Premières assises nationales Deux concepts-clés émergent des débats de la première session du Conseil supérieur pour la sauvegarde et l'exploitation du patrimoine halieutique (CSSEPH). Autre credo : substituer à la culture rentière celle de l'investissement et de la valorisation. Lors de la conférence de presse qu'il a donnée le mardi 21 mai, Saïd Chbaatou a mesuré le chemin parcouru, que consacre la tenue des premières assises nationales sur la pêche. L'objectif des travaux du Conseil supérieur des 28 et 29 mai est de dégager des résolutions consensuelles aptes à remédier à tous les problèmes qui touchent le patrimoine halieutique. Ceci, en sortant de l'espace étroit pouvoirs publics-professionnels pour mobiliser la collectivité nationale autour des quatre axes majeurs de la nouvelle politique de la filière : protection des ressources, valorisation de la production, rentabilisation des investissements et protection sociale. «Nous sommes pour la justice sociale» Le ministre a défendu bec et ongles sa théorie fétiche de la valeur appliquée au secteur. Théorème vérifié : si on réduit l'offre de 20%, les prix sont valorisés à 35%. Les fameux plans d'aménagement ont été concrétisés après de rudes batailles en raison de lobbies hostiles : «les intérêts ne convergent pas toujours dans le sens de la collectivité nationale», a expliqué le ministre. Et d'ajouter aussitôt : «sans plans d'aménagement pour la pêche hauturière, on en a pour une année, pas plus». Le consensus est sur la bonne voie, puisque 92% des professionnels acceptent le dialogue social, ce qui a fait dire au politique que «la raison a fini par l'emporter sur les intérêts. Nous sommes pour la justice sociale». Le décret du 4 mai 2000 de la primature, qui attribue au CSSEPH un caractère consultatif, lui donne pour missions de fournir les orientations et recommandations inhérentes à l'exploitation rationnelle et à la sauvegarde des ressources halieutiques, au développement durable du secteur ainsi qu'à la protection de l'écosystème. Le Conseil comprend, outre les composantes ministérielles intéressées, des représentants de la Marine et de la Gendarmerie royales, les présidents des conseils régionaux, des recteurs universitaires, des députés, des conseillers élus des zones côtières, les Chambres des pêches maritimes, ainsi que des représentants des associations professionnelles des armateurs et des industries de transformation des produits de la mer… Les instances principales du Conseil sont le Comité de suivi, les comités sectoriels et les conseils régionaux. Les travaux du forum s'articuleront autour du thème suivant : «vers un nouveau mode de gouvernance du patrimoine halieutique par et pour la collectivité nationale». En débattront tous les intervenants et personnes concernées : Administration, élus, chambres des pêches maritimes, associations professionnelles, experts nationaux et internationaux… «Cette récente institution permettra aux pouvoirs publics de procéder constamment à des consultations pertinentes auprès de toutes les institutions publiques, privées et scientifiques susceptibles d'enrichir la réflexion en la matière», précise le communiqué officiel. Trois ateliers sont au menu de la session. Le premier s'intéressera aux conditions d'aménagement des pêcheries dans la perspective d'une exploitation durable et rentable. Le second est lié à la protection des écosystèmes. Enfin, le troisième atelier traitera de la valorisation des ressources pour contribuer durablement à la sécurité alimentaire. Au point de presse, le ministre a expliqué la flambée des prix, en dépit de l'accroissement des productions depuis le départ de la flotte européenne, par l'accroissement démographique (500.000 naissances annuelles) et la multitude des intermédiaires entre le port et le consommateur. D'accord, mais pourquoi ne pas augmenter les quotas et décider qu'une partie doit obligatoirement être commercialisée localement pour en faire bénéficier la collectivité nationale? Et puis, n'y a-t-il pas, entre le libéralisme prôné et la fixation du prix des pélagiques, une contradiction qui pourrait apparaître contraire à la logique de régulation des prix par le jeu de l'offre et de la demande? Quant aux licences, elles seront dorénavant délivrées sous la condition impérative de commercialiser les captures à l'intérieur du pays.