Conjoncture économique nationale Les prévisions de croissance économique, de niveau d'inflation, … entre le ministère des Finances et de la privatisation et le Centre marocain de conjoncture (CMC) pour l'année 2006 divergent. Si le premier organisme table sur un taux de croissance et d'inflation respectivement de 5,4 % et 2 %, le second prévoit 4,9 % et 3 %. Analyse. Les analystes du Centre marocain de conjoncture (CMC) restent pessimistes quant la prévision de la croissance économique en 2005. Les professeurs Ahmed Laaboudi et M'hammed Tahraoui ont eu à animer le 14 septembre courant une conférence sur la situation économique et financière du Maroc et leur conclusion est sans appel. S'ils avaient misé au mois de mai dernier sur une croissance économique de 1,2 %, la donne a changé depuis lors. Aujourd'hui, la tendance est revue à la baisse. Ce qui est en nette rupture avec le cycle ascendant des croissances économiques enregistrées par le Maroc durant la période 2003 et 2004. Pour étayer leur analyse, les prévisionnistes du CMC pensent que le nouveau profil de la conjoncture économique est tourné vers trois éléments exogènes. Ils mettent en avant l'agriculture, la flambée du prix du pétrole et son impact sur l'économie nationale et l'évolution du commerce extérieur qui a connu certaines difficultés. "Ces perspectives se sont basées sur une trame d'hypothèses moyennement optimistes et ont été façonnées, du moins pour l'exercice 2005, par les précautions d'usage qu'imposent les incertitudes liées aux résultats de la campagne agricole 2004-2005", avancent les deux économistes du CMC. Et d'ajouter: "les vicissitudes du climat et plus particulièrement l'arrêt prolongé des précipitations au cours du début de l'année viennent de remettre en cause les prévisions initiales de croissance et les ont déviées vers le bas pour ne retenir qu'une modeste performance globale de l'économie. La croissance du Produit intérieur brut en termes réels ne devrait guère dépasser 1,2%”, au terme de cet exercice. Il y a une nette divergence avec Fathallah Oualalou qui continue de s'agripper sur 1,8 % de croissance en 2005. Et la différence d'appréciation ne s'arrête pas là. Divergence sur les chiffres Si le CMC prévoit pour l'année 2006 une croissance économique de 4,9 %, le ministre des Finances et de la privatisation, Fatallah Oualalou, a de son côté annoncé cette même semaine, 5,4 %. Cette différence de 0,5 point entre les deux prévisions s'expliquerait en partie par au moins trois faits majeurs. Au niveau de la flambée du prix du pétrole si l'argentier du royaume table sur un prix de brut de pétrole à 60 dollars US durant la période 2006, les analystes du CMC ont fait leur calcul sur la base d'un baril à 65 dollars. Le taux d'inflation à prévoir reste important entre les deux projections. Si Oualalou a parlé lors de sa conférence de presse d'un taux de 2 %, les travaux des économistes du CMC ont abouti à un taux d'inflation prévisionnel de 3 %. Or, le point de différence entre ces deux positions équivaut à la perte d'un point de croissance. Ce qui est énorme en termes de création d'emplois. "Sur la base de la consommation des produits pétroliers, on peut dire que la hausse des prix de 20 % conduit à une augmentation des coûts de la production de 1,2 % supplémentaire", indique M'hammed Tahraoui. Le fait d'anticiper les prix à la hausse par le fait de la flambée du prix du pétrole, cela aboutit à la création de l'inflation. Ce qui aura une incidence négative sur le coût de la vie et de la production. Mais pour les analystes du CMC, en dépit de cette conjoncture difficile, l'économie marocaine dispose des potentiels assez intéressants capables de limiter les dégâts. En cela, ils misent sur la santé relative des Finances publiques et la reprise que connaissent certaines activités. D'ailleurs, les deux positions se rejoignent sur les potentiels que recouvre l'économie marocaine. C'est cet espoir mesuré que chacune des parties a mis en avant pour défendre la croissance qu'elle a projetée pour 2006. Ainsi du secteur du bâtiment et des travaux publics qui enregistrerait un "dynamisme remarquable" grâce aux programmes à terme lancés par les pouvoirs publics et les projets prévus dans les branches liées au tourisme, au transport et aux télécommunications. À cet égard, le cas des phosphates est emblématique. "Les exportations de l'OCP représentent plus de 20 % des exportations totales. Cette performance intervient dans une mauvaise situation d'exportation", affirme M'hammed Tahraoui. Le secteur de la pêche continue aussi à bien se comporter. Ce sont ces efforts de restructuration lancés depuis quelques années qui pourraient permettre à l'économie marocaine de faire face à une pluviométrie le plus souvent en dents-de-scie et aux comportements de la conjoncture économique internationale. Mais pour profiter de cette situation, le Maroc doit se détacher des "croissances stériles qu'il a connues et continue de connaître”. Combien de fois, le pays a enregistré une croissance de plus de 6 % sans que celle –ci ne se traduise en créations d'emplois ? Pour ce faire, les analystes du CMC recommandent au pays d'investir dans la formation pour pouvoir répondre à la demande des entreprises.