Pr. Wajih Maâzouzi Le professeur Wajih Maâzouzi, valeur sûre de la science médicale et talent incontesté de la top chirurgie cardiovasculaire, a fait de la prévention son “cheval de Troie”. Lui qui apprécie les sagesses mythologiques en capitalisant, à défaut d'une ”Panacée“ guérissant tous les maux, sur “Hygie” , protectrice de la santé. L'argumentaire exhaustif de notre sommité nationale a déclenché les applaudissements nourris dans la salle comble, ce vendredi 14 janvier, du complexe culturel d'Anfa. Du grand art étalé par un orateur en verve qui a disséqué le thème : “Voyage au bout de l'extrême, de la prévention au cœur artificiel”. Le champion donnant la chasse implacable aux pathologies cardiovasculaires est d'abord et avant tout un homme au grand… “cœur”. Un “little big man” de la science médicale moderne, petit par la taille, immense par son talent et singulier par son génie innovant et perfectible. “La finalité de la prévention est de protéger et de promouvoir la santé humaine”, un leitmotiv coriace qui ne le lâchera plus sur toute l'étendue de son parcours remarquable dans l'exercice de la profession et la recherche scientifique appliquée. Philosophe humaniste, le praticien du bistouri se double d'un talentueux écrivain à la prose accomplie nourrie à une âme poétesse, en témoigne son dernier ouvrage intitulé “Hygie ou le livre de la prévention”. Une œuvre volumineuse apparentée à une production encyclopédique à travers laquelle le Directeur du CHU Ibn Sina et chef du service de chirurgie cardiovasculaire a voulu “offrir un voyage, une vie en un jour sur le long fleuve tranquille, de l'aube claire jusqu'à la fin du jour”. Un as de l'ingénierie médicale nationale Les instigateurs de la rencontre, animateurs de l'Association Carrières Centrales dont le professeur est membre d'honneur, ont eu mille fois raison de se frotter les mains de pareille initiative réussissant à drainer le grand monde de la capitale économique du Royaume, les yeux et les oreilles rivées sur le pupitre où excellait dans son art le lauréat du Prix de médecine du Président de la république tunisienne. En effet, ils n'avaient de compliments que pour ce “géant” de la science médicale qui a piloté l'équipe projet multidisciplinaire mettant au point “le premier cœur artificiel marocain”. Du travail appliqué et persévérant de ces ingénieurs mécaniciens, électroniciens, physiciens biomédicaux, informaticiens logistiques, et autres anesthésistes réanimateurs, vétérinaires et experts en usinage, prototypage, bâtiment et traitement de surface, conduits par Maâzouzi, le système OCPAV 1, une pompe cardiaque totalement implantable. Avec le coup de pouce du groupe OCP, qui a flairé judicieusement la bonne piste en finançant cette extraordinaire prouesse scientifique de notre pur cru. Le Professeur a ainsi conquis des avancées cruciales dans les développements en cours des recherches de la troisième génération de cœur artificiel. Une étape décisive franchie par le “creuset d'innovation” de l'équipe projet de Maâzouzi produisant des “systèmes totalement fiables” garantissant une espérance de vie supplémentaire de 10 à 15 ans. Le challenge restant à remporter, pour un succès sur toute la ligne, consiste à réussir la substitution définitive du cœur naturel par la prothèse, actuellement temporaire, en rendant son “implantabilité” biocompatible “en prenant entièrement en charge la fonction des deux ventricules, à savoir d'oxygénation du sang et son écoulement vers les poumons et le reste du corps”, explique le Professeur. Décomplexer la R&D marocaine Et ce n'est pas aussi simple que cela pourrait sembler. Sachez seulement que pour reprendre un des pionniers mondiaux de la chirurgie cardiovasculaire, le Docteur Sherman, “la roue du cœur n'a que deux ou trois centimètres et suit une ligne droite, mais il a fallu 2400 ans à la chirurgie pour la parcourir”. Au-delà du caractère spectaculaire de la “trouvaille maâzouzienne”, qui a propulsé le Maroc dans le top 10 planétaire en la matière, c'est surtout la philosophie de la vie que s'attache à inculquer notre docteur en droit (eh oui, il n'est pas que médecin) à l'humanité. En effet, cet appareil d'assistance cardiaque ne peut que susciter l'espoir de préserver la vie à de nombreux patients. “C'est l'une des voies thérapeutiques la plus prometteuse actuellement puisque le cœur artificiel est indiqué à toute personne ayant une défaillance cardiovasculaire terminale ne pouvant bénéficier à temps d'une greffe et, particulièrement, les personnes nécessitant une assistance limitée dans le temps de 1 à 3 mois, surtout celles souffrant de cardiopathies virales aiguës mais réversibles”, précise Maâzouzi. En prouvant, ce faisant, en attendant de probants développements ultérieurs, que le potentiel de matière grise at home existe bel et bien et ne demande qu'à s'exprimer et être encouragé pour promouvoir une recherche scientifique “sans complexe et sans frontières”.En choisissant bien ses mots, le professeur a montré la capacité des chercheurs des pays émergents à “instituer eux-mêmes un nouveau concept” sans trop espérer grand chose des pouvoirs publics. Convaincu que “l'immortalité n'est pas de ce monde” et que “nous commençons à vieillir dès la naissance”, Wajih Maâzouzi reste néanmoins optimiste sur les chances d'allonger l'espérance de vie des patients qui sont déjà condamnés au diagnostic d'une défaillance cardiaque terminale.