7ème congrès de l'USFP À moins de deux ans des échéances électorales, l'USFP doit faire le bilan de sa participation au gouvernement depuis 1998. Pour un parti social-démocrate, 2007 est plus qu'une bataille, c'est un destin. Présentation. Quelques 2000 congressistes, dont 400 femmes, sont attendus ce week-end à Bouznika pour participer aux assises du 7ème congrès de l'USFP. Pour le premier secrétaire du parti, Mohamed Elyazghi "même si le congrès est ordinaire, il n'en demeure pas moins qu'il se tient dans une période extraordinaire". En clair : trente ans après la tenue du congrès extraordinaire, en janvier 1975, il n'est, paraît-il, que de revoir où en est le parti socialiste marocain et sa stratégie, à l'époque inédite, en matière de lutte démocratique ? Une chose est sûre : si les termes du "rapport doctrinal", une feuille de route qui fait le référentiel inébranlable depuis trois décennies, est à revoir, cela se ferait " tout en réaffirmant le positionnement " à gauche de l'union socialiste. Une manière de nourrir l'espoir, tout en s'attachant à l'idéal social. Autrement ? Il ne fait aucun doute que la transition démocratique que vit le pays, depuis la fin des années 90, conforte les socialistes dans leur stratégie de pas à pas. Le principal mouvement de gauche n'en est pas moins appelé à faire son aggiornamento intellectuel. Refonte Sur le plan des choix "idéologiques", un terme tombé en obsolescence depuis un certain temps, le congrès doit conclure une période de transformation en douceur entamée depuis 2001. À cette date, le sixième congrès, tenu à Casablanca, avait déjà fait l'esquisse d'une nouvelle vision de projet socialiste. Quel apport aura le 7ème donc ? Pour cet intellectuel et non moins dirigeant usfpéiste : "le 7ème congrès serait pour le parti ce qu'a été le congrès de Bad Godesberg, en 1959, pour la social-démocratie allemande". L'étape actuelle participe de la volonté, affichée certes, de rompre "avec toute référence au marxisme", de s'identifier comme parti social-démocrate, réformiste et acceptant, clairement et définitivement l'économie de marché. Une nouveauté à cet égard : une réflexion conjointe avec des penseurs allemands et français a marqué la phase préparatoire du congrès. La social-démocratie, en retient-on, est le rempart contre la dérive identitaire d'une part et la mondialisation aussi sauvage que discriminatoire, d'autre part. En témoigne le modèle européen. Ouverture La clarification idéologique à l'ordre du jour des assises n'a d'égale que l'ouverture de l'esprit et de la méthode au niveau organisationnel. Si les choix à cet égard sont déjà définis, les modalités de mise en œuvre restent à adopter, sinon à entériner à Bouznika. Déjà, le mode de préparation a annoncé la couleur en organisant des débats tant avec la base qu'avec les "autres croyants progressistes", avant de peaufiner la plate-forme du congrès. L'un des objectifs majeurs de ce choix en est sûrement la convergence des forces de gauche, même en forçant le destin. Mais, également donner l'image d'un parti "inébranlablement ouvert et démocratique". Le pari est de taille. L'image est aussi et surtout le capital confiance d'un parti. Pour l'USFP plus que pour d'autres. Un petit retour en arrière, le cas échéant, montre que le parti de feu Abderrahim Bouabid a lourdement pâti des scènes de dissensions et de dissidences qui ont émaillé son parcours. Plus jamais ça ? A en croire les signes avant-coureurs, l'élection des congressistes en premier lieu, les choses se dérouleront normalement. Sauf surprise majeure. Et il y en a eu une, ce ramadan 2004. À cette date, la cooptation d'Elyazghi, après la démission de l'ancien premier secrétaire du parti Abderrahmane Youssoufi, a tenu en haleine les militants du parti et les observateurs politiques. Certaines voix se sont élevées au sein du bureau politique pour "en finir avec la direction historique". Depuis lors, le leadership de Mohamed Elyazghi ne semble pas sujet à caution. D'autant plus que ce dernier a su gérer le parti depuis 2004, date de sa cooptation à la tête du parti, tout en tenant ses promesses : les jeunes et les femmes auront une forte présence au congrès. Enjeux De l'identitaire au politique, le congrès est surtout attendu sur la question de l'évaluation des 8 années de gouvernance. À moins de deux ans des échéances électorales, l'exercice est d'autant plus pertinent que le parti aura à défendre son bilan. Il est fort improbable que les assises, à mi-parcours de l'actuel mandat, changent la donne de fond en comble. L'expérience de l'exécutif, pour l'USFP, a ceci d'inédit qu'elle met le parti en face de son électorat d'une part, et le sens de la transition démocratique d'autre part. En d'autres termes : 2007, ce n'est pas une simple bataille électorale, c'est un destin qui se joue. Avec les pesanteurs du passé, les retards à rattraper et l'immensité des attentes, nourrir l'optimisme, aussi nécessaire soit-il, ne fait pas à lui seul la politique. D'où l'impérative évaluation, autant franche que chirurgicale, de la participation au gouvernement. Autre point à l'ordre du jour : la réforme constitutionnelle. Là-dessus, l'unanisme est sans faille et la priorité en la matière revient au respect rigoureux des dispositions constitutionnelles actuelles. Au point de nécessiter une révision ? Elyazghi est catégorique : "elle ne peut se faire qu'en accord avec S.M le Roi ", qui est " profondément convaincu du choix du projet démocratique ".