Cette fois, c'est l'incertitude. Ou presque. Car, contrairement à la satisfaction de mise depuis belle lurette, c'est plutôt un regard inquiétant que porte une partie de l'opinion publique sur la loi de finances 2006. Les raisons macro-économiques, globalement très vulgarisées, ne manquent pas. Du coût du baril aux éventuelles incidences fâcheuses de la sécheresse, le spectre des risques est on ne peut plus varié. Que va-t-il se passer ? Le budget de l'Etat, selon une opinion unanime, fera certainement les frais d'une facture pétrolière encombrante. La conjoncture économique nationale, y compris une campagne agricole qui ne promet pas des merveilles, n'est pas de nature à favoriser l'optimisme des acteurs gouvernementaux et politiques. Résultats : c'est un secret de polichinelle que de dire que le ministre des Finances peine à boucler le projet de ladite loi. Depuis le conseil de gouvernement du 6 octobre où lors duquel Fathallah Oualalou avait suggéré une réforme de la TVA, une veillée d'armes est à l'ordre du jour. Au sein même du gouvernement, des voix, les unes plus fortes que les autres, se sont levées pour marquer la désapprobation de leurs auteurs des choix préconisés par l'argentier du pays. L'Istiqlal a été l'un des premiers partis de la coalition aux commandes à monter en épingle le «caractère impopulaire» des mesures prévues. « TVA : les pauvres pénalisés », a titré l'opinion, l'organe francophone du parti, paru le mardi 11 octobre courant. Les termes sont crûs et la responsabilité délimitée. La « hausse de la TVA, note l'éditorialiste, touchera notamment le sucre, le beurre et l'eau ». Et de conclure : « de telles mesures sont sans nul doute impopulaires et traduisent un manque d'imagination déconcertant des responsables du département des Finances qui préfèrent toujours les solutions de facilité en augmentant les impôts ». S'ensuit un chapelet de maux de sociétés et autres «séquelles dont souffre le peuple marocain » : chômage, pouvoir d'achat, paupérisation… etc. Faut-il mettre ces griefs, que même l'opposition ne réitère plus avec les mêmes ferveurs, sur le compte de la rivalité entre les deux grands frères ennemis, l'USFP et le PI ? Ce serait trop réduire l'enjeu de la loi de finances à un «reéquibrage» de forces d'influence au sein du gouvernement. «L'Opinion» n'en revient pas moins le lendemain. On y retrouve les mêmes «craintes», et les mêmes appréhensions. Avec, de surcroît, une question directe : que cherche l'Argentier du Royaume ? mesure-t-il réellement la portée réelle de ce réaménagement de la TVA et ses multiples conséquences ? En fait, l'heure est encore à la discussion entre parties concernées. D'ici le 20 octobre, date du dépôt de ladite loi au Parlement, le Premier ministre est sollicité à faire des arbitrages. Les précédentes réunions qualifiées de marathoniennes, n'ont pas pu dégager une entente globale, étant donné que chacun des départements tente de tirer la couverture à son profit. Les arguments le disputent aux plaidoyers, chacun y va de ses priorités. Les Finances, font désormais, en cette année charnière, grincer les dents de plusieurs ministres. Et c'est l'opposition qui en fait son miel. Une aubaine : «Les ministres de la Communication, de l'Energie, de l'Agriculture, ainsi que des Collectivités locales ne cachent plus leur malaise», lit-on dans « Attajdid » du vendredi à dimanche du 14 au 16 octobre courant. Souvent on laisse de côté l'enveloppe, somme toute très significative, que l'argentier du royaume doit dégager pour financer l'INDH : 1 milliard de dhs pour commencer. Autres facteurs défavorables; au moment où aucune prestation à même d'alléger les incertitudes n'est en vue, les syndicats des secteurs de la Santé et de l'Enseignement montent au créneau. Des revendications sonnantes et trébuchantes sont à l'ordre du jour. Certains secteurs plus fragiles risquent, eux aussi, de se radicaliser encore davantage et suivre l'exemple. Pour un Maroc politique, rivé sur les échéances de 2007, l'année qui se pointe ne peut être «zappée».