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L'Appel de l'espoir
Publié dans La Gazette du Maroc le 26 - 07 - 2004


Affaire Gaouar-Berrada
L'expertise de l'espoir a accouché d'une mauvaise surprise pour les Gaouar dans l'affaire les opposant à Omar Berrada et par voie de ricochet à Kraft Food Maroc. La Cour d'Appel du Commerce se saisit du dossier ce lundi 20 septembre. Dans les chroniques judiciaires du Royaume, rare une affaire a tenu l'opinion publique autant en haleine.
Le rapport des experts ne sera pas finalement l'épilogue de ce qui est connue, pour l'opinion publique, comme l'affaire Gaouar. Il risque même de rallonger ce conflit qui dure depuis bientôt dix ans. Si les parties ont déjà découvert et commenté, chacune à sa façon, les conclusions des experts, Mohamed Krimi (expert comptable) et Mohamed Siba (expert en matière commerciale) elles devront, particulièrement les Gaouar, scruter le visage des juges ce 20 septembre lors d'une audience programmée. Les deux experts se sont tout simplement déclarés incapables de quantifier le dommage subi par la famille Gaouar ! Flash back.
L'histoire commence en Algérie, dans la petite localité de Tlemcen. Là bas, les Gaouar sont torréfacteurs de père en fils. Un des leurs, Mustapha, épris de voyage, s'installe au Maroc au gré d'un retour de France vers l'Algérie occupée. D'Oujda, il aide à la résistance et profite de la vacance de la concurrence pour développer le business familial. Comme tous les commerçants de l'époque, Mustapha voit dans la ville de Casablanca, le futur. Lorsque commenceront les années 1970, il vit déjà une success story et fait partie de la jet set casablancaise. Parmi ses fréquentations, on trouve Saâd Kettani, l'aîné des fils de Moulay Ali, le général Driss Benomar, les descendants exilés de Abdelkrim El Khattabi, le résistant rifain et un certain Omar Berrada, jeune expert comptable.
Prison collective
Le malheur s'est abattu sur Haj Mustapha à un moment inattendu. Frappé d'une crise de diabète, sans doute amplifiée par un mauvais diagnostic des médecins, il voit son moral dépérir plus que ses forces. La gestion des cafés Ennasr, une des cinquante plus grandes entreprises africaines de l'époque, se révèle d'autant plus difficile que le moral n'y est plus vraiment. Il prend alors l'initiative de céder la moitié de sa fabrique à deux de ses amis, Saâd Kettani et Omar Berrada. Au bout de deux années, Kettani cède sa part à Berrada qui se re-trouve sur le même pied d'égalité que Gaouar. La cohabitation se révèle pénible. Gaouar, absent, Berrada dispose de la société qui y perd des plumes. Aujourd'hui encore, les exercices déficitaires de l'époque sont exhibés comme preuves pour dérouter les requêtes de la famille Gaouar. “Mais ce que l'on oublie, c'est qu'avant l'entrée en lice de cet associé, les cafés Ennasr étaient un des fleurons de l'industrie locale, toutes branches confondues”, rétorque sans cesse Farid, le cadet des héritiers de Mustapha Gaouar, décédé des suites d'une crise cardiaque il y a moins d'une année. Bref, en 1983, Haj Mustapha défie les avis des médecins, renoue avec son mode de vie d'antan et recouvre “par miracle la santé”, comme il se plaisait à dire. Ressaisi, il pense se sortir d'affaires en proposant à son associé un deal : il sort des cafés Ennasr à la condition que Berrada s'engage à passer commande à une société Promocaf, l'entité import des Gaouar, pour ses besoins en café vert et ce au meilleur prix du marché. En contrepartie, Haj Mustapha s'interdisait, dans une clause manifestement léonine, l'exercice de la torréfaction de café. Ce qui devait être une sortie de crise en 1983 se révéla un piège.
Omar Berrada qui n'a pas passé commande à Gaouar durant deux années, ce dernier rétorque en montant une unité de torréfaction. Les tribunaux, eux, ont été plutôt d'avis pour envoyer toute la famille algérienne en prison pour avoir “violé son engagement”. Aujourd'hui encore, le passage à tabac des Gaouar en janvier 1986 reste le point le plus obscur du dossier. Les faits rapportés dans les attendus des différents jugements ont toujours passé cette période sous silence. Idem pour le dernier rapport d'expertise (voir encadré). Cependant, on sait que durant la période d'incarcération, la famille a “signé” un contrat dans lequel elle renonce, encore une fois, à vie à la torréfaction. En 1998, Haj Mustapha, sous l'impulsion de son fils Farid, reprend le chemin des tribunaux et fait sauter au passage son interdiction de torréfier grâce à un heureux arbitrage de Saâd El Khattabi, l'aîné des fils de Abdelkrim. L'engagement est considéré comme “immoral, violant les principes les plus élémentaires des droits de l'Homme, et contraire à la loi puisque non circonscrit dans le temps et dans l'espace”.
Espoir et désespoirs
Presque immédiatement, la famille entame des procès à la pelle. Il y a le nom spolié de la famille à récupérer, le manque à gagner à cause de l'obligation d'approvisionnement jamais honorée par Berrada, les dommages moraux pour les deux semaines passées en taule injustement, le manque à gagner pour l'interdiction de torréfier durant près de 12 ans... et pourquoi pas récupérer l'affaire familiale, les cafés Ennasr, vendus entre temps à la firme américaine Kraft Food pour la bagatelle de 300 millions de dirhams. Le 26 juin 2003, dans une première judiciaire, les juges du tribunal de commerce de Casablanca ont admis que les Gaouar ont subi un dommage. Il ne s'agissait nullement de discuter son existence mais d'en évaluer la valeur. C'était la mission confiée de manière explicite aux experts : “Il s'agit de déterminer le dommage couvrant la période durant laquelle la famille Gaouar a été privée de torréfier le café”! Ordre leur a aussi été donné de consulter les livres comptables de Kraft Food pour mener à bien leur mission. Résultat : le 15 avril 2004, c'est la déroute totale. Aucune réponse. “Les documents de Kraft n'ont jamais été transmis aux Gaouar et le dommage a tout simplement disparu”, commente stupéfait Farid Gaouar. Si les experts se sont écartés de leur mission, les juges étaient en droit de la leur rappeler et de confier la consultation à d'autres personnes. Cela n'a pas été le cas et il semble bien que le tribunal de commerce ait retenu les conclusions du duo Krimi et Siba alors même qu'ils remettent en cause l'existence du dommage, donc de leur décision.
Devant la stupéfaction générale, l'audience a tourné court et l'affaire reprend en appel ce 20 septembre. Certes, la bataille n'est pas encore perdu expliquait Farid Gaouar alors endurci par plus de dix années de procédures judiciaires, mais le ton de sa voix ne trompait pas. Malgré une multitude d'autres procès en parallèle, il y a de fortes chances pour que son rêve de rendre justice à sa famille soit brisé. Mais l'appel ne fait que commencer.


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