Mohamed Elyazghi Contrairement à certaines allégations, Mohamed Elyazghi a toujours affiché son loyalisme sans faille aux institutions du Royaume. Rappel du parcours hors pair du nouveau Premier secrétaire de l'USFP. L'homme qui vient d'être chargé par ses pairs du Bureau politique de l'USFP d'assumer les charges de Premier secrétaire du Parti n'est pas un inconnu. Mohamed Elyazghi milite, en effet, sans discontinuer depuis sa tendre jeunesse au sein de la formation social-démocrate, issue en 1959 des flancs de l'Istiqlal. Le premier constat à faire au sujet de la procédure de sa désignation la semaine dernière à la tête du Parti, est qu'elle s'est faite à l'unanimité des membres de la direction de l'USFP. Ainsi, aucun autre membre du B.P. ne s'est présenté contre lui pour lui disputer le poste. Preuve qu'aucun responsable du parti ne met en doute ni les compétences, ni l'intégrité ni encore moins les convictions nationalistes du personnage. Ainsi, contrairement aux allégations d'une frange de ses détracteurs, Mohamed Elyazghi est un monarchiste convaincu. L'observation de son parcours le prouve. Dernière illustration en date : ses propos sur la chaîne 2M au lendemain des attentats du 16 mai, dans l'émission "Fil Wajiha" de Malika Malak. A la fin de sa prestation, au demeurant remarquable et qui lui a valu d'ailleurs les félicitations princières, Mohamed Elyazghi m'a confié que la structuration de ses propos lors de l'émission avait pris comme cordon ombilical le dernier discours prononcé par S.M. le Roi le 29 mai. Discours historique dans lequel le Souverain avait clairement annoncé la fin du laxisme ayant caractérisé l'attitude de l'Etat à l'égard de tous ceux qui enfreignent la loi. Pourtant, les adversaires d'Elyazghi n'ont pas hésité à reprendre contre lui ce même avis qu'il a exprimé lors de cette émission sur les "dérapages" de certains responsables du Parti de la justice et du développement pour le qualifier d' "éradicateur des islamistes". Ce qui certainement fait sourire les proches d'Elyazghi qui connaissent le degré élevé de dévotion et l'attachement à l'Islam de cet homme qui ne rate jamais la prière d'Alfajr. D'ailleurs, le numéro Un de l'USFP a tenu à nous préciser «Je n'ai jamais affirmé qu'il fallait écarter le PJD !» L'artisan de la modernisation du Parti Chaque fois donc que l'occasion se présente, Mohamed Elyazghi affiche sa fidélité sans faille aux institutions du Royaume, aussi bien dans ses déclarations publiques que dans ses prises de position politique. C'est ainsi qu'au début de l'été dernier, Maroc Hebdo puis l'hebdomadaire arabophone Al Ayyam, titraient en manchette une citation extraite de l'interview qu'il leur a accordée "Je suis monarchiste !". Cependant, un retour sur le parcours d'Elyazghi s'avère nécessaire pour tenter de mieux cerner ce personnage hors pair. Avocat de formation, diplômé du 3ème cycle à Paris, Mohamed Elyazghi est l'un des rares étudiants marocains à faire un passage à l'Ecole normale supérieure (E.N.A.). Ce qui va contribuer à révéler ses talents d'organisateur dont il fit profiter le parti des Forces Populaires. Parallèlement, il s'exerça au journalisme dans sa jeunesse, ce qui allait le conduire à être nommé successivement directeur d'Al Mouharrir et de Libération. A ce titre, il est considéré comme l'artisan de la modernisation de la presse de l'USFP. C'est ensuite tout naturellement qu'il allait être élu Secrétaire général du Syndicat national de la presse marocaine à la fin des années 1980. Il réussira en douceur, juste avant de céder le poste à l'Istiqlalien Larbi Messari, à négocier le virage fort difficile du passage du SNPM d'une corporation de patrons de journaux à celui d'un vrai syndicat défendant les revendications des journalistes salariés. Au niveau de l'USFP, Mohamed Elyazghi a accompagné et symbolisé la mouvance moderniste du Parti. Pratiquement tous les cadres Usfpéistes qui ont mené cette bataille ont été formés auprès de cet homme qui, pendant les années noires où le Parti des Forces populaires n'était pas en odeur de sainteté, reçut un jour de 1973 un colis piégé qui lui explosa entre les mains. Il en garde aujourd'hui encore les séquelles sur son corps. Cela ne l'empêcha pas d'être parmi les premiers, avec Omar Benjelloun et Abderrahim Bouabid, à infléchir la ligne du Parti lors du Congrès extraordinaire de l'USFP de 1975. Ces assises constituent en effet un tournant dans la ligne du