Kofi Annan demande une nouvelle prorogation du mandat de la MINURSO Entre novembre 2004 et novembre 2005, la question du Sahara aura continué à faire du surplace dans les couloirs du Conseil de sécurité de l'ONU. La reconduction prévisible du mandat pour six mois de la Minurso au Sahara, marque l'extrême embarras dans lequel se trouve la communauté internationale. Adieu le référendum d'autodétermination des populations du Sahara occidental, adieu le plan Baker sous ses multiples facettes ,dont la dernière avait été intégralement acceptée par le Polisario et l'Algérie et énergiquement rejetée par le Maroc, toutes autorités et tendances confondues. Comme il fallait bien s'y attendre, le Secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, se rendant depuis longtemps compte de l'impasse dans laquelle se trouve ce dossier, n'avait cette fois d'autre issues que de demander, et dès le 20 avril courant ,une nouvelle prorogation pour six mois du mandat de la Mission des Nations Unies au Sahara (Minurso) , qui expire le 30 avril. Demande qu'il a motivée par son souhait"de pouvoir tirer profit des rapprochements qui s'opèrent dans la région tout au long des dernières semaines, et qui sont susceptibles", selon lui "de faire avancer le processus de recherche d'une solution définitive et mutuellement acceptable de l'affaire du Sahara". Allusion on ne peut plus claire aux mutations que connaissent les relations entre Rabat et Alger, notamment après le sommet Bouteflika-Mohammed VI à Alger en marge du dernier sommet arabe, puis la décision algérienne de lever le visa pour les citoyens marocains ou encore la perspective de l'ouverture des frontières terrestres entre les deux pays. Dans son rapport présenté mercredi devant le Conseil de sécurité, Annan s'est toutefois déclaré préoccupé par la déclaration du Polisario selon laquelle "une reprise des armes était peut-être plus proche que jamais". La nouvelle prorogation serait-elle la dernière ? Si la demande de Annan est acceptée, ce sera la troisième fois consécutive que le mandat de la Minurso est reconduit pour six mois, preuve de l'extrême embarras dans lequel se trouve la communauté internationale, depuis l'appel lancé au Maroc, à l'Algérie et au Polisario pour des négociations directes pour trouver une solution politique, mutuellement acceptable, dans le cadre de la souveraineté marocaine. En novembre 2005, soit à quelques mois de la fin du mandat de l'Algérie en tant que membre de l'actuel Conseil de sécurité, il serait passé exactement 18 mois de réflexion sérieuse depuis le dernier blocage suscité par l'échec de l'option Baker. Mais le dossier était resté , et depuis longtemps, pratiquement au point mort sans qu'aucune avancée significative ne soit perceptible, si l'on excepte quelques mesures de confiance tels les échanges de visites familiales sous les auspices du Haut commissariat pour les réfugiés (HCR) ou encore la libération par le Polisario d'un nouveau contingent de détenus marocains dans les camps de Tindouf. Signe des temps, le représentant du Maroc à l'ONU, Mohamed Bennouna a sensiblement remanié son discours. Après avoir demandé solennellement, il y a six mois , l'ouverture de négociations directes avec l'Algérie, "premier pays concerné", martela-t-il, pour trouver une solution à la question, il s'est contenté cette fois de dire que le Maroc était disposé à négocier avec "toutes les parties concernées par l'affaire du Sahara”. Autrement dit, Algérie et Polisario à la fois , si cela pourrait faire avancer les choses , et indirectement , pourquoi pas l'Espagne, l ‘ex- puissance coloniale, la France ou les USA , amis des deux parties, et tout autre pays qui pourrait aider à rapprocher et à débloquer une situation qui n'a que trop duré. Un déblocage qui se traduirait par la libération des 400 prisonniers marocains encore détenus à Tindouf, comme l'a souligné Kofi Annan dans son dernier rapport. Et qui, à terme, devrait conduire au démantèlement des camps de réfugiés de Tindouf , et le retour librement consenti au Maroc, des milliers de citoyens authentiquement sahraouis encore séquestrés ,qui continuent de souffrir le martyre dans les camps de Lahmada. Le silence de la diplomatie algérienne De l'autre côté , on remarquera aussi que l'Algérie, membre du Conseil de sécurité pour la deuxième année consécutive , ne s'est manifestée par aucune déclaration tonitruante. Au même titre que la direction du Polisario.,. hormis ses menaces d'il y a quelques semaines de "reprendre les armes au cas d'un nouvel échec du plan Baker". L'heure est à la retenue d'un côté comme de l'autre, après cette véritable année blanche du dossier du Sahara à l'ONU . Année passée dans d'intenses tractations dont les résultats restent insignifiants. Le fait que le rapport de Kofi Annan ait souligné et avec force, que les rapprochements maroco–algériens étaient un facteur d'optimisme , est en lui-même un aveu accablant pour le régime algérien qui s'est toujours contenté de se positionner dans une vilaine neutralité . De même que le soutien apporté à cette résolution par l'ensemble des quinze membres du Conseil de sécurité administre la preuve de la volonté de la communauté internationale de donner une nouvelle chance à ce rapprochement et d'espérer à ce qu'il puisse déboucher sur la solution politique tant attendue. Attendre et voir Il reste maintenant à voir comment les choses vont elles évoluer dans les semaines et les mois qui viennent ? Comment se comporteront les principales capitales intéressées ? Madrid , Paris , Washington et surtout Alger. Comment agiront tous ces pays pour convaincre les uns et les autres de l'inéluctabilité de l'option préconisée par le Maroc et qui reste la seule crédible pour résoudre la question et permettre au train du Grand Maghreb de démarrer enfin. Si au Maroc , il n'y a de solution à cette affaire que dans le cadre de l'autonomie dans la Souveraineté marocaine, il est de notoriété publique que seul un pays comme l' Algérie peut peser de tout son poids et influer pour faire accepter une orientation fondée sur la nécessaire réconciliation entre le Maroc et ses fils sahraouis. Mais avec la diplomatie algérienne pratiquée depuis voilà 40 ans , on n'est jamais sûr de rien...