Fournitures scolaires Ils sont là. De plus en plus présents et s'adaptent aux besoins de la consommation marocaine. Après la chaussure, le textile, le maillot, voici la fourniture scolaire. Rentrée des classes oblige. L'arrivée des Chinois a, jusque là, posé énormément de problèmes aux opérateurs économiques marocains. La CGEM qui avait saisi le gouvernement dans ce sens accusant les Chinois de faire du dumping tarde à soumettre, comme prévu, des propositions au gouvernement pour contrer cette invasion chinoise. Rien de concret n'a encore été avancé dans ce sens. Aucune décision définitive n'a été arrêtée. En attendant c'est les petits commerçants qui en paient le prix. A Derb Omar, où l'on trouve dorénavant des “centres commerciaux” pour produits chinois, c'est le “made in China” dans tous les sens cassant tous les prix. “Que ce soit chez un vendeur chinois ou marocain, l'on trouve les mêmes produits. Le tout fabriqué en Chine. Pourtant les clients achètent plus chez les chinois”, nous explique un jeune Marocain travaillant pour une Chinoise. Qu'est-ce qui fait alors que le magasin chinois est plus sollicité ? “C'est la mentalité marocaine. Le client est plus prenant lorsque c'est un Chinois qui lui vend directement le produit. Il est peut être plus rassuré que le sac à dos où la gomme est réellement fabriquée en Chine ( !)”. En traversant une petite ruelle, on passe de “chez les Chinois” à “chez les Marocains”. La nationalité des vendeurs change mais pas des produits. “Nous avons 90 % de produits chinois. Les quelques produits marocains que nous avons sont les ardoises, gommes, trousses”, nous explique un commerçant marocain dans la fourniture scolaire, “nous n'avons pas de produits fabriqués en Europe ou aux Etats-Unis. Les gens n'ont pas les moyens de s'en offrir car c'est souvent des produits de meilleure qualité que les Chinois et donc plus chers”. “Moins cher”, “plus cher” ces qualificatifs reviennent souvent dans la bouche aussi bien des commerçants que des clients. Le prix est, en effet, le seul secret de succès des produits asiatiques. Le sac à dos à 20 ou 30 dirhams, les produits chinois correspondent parfaitement bien à la capacité d'achat du Marocain pauvre voire même moyen. Mais est-ce du bon calcul lorsqu'on fait le rapport qualité-prix ? “La durée de vie du produit chinois est très courte, c'est évident”. Ce commerçant nous explique que cela fait maintenant plus de six ans que les produits chinois envahissent le marché de la fourniture scolaire. Un produit a, toutefois, été plus touché plus que les autres : “Le cartable marocain a été abattu par l'invasion chinoise. Cette année est certainement la dernière où l'on trouvera des cartables fabriqués au Maroc sur le marché. Ces dernières années, bien des fabricants de cartables ont fermé leurs usines”. Ceux qui résisteraient sont ceux qui ont un grand capital ou ceux qui ont encore des clients fidèles, nous a-t-il expliqué. “Tout le reste a pourri devant la grande concurrence des cartables chinois dont le prix peut baisser à 20 dirhams”. Les grandes surfaces aussi À Marjane, on ne se plaint pas de la forte présence des produits chinois. Avec la rentrée, les rayons de l'hyper marché en ont à vendre et revendre. Selon le chef de rayon de la fourniture scolaire “la présence des Chinois ou de leurs produits ne nous dérange pas et ne représente pas de menace particulière, puisque nous même en avons dans nos rayons. C'est d'ailleurs les produits les moins chers”. Les moins chers. Forcément ça vend. Mais à Marjane ce n'est pas forcément ce qui marche le plus. Car si à Derb Omar 90 % des produits proposés sont d'origine chinoise ceci est loin d'être le cas à la grande surface qui propose beaucoup plus de choix et d'origines. “Le produit chinois, même si c'est le moins cher, ne se vend pas forcément plus que le produit français, italien voire même marocain”, signale le responsable. “Tout dépend du pouvoir d'achat du client. Il y en a qui cherchent automatiquement le moins cher et vont directement au produit chinois. D'autres qui visent plus la qualité et sont insensibles à la différence des prix”. Ces dernières années, une nouvelle tendance est venue changer la donne. “De plus en plus de parents qui achètent de la fourniture pour leurs enfants viennent avec une liste pré-établie de l'école avec des mentions bien précises sur la marque du produit. Une liste, par exemple, avec la mention “3 stylos Bic”, d'autres arrivent avec “3 stylos Raymond” (…) Pour ce qui est de la fourniture scolaire c'est surtout les sac à dos et cartables où l'on remarque le plus cette forte présence chinoise. Tous les cartables que nous proposons sont “made in China”. Ce qui confirme les dires du commerçant de Derb Omar. Loin d'être menacées, nos grandes surfaces contribuent même à l'épanouissement du marché chinois. Heureusement, le produit chinois ce n'est pas “le truc” de tout le monde. Des surfaces qui visent la qualité restent même insensibles à la présence chinoise. C'est le cas, entre autres, d'Hyper Bureau spécialisé dans la vente de la fourniture de bureau. “Nous sommes loin d'être menacés par les produits chinois. Notre cible est carrément différente. Nous ne visons pas les mêmes clients. Les produits chinois et ce que nous proposons à Hyper Bureau sont deux marchés complètement différents. Nous proposons plus de références, plus de qualité et un très grand choix”, nous précise le directeur du magasin.