvent des malades atteints du diabète. D'autres progrès suivent, comme l'individualisation de deux diabètes : de type de I chez le sujet jeune dont la maladie est due à un déficit en insuline ; de type II chez le patient plus âgé, pour qui il s'agit de diabète gras ou de la maturité, caractérisé par un excès chronique de sucre dans le sang. Les traitements ont été développés à partir de ces hypothèses. Contre le diabète de type I, l'insuline sous des formes diverses puis, depuis 2001, ce qui s'apparente à un pancréas artificiel. Quant au diabète de type II, les médecins ont des solutions. Découverts en 1945, les sulfamides hypoglycémiants augmentent la production d'insuline par le pancréas. En 1957 sont introduits les biguanides, qui augmentent la réaction à l'insuline présente dans le sang. Enfin les inhibiteurs des alphaglucosidases freinent le passage du sucre des aliments dans le sang. Pourtant, aucun de ces traitements n'est parfait. L'insuline est contraignante, et son administration complexe à ajuster. Quant aux antidiabétiques oraux, aucun ne règle le problème de fond du diabétique de type II. Et au fil des ans, les patients «échappent au traitement» et prennent du poids. Surtout, aucun de ces traitements ne permet de résoudre le vrai problème : suppléer l'absence d'insuline dans le diabète de type I, remédier à sa mauvaise utilisation par l'organisme dans le diabète de type II. Or, dans ces deux domaines, des ouvertures se font jour. En Grèce, on a beaucoup parlé par exemple, de la prochaine mise à disposition d'insulines non plus injectables mais… inhalées ! Pas moins de 7 seront lancées dans les mois à venir. Les unes en poudre, deux autres sous forme de micro-cristaux et la septième en gouttelettes. Pour les malades, l'amélioration sera réelle. S'agira-t-il pour autant d'un progrès ? Cette voie d'administration présente en effet des inconvénients majeurs. Ainsi, elle provoque la production d'anticorps anti-insuline. Ensuite, la bio-disponibilité est très diminuée: jusqu'à 10 fois moins que la forme sous-cutanée. La révolution dans le diabète de type I pourrait venir d'ailleurs : un traitement par anticorps spécifique des lymphocytes T. Chez le diabétique, ils s'attaquent aux îlots de Langerhans, responsables de la production d'insuline. Il reste du chemin pour valider cette hypothèse. Mais la libération du processus de production de l'insuline pourrait ainsi s'ouvrir… Quant au diabète de type II, une voie nouvelle s'ouvre, celle des incrétines. Respectivement baptisées GIP et GLP-1, ce sont des hormones. Comme l'insuline, sauf qu'elles sont produites non par le pancréas mais par l'appareil gastro-intestinal. Et alors que l'insuline est sécrétée lorsque le taux de glucose dans le sang augmente, les incrétines sont libérées «de façon quasi instantanée lorsque nous absorbons de la nourriture. Elles provoquent alors la sécrétion d'insuline», a expliqué le Pr Daniel Drucker, de l'Université de Toronto. Cette découverte explique par exemple, pourquoi la production d'insuline est plus importante après l'absorption de glucose par la bouche qu'après administration intra-veineuse. L'expérience a montré «que l'incrétine GLP-1 préserve l'intégrité des îlots de Langerhans. Elle traite donc la maladie elle-même, et non ses seuls symptômes.» Présenté aux congressistes d'Athènes, ce traitement est actuellement en essais cliniques. L'enjeu de santé publique colossal quand on sait que cette maladie est responsable d'un décès sur 20 dans le monde et que, selon l'OMS, 284 millions de personnes devraient être atteintes en 2030 ! Prochain rendez-vous en 2007 ou 2008.