Parti fondé par Mehdi Ben Barka qui s'est prononcé à cette occasion pour l'option démocratique appelant à intégrer pour de bon les institutions et la légalité. La présence de Mohamed Elyazghi au sein du gouvernement d'alternance présidée par Abderrahman Youssoufi à partir de mars 1998 est d'ailleurs un signal fort. Elle signifiait que la dynamique qui l'avait conduite à négocier en personne en compagnie de M'hamed Boucetta la première tentative d'alternance en 1992, durant l'exil de Abderrahman Youssoufi à Cannes, venait d'aboutir à une issue heureuse pour le pays. Désormais, c'est le consensus qui allait prévaloir entre les partenaires politiques, en l'occurrence la Monarchie et les partis de l'ex-opposition regroupés au sein du bloc de la Koutla. Les réformes constitutionnelles Lors de la constitution du gouvernement Jettou, à l'issue des législatives du 27 septembre 2002, Mohamed Elyazghi accepta sans ambiguïté de continuer à s'impliquer dans la transition démocratique dans l'intérêt du pays. Ainsi, il se refusa à suivre les appels lancés par nombre d'aventuristes qui avançaient deux arguments pour mettre fin à l'expérience : le premier s'appuie sur le fait que le Premier secrétaire du Parti a été débarqué sans ménagement de la Primature, et remplacé par le technocrate Driss Jettou, alors que l'USFP s'était classée en tête lors du scrutin du 27 septembre. Le deuxième reproche à Elyazghi d'accepter d'être reconduit à la tête du ministère de l'Aménagement du territoire alors qu'il venait d'être amputé de l'un de ses départements les plus importants, à savoir celui qui coiffe l'Habitat et l'Urbanisme, de surcroît confié à un membre de l'Istiqlal, le parti rival. Mohamed Elyazghi aurait pu écouter ces "conseils" et se présenter comme le chef de file des mécontents et autres aigris de plus en plus nombreux en raison des accrocs de l'alternance, ajoutés aux multiples soubresauts et scissions qu'a connus l'USFP à la suite de son passage de l'opposition au gouvernement. Ce faisant, il aurait aisément pu épouser cette thèse et écarter Abderrahman Youssoufi, minoritaire alors au sein de la direction du Parti parce qu'il n'avait pu satisfaire les ambitions de plusieurs membres du Bureau politique d'accéder à la ministrabilité. Mais Mohamed Elyazghi se refusa de répondre aux sollicitations des va-t-en guerre, faisant ainsi prévaloir l'intérêt du Royaume sur toute autre considération. Ceci étant, l'actuel Premier secrétaire de l'USFP a eu l'occasion d'exprimer clairement son point de vue sur l'évolution de la situation politique et institutionnelle du pays. Ainsi, Elyazghi n'est pas contre le changement, mais il doit se faire en douceur dans le cadre d'un consensus autour d'un pacte entre les principaux acteurs politiques. Pour lui, un changement brusque risque d'être rejeté par la société marocaine si elle n'est pas prête pour s'y adapter. C'est à partir de cette réalité qu'il prend position sur la problématique des réformes constitutionnelles. Pour Mohamed Elyazghi, l'important aujourd'hui n'est pas l'élaboration de nouveaux textes constitutionnels, mais plutôt l'application des lois existantes. Il est convaincu que les problèmes que rencontre la société marocaine dans ses efforts de développement sont plutôt dus à «un certain type de gestion archaïque par l'administration des grands dossiers». C'est exactement la vision de S.M. le Roi qui ne cesse d'œuvrer pour mettre en place les mesures destinées à lutter contre la bureaucratie et les lourdeurs administratives. En fait, pour ceux qui connaissent de près Elyazghi, son attitude a toujours été constamment positive à l'égard la Monarchie. Depuis 1998, le leitmotiv de Mohamed Elyazghi demeure d'ailleurs inébranlable : "les événements ont démontré que l'USFP avait raison de répondre favorablement à l'appel Royal de participer au gouvernement !". Il le répétera encore une fois dans son tout premier commentaire sur la démission de Abderrahman Youssoufi en rejetant catégoriquement l'hypothèse selon laquelle elle serait une conséquence de la nomination par S.M. le Roi de Driss Jettou à la place d'un Premier ministre usfpéiste. Une attitude qui augure que sous sa direction, les rapports du premier parti du pays avec le Palais vont se renforcer davantage parce qu'ils partagent la même vision de la gestion des affaires publiques. La preuve que Mohamed Elyazghi a toujours été et demeure plus que jamais un monarchiste convaincu.