Les bases du PJD, lors du processus du choix des candidats, se sont rebellées contre la hiérarchie en "recalant" plusieurs figures de proue du parti. La stabilité du parti est sérieusement menacée. Les bases du PJD se rebellent contre la hiérarchie du parti à l'occasion du choix des candidats pour les élections de septembre prochain. Plusieurs figures de proue du parti islamiste ont ainsi été "recalées" par les militants dans les régions lors de ce processus et devront attendre la décision finale du secrétariat général. Mohamed Yatim, membre du secrétariat général et patron de l'UNTM (centrale syndicale pro-PJD) s'est vu ravir la première position sur la liste des candidats islamistes à Béni Mellal. Son challenger n'est autre que Houcine El Hansali, responsable local. Initialement, M. Yatim arrivait en première place à la fin des travaux de la commission chargée des propositions. Le même système n'a pas été clément à Salé avec Abdelilah Benkirane, autre membre du secrétariat général du PJD et président du Conseil national. Ce dernier a été remplacé, en tête de liste, par Mohamed Zouiten, responsable du parti à Salé. Abdellah Baha, membre également du S.G et ex-chef du groupe parlementaire islamiste, a subi la même loi en cédant sa place à Abdeslam Bellaji. Réda Benkheldoune, responsable des relations extérieures du parti, a perdu à Rabat, devant la commission des candidatures, face au jeune Abdellatif Benyaâkoub. A Meknès, où il n'a pas été question de la candidature de son maire, Aboubakr Belkora, le député Abdellah Bouanou a été débouté par Abdellah Elmir, responsable local du PJD. La fronde n'a pas épargné les bases PJD de la ville de Laâyoune. Ces dernières ont imposé Mohamed Daïf, secrétaire provincial, au détriment de Ali Errazma, membre du secrétariat général et également membre du Corcas (conseil royal consultatif des affaires sahariennes). A Fès, indiquent des sources PJD, le problème ne risquerait pas de se poser puisque la capitale spirituelle est divisée en deux circonscriptions. Toutefois, Lahcen Daoudi, deuxième homme dans la hiérarchie du PJD, y est concurrencé par Mohamed Boumchita, un autre responsable local du PJD. Selon un membre du secrétariat général du PJD, le processus choisi par ce parti pour désigner ses candidats est à l'origine de telles inextricables issues. «Car, explique-t-il, la commission des candidatures a le droit de chambouler l'ordre des listes issues des travaux de la commission des propositions». Et c'est en définitive le secrétariat général qui devra intervenir pour arbitrer, mais seulement dans la limite d'une vingtaine de circonscriptions. Pour ne rien arranger au casse-tête des islamistes, ces derniers auront encore à trancher au sujet de la liste nationale. Là, c'est chaque région qui est appelée à proposer une dizaine de noms de candidates féminines à la commission administrative du parti. Le secrétariat général interviendra de nouveau pour arbitrer en matière de positions. La préparation des élections s'accompagne encore une fois, pour le PJD, d'une série de démissions. Si les amis de Saâd Eddine El Othmani restent bouche cousue sur ce dossier, on apprend que des dizaines de PJDistes ont rallié le parti Annahda Wal Fadila de Mohamed Khalidi. Ces derniers se recrutent essentiellement à Fès, Sidi Kacem, Taza et Marrakech en plus de ceux qui, à l'Oriental, avaient déjà rejoint l'ex-responsable du PJD. A Casablanca, la décision du PJD de cautionner la candidature de Abderrahim Lahjouji fait des mécontents. Pour les militants du parti islamiste, le patron de Forces citoyennes risquerait de laisser des plumes à la circonscription d'Anfa (l'une des plus "surbookées") où le PJD a réussi, en 2002, à faire élire deux députés : Rachid Lemdaouer et Abdessamad Haïker.