Les entreprises marocaines : mauvais payeurs ? Quelles meilleures pratiques en gestion et recouvrement des créances en souffrances ? Le thème a fait débat entre experts de Bank Al-Maghrib, de la Société financière internationale (institution du groupe de la Banque mondiale), des cabinets Ernest & Young et CSC, Paris & Capital Consulting, Casablanca et des responsables de service recouvrement de banques marocaines. C'était vendredi 1er octobre 2004 à la salle des conférences du Centre de formation de Bank Al-Maghrib à Rabat. L'heure était d'abord aux constats. Premièrement, les banques dans le monde ont longtemps considéré le recouvrement comme une activité “annexe” à leurs métiers de base. Deuxièmement, dans la plupart des pays industrialisés, les départements de recouvrement et contentieux des banques sont depuis une à deux décennies considérés comme des centres de profits à part entière. Troisièmement, l'évolution de ce phénomène au Maroc est, selon l'avis unanime des experts de la question, très récente du fait de l'aggravation des créances douteuses (qui dateraient de 1998); la réduction des marges d'intermédiation qui grève la profitabilité des institutions financières. Les Accords de Bâle qui jettent un éclairage particulier sur la “Perte en cas de défaut”, ont fourni un cadre réglementaire et des ratios plus pertinents. Si dans les pays développés, la question de la gestion et du recouvrement des créances en souffrance est presque entièrement maîtrisée, du fait de l'évolution des outils de gestion et des stratégies d'extermination, au Maroc le débat est à peine posé. Peut-on d'ailleurs parler de débat? Le montant estimé des créances en souffrance combinées aux agios est estimé à près de 5O milliards dh. Difficile de dire qui sont ces mauvais payeurs. Tenez, le patron de la Fédération PME-PMI, Mohamed Kassal, est catégorique :”le cumul des crédits en souffrance à attribuer aux PME ne dépasse guère les 7 milliards”. Où sont passés alors les plus de 4O milliards restants? Dans les coulisses de la banque centrale, on parle de 10 grosses entreprises sans pour autant se risquer à les fâcher, en évitant savamment de les nommer. Fallait-il l'initiative de Bank Al-Maghrib et de la SFI pour lancer publiquement le débat sur les meilleures pratiques en gestion du risque et de recouvrement des créances en souffrance pour se rendre compte que l'information financière (devenue obligatoire depuis l'avènement de la nouvelle loi sur les sociétés anonymes) est encore loin de donner l'effet escompté. La forme juridique la plus prisée est la SARL et la transparence laisse à désirer au niveau des entreprises. Bien que toutes les banques marocaines pâtissent de ce phénomène de créances en souffrance, elles continuent à parler de maîtrise des créances. Les différents intervenants ont été unanimes sur l'importance des bases de données clients, soutenues par un système d'information permettant plus de réactivité, de repères et d'indicateurs périodiques sur les créances, pour juguler les risques. Amen.