Saisie de plusieurs kilos de cannabis La drogue continue de faire parler d'elle à Casablanca. Pas plus qu'une semaine, les estivants de la plage d'Aïn Diab ont découvert plusieurs kilos de cannabis enveloppés dans des paquets largués sur la rive d'Aïn Diab. Aussitôt informés, les responsables de la sûreté de la ville ont décrété une mobilisation générale. Pour l'heure, l'enquête est en cours pour tirer cette affaire au clair. Lorsque ce groupe de jeunes adolescents arpentait paisiblement la plage d'Aïn Diab à Casablanca, à l'aube de cette journée du 15 août 2004, ils ne savaient pas qu'ils allaient être les messagers d'une stupéfiante nouvelle qui mettra en émoi tout l'état-major de la préfecture de police de Casablanca. C'etait à 6 heures du matin, lors de la marée basse. L'endroit, l'entrée N° 17 située en face du célèbre parc des jeux Sindibad. À cette heure-ci, la plage casablancaise, très prisée, connaît une affluence toute particulière. Les jeunes gens, venus des quatre coins de la ville, envahissent les lieux pour disputer des matchs de football et autres sports avant l'arrivée massive des estivants. Ce beau matin aoûtien, donc, ce groupe d'adolescents n'était pas en mesure de savoir que leur étonnante découverte allait précipiter la fin de leur match programmé et attendu depuis plus d'une semaine. Au fil du jeu, Ahmed, résidant comme ses coéquipiers au quartier Hay Hassani, un quartier non loin de la plage, s'aperçoit d'une étrange chose, flottante sur l'eau, que les vagues poussaient peu à peu vers là où le match est disputé. En fait, curieux comme il est, il attendait seulement qu'il se rapproche assez pour qu'il puisse le ramasser. À première vue, Ahmed croyait que l'océan vient de jeter les restes d'un cadavre noyé dans cette même plage qui connaît en cette période d'été une hausse impressionnante de noyade. Intrigué, il avertit ses amis qui courent vite pour s'enquérir de la chose larguée par la mer d'Aïn Diab. L'attroupement est vite fait et les suppositions pleuvent. Premier constat, la chose est en fait un colis lourd bien emballé difficile à défaire. Les premières personnes alertées sont à peine curieuses et plutôt goguenardes. Toutefois, Ahmed, encore lui, se montre un peu plus ingénieux et examine attentivement le colis cherchant par tous les moyens à le déballer. Il réussit à le faire à l'aide d'un morceau de métal. Il se retourne alors vers l'assistance concentrée et attentive : “C'est de la drogue”, “Ouaiiii, c'est du haschich”. C'est une conviction pour ce jeune adolescent, fumeur occasionnel, qui en sait assez sur cette drogue pour la reconnaître. L'heure est grave et la prise est très importante. Assez importante pour pousser une partie de l'assistance à lancer : “il faut absolument avertir la police”. L'affaire est corsée et les supputations vont bon train. S'agit-il d'un trafic opéré en pleine mer qui aurait foiré pour une raison comme pour une autre ? S'agit-il d'un naufrage à la suite d'un accrochage entre trafiquants internationaux au large des côtes ? Doit-on cette marée à une course-poursuite opérée par la Marine royale contre ces trafiquants qui se sont débarrassés de leur cargaison avant leurs arrestations ? S'agissait-il d'une simple panne de moteur d'une embarcation poussant les trafiquants à livrer à l'océan leurs colis gênants ? Les points de vue se succèdent, tout aussi abracadabrants les uns que les autres. Les citoyens, les promeneurs, les baigneurs et tous ceux qui, pour une raison ou pour une autre, arpentent cette plage sont abasourdis devant cette étonnante découverte. Premiers à investir les lieux, les sauveteurs de la protection civile de Casa-Anfa, informés eux aussi par la foule, qui mettent un cordon humain de sécurité autour de l'objet trouvé. Mauvais souvenir Peu après, ce sont les forces de l'ordre qui débarquent en grand nombre sur la plage d'Aïn Diab. La réaction est à la mesure de la stupéfiante découverte. Nos services de sécurité sont sur le pied de guerre. Agents de sécurité, CMI, autorités locales, Forces auxiliaires…, sont aux aguets. La mobilisation est générale. D'emblée, un grand souci se pose pour les responsables de la préfecture de police de Casablanca. Il est à craindre que toute la drogue n'ait pas été recueillie. L'inquiétude est pleinement justifiée pour les services de l'ordre qui gardent toujours en mémoire cette marrée blanche en grosses quantités (à peu près 7 tonnes) de drogue dure (cocaïne cette fois-ci) larguée en 1997 par une embarcation battant pavillon colombien, au nom de Duanas, sur le large de l'Atlantique marocain.Dès lors, la machine judiciaire se déclenche et l'affaire est confiée aux inspecteurs de la PJ de Casa-Anfa. Un cordon de policiers, installé du côté des piscines jusqu'à la plage jouxtant le restaurant A Ma Bretagne, veille au grain et ne laisse personne s'approcher ( le temps qu'il faut ) de la rive tant que les recherches n'ont pas cessé. Un plan d'urgence est mis en place, avec afflux de zodiacs de la protection civile renforcés par des patrouilleurs de la Marine royale venus, à leur tour, en renfort. L'Atlantique est un océan imprévisible et il peut très bien ne pas larguer la totalité de la marchandise. Cargos, chalutiers, paquebots, aucune embarcation n'échappe au contrôle des gardes côtes. Objectif, répondre à ces interrogations. Quel navire a pu larguer cette cargaison ? Où? Pourquoi ? Comment ? Au niveau “terrestre” également , les rondes et les contrôles de la police et de la gendarmerie se multiplient. Un véritable branle-bas de combat. Le procureur général du Roi près de la Cour d'appel de la ville, Abdellah Alaoui Belghiti, est averti. Celui-ci ordonne les mesures à prendre. Le mot d'ordre, vigilance. Entre temps, la marchandise est emportée par les éléments de la PJ au laboratoire scientifique de la sûreté de la ville. C'est bel et bien du cannabis. En tout et pour tout, les limiers ont compté plus de 26 kilos de cette drogue enveloppés dans des paquets avec des substances qui résistent à l'eau salé de la mer. Pour l'heure, l'enquête est en cours et les inspecteurs chargés de l'affaire travaillent d'arrache-pied pour tirer cette affaire au clair. Il en est de même pour la douane, la gendarmerie et la Marine royale qui tiennent des réunions quasi quotidiennes. Cependant, l'enquête n'écarte pas que la drogue qui a échoué à Aïn Diab pourrait être le fruit d'une simple négligence. Enquête en cours Selon une source de la PJ de Casa-Anfa, les trafiquants utilisent souvent un procédé qui consiste à traîner la drogue par des cordes qui risquent bien de se découper si elles heurtent un obstacle durant le passage du navire. Ce procédé est utilisé souvent pour fuir à la vigilance des gardes côtes qui ne peuvent se douter de rien. La drogue peut être ainsi traînée sous l'eau d'un continent à l'autre sans aucune difficulté et sans aucun risque de tomber entre les mains des gardes côtes. Dans ce cas d'espèce, cette thèse, entre autres, est très probante pour les enquêteurs. La drogue trouvée ce jour-là, pas en grandes quantités, ce qui pousse à croire cette thèse, a été larguée involontairement par un navire qui a continué son chemin vers sa destination inconnue. La houle et les vagues ont fait le reste en entraînant une petite partie de cargaison vers la rive d'Aïn Diab perturbant ainsi un match très disputé d'un groupe de jeunes adolescents.