Dar Bellarj Depuis sa création, en fin novembre 1999, cet ancien fondouk qui abritait le dernier hôpital des oiseaux en Afrique du Nord a choisi de promouvoir la culture vivante ainsi que toutes les formes artistiques authentiques et aussi sensibiliser les populations locales à la culture et l'acte culturel. “Il s'agit pour nous de rendre accessible l'art et la culture à une catégorie sociale qui jusque-là n'a jamais pu ou osé franchir le seuil d'un musée, d'un théâtre ou d'un opéra”, souligne Susanna Biedermann Alioth, la fondatrice de cette maison. Le mot est dit: “accessibilité”. Car pour des raisons économiques, sociales ou idéologiques, une grande partie de la population marocaine ignore tout simplement l'acte culturel. L'art, ces “gens là” ne le connaissent pas ! Ils ne le comprennent pas ! L'art est pour eux un “truc” tout à fait étranger ! Il n'est pas à leur portée... Certes, nul ne peut contester le poids et la force de ces contraintes économiques et sociales, mais étant intimement et définitivement convaincues qu'elles sont les seules ? N'existe-t-il pas d'autres obstacles qui entravent la rencontre entre l'art et le “peuple” ? L'expérience de la fondation Dar Bellarj est très édifiante à cet égard. Elisant domicile au cœur de la vieille médina de Marrakech, elle dispense, depuis 4 ans, des cours d'arts plastiques et de musique aux d'enfants des quartiers avoisinants dont la majorité des habitants est loin d'être nantie. “L'idée est d'initier les enfants de ces quartiers à la peinture et à la musique. L'objectif étant de les familiariser avec ces deux figures d'art. Mais ce que nous trouvons génial, c'est l'effet de ces cours sur les parents de ces enfants. Ainsi, accompagnés de leurs petits, des mamans et des papas viennent regarder des expositions de peinture et assister à des concerts de musique”, explique Mme Biedermann qui essaie de trouver des “passerelles” entre le “peuple” et l'art. C'est avec cette même motivation que cette “passeuse” est en train de monter une série de trois expositions d'art contemporain que sa fondation s'apprête à accueillir. La première sera consacrée à Najia Mehadji, peintre marocaine née en France, sur le thème “Floral - Série Grenade”, et ce du 29 septembre au 11 décembre 2004, et dont le vernissage aura lieu mardi 28 septembre à 18h. La deuxième et la troisième expositions seront respectivement signées par Abderrahim Yamou et Anne Tastemain. “Notre objectif n'est pas de vendre les œuvres de ces trois artistes. Ce n'est pas là notre vocation. Nous voulons plutôt offrir à notre public l'opportunité d'apprécier et surtout de comprendre trois écoles picturales différentes pour lui permettre ainsi de se familiariser avec l'art contemporain”, souligne Susanna Biedermann qui est religieusement convaincue qu'on peut combattre les exclusions et les exils artistiques qui frappent une grande partie de Marocains. T.C