Mohamed Alouah “Ces dix mois passés en prison m'ont permis d'effectuer un retour sur moi-même et sur mes positions politiques. J'étais complètement isolé, ce qui m'a permis de réfléchir longuement”. Mohamed Alouah, le président du Parti libéral réformateur (PLR), vient de purger dix mois de prison pour avoir créé le front pour la libération de l'Algérie marocaine. On en avait parlé ici même, en temps (et ton) convenu. A lire ses propos, recueillis par le quotidien Aujourd'hui le Maroc, au début au moins, on croirait que le bonhomme a mis de l'eau dans son vin. Cela aurait fait beaucoup d'heureux. Le juge qui l'avait condamné en premier lieu : ne l'a-t-il pas mis au frais pour “un retour sur soi” et une “longue réflexion” ? On avait tort, Alouah est resté égal à lui-même. Mêmes retrouvailles. Persistance donc ? Hélas, oui. Classique serait-on tenté de dire. Il a déjà fait les mêmes écarts. Rien n'a changé donc. Pourtant, tout a changé : il nous sert les mêmes refrains, qui, après dix mois derrière les barreaux, n'ont pas pris de rides. L'histoire, qu'il “n'est pas exclu (qu'il) écrive un livre pour la raconter”, remonte au jour où M. Alouah avait demandé le “soulèvement des Marocains de l'Algérie”. Il avait même monté un “front” pour les libérer : ce qui, après procès, lui a coûté 10 ans fermes. Au début, au moins. La peine a été réduite par la suite. Elle n'en demeure pas moins suffisante pour bien réfléchir. Alouah a donc révisé ses opinions ? Que nenni. Il a sans doute revu ses manuels d'histoire et de politique ? On est loin de la vérité. Alouah, au contraire, a de la suite dans les idées. “Je peux vous assurer que je n'ai pas changé d'un iota. Je demeure convaincu de mes options politiques et de l'attitude envers l'Algérie”. En clair ? “Je continuerais à défendre les intérêts des Algériens d'origine marocaine ainsi qu'à revendiquer purement et simplement les territoires marocains occupés par l'Algérie”. Des chiffres ? Bien sûr, qu'il y en a : les territoires, nous rappelle M. Alouah, “s'étendent sur 900.000 km2 et englobent 11 millions de personnes”. Rien de moins... ! Quelqu'un disait que lorsqu'on ne pense pas à ce que l'on dit, on dit souvent ce que l'on pense ! Effectivement, au journaliste qui lui a fait la remarque qu'il est en train de prendre la place de l'Etat, Alouah enfonce encore plus le bouchon... “L'Etat seul ne peut pas tout régler”. A eux deux, l'Etat et Monsieur Alouah, peuvent faire bouger les choses ! Décidément, le président du PLR n'a pas froid aux yeux. La modestie n'est pas son fort non plus. “L'Etat a ses raisons que la raison ignore” comprenez : je suis la... raison. Ensuite : “J'ai été un bouc émissaire, je n'ai pas été utilisé à bon escient”. En décodé : L'Etat ne manque pas que de raison, mais il manque aussi de pragmatisme. Le comble : “J'ai la ferme intention de demander l'asile... politique ailleurs”. Alouah aurait sans doute raté une bonne occasion pour se taire. Le plus pénible pour lui, cependant, c'est “ rater “ l'occasion d'être utilisé par l'Etat pour réaliser ses chimériques rêves. Farfelu et risibles, Alouah n'arrive pas à encaisser. Il ne se le pardonne pas. Juré. La prison, parait-il, est pour la bêtise ce que la mode est pour le plaisir : la meilleure manière pour se renouveler ! Toutefois, s'il est une bêtise parmi les plus drôles à méditer, c'est bien ce qui se passe dans la tête d'un vieux bagnard. Surtout quand on reste figé devant un mur entouré “de plus de 800 islamistes”!. Avouer qu'on a eu tort, disait Jonathan Swift, c'est prouver modestement qu'on est devenu plus raisonnable. M. Alouah ne l'entend pas de cette oreille-là. Il ne l'entend même pas.