Après le coup d'Etat manqué de juin dernier en Mauritanie Le torchon brûle entre la Mauritanie et le Burkina Faso d'une part et entre la Mauritanie et la Libye de l'autre. Les autorités mauritaniennes accusent, lors d'une conférence de presse exceptionnelle, donnée le 27 août 2004 par le chef d'état-major de la gendarmerie nationale à Nouakchott, le Burkina Faso de prêter assistance aux organisateurs du putsch manqué du 8 juin dernier. Révélation après révélation, il annonce avoir déjoué une préparation de coup d'Etat qui devait avoir lieu pendant le séjour en France du Président Ould Tayâa, finalement annulé. Le 10 août, le ministre de la Défense mauritanien a déclaré avoir déjoué une préparation de coup d'Etat qui devait avoir lieu pendant le séjour en France -finalement annulé- du Président Mouaouya Ould Sidi Ahmed Tayâa pour les cérémonies du 60ème anniversaire du débarquement en Provence. Les autorités mauritaniennes accusent aussi la Libye d'être derrière cette tentative de coup d'Etat. Les auteurs du putsch manqué du 8 juin dernier contre le Président mauritanien n'ont pas encore fini de faire parler d'eux. Par des menaces répétées, via leur site Internet, ils tiennent en alerte permanente les autorités sécuritaires du voisin du sud du Maroc, la République islamique de Mauritanie, en menaçant “d'anéantir” le pouvoir du Président mauritanien. C'est ainsi que les têtes pensantes de la gendarmerie mauritanienne ont été mises à contribution. Trois mois après le début de leur investigation, leurs conclusions sont sans équivoque : “Des putschistes mauritaniens ont élu domicile au Burkina Faso”. Selon le chef d'état-major de la gendarmerie, Saleh Ould Hannena, deux des neuf organisateurs du putsch manqué, toujours en fuite, auraient trouvé refuge au Burkina Faso où ils préparaient un nouveau complot. Ouf ! Il n'en fallait pas plus pour que le minis-tre de la Défense mauritanien, Baba Ould Sidi, porteur d'un message du Président Ould Tayâa à son homologue burkinabé, Blaise Compaoré, fasse le voyage. Un message qui serait relatif à la présence sur son territoire d'activistes mauritaniens, pouvait-on lire dans la presse mauritanienne dont les menus détails seront rendus publics. C'était lors de la conférence de presse donnée par le ministre à son retour du Burkina Faso (lire aussi la réaction officielle du Burkina Faso). Jamais langage officiel n'aura été aussi clair. Les autorités mauritaniennes sont catégoriques : “les conditions matérielles et financières, les équipements, les armes et les munitions nécessaires à l'exécution du coup d'Etat manqué du 8 juin 2004 ont été obtenus grâce à l'aide et l'encadrement du Burkina Faso”. Il n'y a pas que le Burkina Faso qui est mis à l'index. C'est presque l'opprobre qui est jetée par les autorités mauritaniennes sur la sous-région. En prenant bien soin de ne pas impliquer ni accuser directement le Sénégal, les autorités ont ajouté que les présumés putschistes utilisaient le réseau téléphonique voisin, passant leurs appels à quelques kilomètres de la frontière, vers Rosso (ville mauritanienne sur les bords du fleuve Sénégal). Un autre pays est impliqué dans ces tentatives répétées de déstabilisation du régime mauritanien. L'on parle de deux commandos putschistes qui devaient arriver en Mauritanie, en provenance du Burkina et de Libye. D'ailleurs, ce dernier pays est déjà accusé par les responsables mauritaniens d'avoir financé un complot dont l'exécution était prévue lors des présidentielles de novembre 2003. Ressentiment ? Composés de Mauritaniens et d'Azawads (Touaregs originaires du Mali voisin), ces commandos avaient prévu, selon le ministre de la Défense mauritanien, de faire un coup au palais en débarquant entre les 16 et 20 août dernier pendant l'absence du Président Ould Tayâa. Trois cyber-cafés de la capitale mauritanienne, Nouakchott, sont montrés du doigt par les autorités de la ville. Les putschistes ont eu recours aux courriels pour communiquer. D'ailleurs, l'état-major de la gendarmerie a dévoilé, lors de la conférence de presse, la liste de 11 adresses électroniques alimentées par les putschistes. Info ou intox ? Toutes les révélations faites par les autorités sécuritaires de Nouakchott ont été appuyées par les aveux de deux militaires à la télévision nationale, confirmant qu'ils avaient été contactés par les putschistes en fuite et mettant en avant l'implication du Burkina et de la Libye. Au total, ce sont 131 militaires qui sont emprisonnés depuis 14 mois dans les tentatives de coup d'Etat en Mauritanie; du moins selon les chiffres officiels de l'Etat major mauritanien.