Mohamed Alouah, président du Parti Libéral Réformateur (PLR), a été libéré le 9 septembre. Les menaces proférées par l'intéressé à l'encontre de l'Algérie au nom du Front de libération de l'Algérie marocaine (FLAM) lui avaient valu la prison. Aujourd'hui, il espère une réhabilitation, sinon c'est la voie de l'exil qu'il choisira. Entretien. ALM : Vous venez de terminer vos dix mois de prison fermes, passés dans le pénitencier de Salé. Comment avez-vous vécu cette peine? Mohamed Alouah : Ces dix mois passés en prison m'ont permis d'effectuer un retour sur moi-même et sur mes positions politiques. J'étais complètement isolé, ce qui m'a permis de réfléchir longuement. Comment s'est déroulé le procès? En première instance, j'avais écopé de 10 ans fermes pour constitution d'un bande terroriste. En revanche, en appel, ma peine a été réduite à dix mois. En tout cas, il n'est pas exclu que j'écrive un livre pour raconter toute l'histoire. Quelles étaient vos conditions d'incarcération? Je n'avais droit ni aux visites des amis et de la famille, ni à la lecture des journaux. J'étais carrément coupé du monde. Mes droits constitutionnels, les plus élémentaires étaient quotidiennement bafoués. Je me trouvais dans un pavillon où 700 à 800 islamistes étaient détenus. J'étais le seul détenu politique parmi eux. Avez-vous été influencé par les thèses islamistes? Je suis un musulman pratiquant. J'ai baigné dans la culture occidentale. Je peux difficilement sombrer dans l'obscurantisme. Qu'est-ce qui a changé en vous alors? Enormément de choses, il n'y a pas de doute. Mais concernant la raison de mon incarcération, je peux vous assurer que je n'ai pas changé d'un iota. Je demeure convaincu de mes options politiques et de l'attitude envers l'Algérie. En clair, je continuerais à défendre les intérêts des Algériens d'origine marocaine ainsi qu'à revendiquer purement et simplement les territoires marocains occupés par l'Algérie, qui s'étendent sur 900.000 km2 et englobent 11 millions de personnes. Etes-vous conscient qu'on a toujours du mal à vous prendre au sérieux, malgré tout ce que cela vous a coûté? Ecoutez, quand on voit l'arrogance du régime algérien concernant le Sahara marocain, je ne comprends pas comment on doit faire des cadeaux à l'Algérie. Ce pays voisin veut embêter le Maroc, alors que que je ne fais que revendiquer un droit historique. Justement, c'est le rôle de tout un Etat et pas celui d'une seule personne. L'Etat, seul, ne peut pas tout régler. Les acteurs politiques doivent l'aider, agir sur l'espace social et politique. Avez-vous l'impression que l'Etat vous a sacrifié? L'Etat a ses raisons que la raison ignore. J'ai été un bouc émissaire. Je n'ai pas été utilisé à bon escient. L'histoire l'a prouvé à plus d'un titre. Maintenant, je verrais ce que le gouvernement va répondre pour la légalisation de la situation de mon parti. Si je ne reçois pas de réponse, je prendrai les décisions qui s'imposent. Que comptez-vous faire exactement ? J'ai la ferme intention de demander l'asile politique ailleurs. C'est malheureux d'en arriver là. J'adore mon pays. Le quitter serait une véritable déchirure pour moi. En tout cas, dix mois de prison, et dans les conditions auxquelles j'ai eu droit, nécessitent quelques jours de réflexion.