Partout, la fronde peut-être prévisible. Mais, au PJD, le parti des islamistes participationnistes, elle a désormais une date : l'élection ou la cooptation plutôt, du chef du groupe parlementaire. Il en est ainsi chez les amis de Saâdeddine Othmani : à chaque fois qu'une élection est en vue, on accorde le siège à un membre « rangé », et on fait un mécontent de plus. La première, c'est le trublion Mustapha Ramid qui fait les frais de cette « logique ». Son histoire, désormais célèbre, a défrayé la chronique et ne cesse de revenir chaque fois qu'on soulève les « errements » des uns ou les « contraintes » des autres. Résultat : Me Ramid n'assiste plus aux réunions du Secrétariat général du parti, et tire dans le tas quand l'occasion s'y prête. Depuis presque un mois, c'est un autre député, Najib Boulif qui se place en tête d'affiche des mécontents. Professeur d'économie à la faculté de droit à Tanger, Mohamed Najib Boulif, a raflé la mise lors de la réélection du chef du groupe parlementaire PJDiste. Ce n'était apparemment guère suffisant pour présider les députés, car il connaît le même sort déjà réservé à Ramid : le secrétariat général, à qui revient par la force de la loi interne, le droit de trancher, a opté pour un autre, Abdellah Baha. Or, ce dernier par ailleurs membre de la direction, a été classé dernier de la liste des prétendants. Explication de l'élu malheureux : « certains membres du S. G refusent ma présidence pour des raisons ayant trait à mes absences des réunions du même secrétariat ». Motif de ces «absences» ? Boulif préfère le clair-obscur. D'une part, il marque sa différence avec « la majorité au sein du S.G », et surtout son «interactivité positive » avec le ministre de l'Intérieur ; et d'autre part, il juge « logique de laisser les apparatchiks actuels mener le bal à leur guise ». Nuance ; cependant. N. Boutif prend soin effectivement de faire la distinction entre son « cas et celui de Ramid ». Un postulat que ne partage pas Abdelali Hami Eddine. Membre du bureau national de la Jeunesse PJD, ce dernier s'est déjà remarqué par « le rappel à l'ordre» adressé au secrétaire de la Jeunesse de son parti, Abdelaziz Rebah en l'occurrence. Et pour cause : Rebah avait péché par ses critiques décochées à l'encontre de Ramid. Une attitude que Hani Eddine, pour des raisons à peines dissimulées, rejette de but en blanc. « La jeunesse ne doit être en aucun cas, un instrument à utiliser dans les conflits internes du parti ». Ce qui s'apparente, implicitement, à une prise de position en faveur de « l'incriminé ». Sa mise au point, cependant s'inscrit dans une vision d'autant plus globale qu'elle touche le système de fonctionnement du parti. Ce parti, juge le jeune PJD, vit au rythme d'une régression. « Tout le monde s'inquiète. Le PJD, censé être une vraie opposition, vit une régression sur ce plan ». Morale : « le vote des « frères » à la faveur de Ramid et de Boulif a une signification : il existe une tendance qui tente de réhabiliter la ligne politique entérinée par le Conseil national et les congrès du parti». Et le secrétariat général dans tout cela ? « Il navigue à contre-courant » regrette-t-il. De quoi demain sera-t-il fait ? Une chose est sûre : M. Ramid n'est plus seul. La résistance, comme tout le laisse à penser, s'organise.