Importation du maïs Pourquoi les droits de douane sur le maïs sont-ils aussi élevés ? C'est la question à laquelle les provendiers aimeraient bien trouver une réponse et qu'ils ne cessent de poser aux autorités. En vain. Ils menacent de descendre dans la rue pour brandir leurs pancartes, afin d'expliquer aux consommateurs pourquoi le kilo de poulet est plus cher au Maroc qu'en France. “Un kilo de poulet à la ferme coûte environ 4 à 5 DH plus cher au Maroc qu'en France”. C'est la comparaison que fait d'emblée Youssef Alaoui, président de la Fédération interprofessionnelle du secteur avicole. Une manière de lancer le débat sur la levée des barrières douanières qui frappent l'importation du maïs. Selon le jeune président de la FISA, la tonne de maïs achetée sur les marchés de matières premières à 105 dollars peut revenir à 170 DH, du fait des multiples taxes dont les professionnels du secteur doivent s'acquitter. Ces coûts élevés se répercutent sur la production de viande blanche, l'alimentation de la volaille étant composée à 70% de maïs. De sorte qu'aujourd'hui, le Maroc est le troisième pays le plus cher en termes de production de poulet. “Pourquoi le Maroc protège-t-il un secteur où il n'a pratiquement pas d'intérêt ?”, s'interroge Youssef Alaoui. Quelle cohérence cherche-t-on à préserver en protégeant la production de maïs, réputée pour sa trop forte consommation en eau, alors que le Maroc souffre d'un énorme déficit en or bleu? Youssef Alaoui s'interroge sur la pression exercée par quelques producteurs. S'il s'agit de protéger un secteur, en effet, le lobbysme est la seule réponse valable à ses interrogations. Car la production locale ne couvre même pas le dixième des besoins du marché national concernant ce bien, qui est logé à la même enseigne que le blé. «Le maïs local ne correspond qu'à 4 ou 5% des besoins du marché», affirme Youssef Alaoui. Certes, le maïs peut fournir un apport alimentaire semblable à celui du blé. “Mais de là à lui donner le même statut que le blé, c'est trop en faire”, estime-t-il. Cependant, en poussant l'analyse, on se rend compte que le problème est plus lié à des recettes budgétaires qu'à la simple protection d'un secteur quasiment inexistant. En effet, l'essentiel des taxes acquittées par les provendiers sert à financer le Fonds de développement agricole que gère le ministère de tutelle. Si l'on venait à les supprimer, il faudrait, qu'Ismail Alaoui, le ministre de l'Agriculture, convainque son homologue des Finances de la nécessité d'un éventuel décaissement sur les autres recettes du Trésor public. Et une telle opération ne semble pas être du goût de l'argentier du pays, Fathallah Oualalou. En l'absence de solution concrète, le département de l'agriculture se contente d'un statu quo. Selon Youssef Alaoui, on ne compte plus le nombre de commissions et d'études qui ont été commanditées au sujet du maïs. Des commissions qui ont eu comme unique suite d'autres rencontres et études, sans aboutir sur des mesures concrètes. Ismaïl Alaoui, interpellé par “La Gazette du Maroc” , a répondu que le maïs continuerait à avoir le même statut que toutes les autres céréales. Il admet que “l'industrie provendière marocaine fonctionne au-dessous de sa capacité” et affirme qu'il y a donc “un pas important à franchir et qu'il le sera”. Le sorgho, une céréale proche du mil, et le manioc, une tubercule, seront détaxés pour permettre une production à de meilleures conditions de coûts que le maïs. Cependant cette solution ne semble pas convenir à Youssef Alaoui, président de la FISA. Selon cet industriel, “les apports ne seront pas les mêmes que pour le maïs et on risque d'avoir des problèmes d'approvisionnement, car le sorgho et le manioc ne sont produits que dans très peu de pays”. Il s'agit là d'un dialogue de sourds. Et si la situation perdure, les aviculteurs et autres professionnels du secteur menacent de descendre dans la rue. Ils comptent bien obtenir une réponse avant les prochaines élections.