Jacques Chirac au Maroc Le président français entreprend à partir de la semaine prochaine une visite d'Etat au Maroc. Le chef d'Etat français arrivera le 9 octobre à Fès où il sera officiellement accueilli par S.M le Roi Mohammed VI qui offrira le soir même un dîner officiel en son honneur auquel se joindront les membres des deux délégations et autres personnalités invitées. Jacques Chirac se rendra le lendemain à Tanger pour visiter le site du nouveau port de Tanger-Méditerranée dont les grands travaux ont été confiés principalement à des entreprises de l'Hexagone. Samedi 11 octobre, le président Chirac prononcera un discours devant le Parlement marocain, avant de donner une conférence de presse à laquelle seront conviés les médias nationaux et internationaux qui suivent de très près la visite du chef de l'Etat français. Une visite qui constitue, à juste titre, un événement pour l'avenir aussi bien des rapports entre les deux pays que du Maghreb et certainement bien au-delà. En juillet 1995, Jacques Chirac avait fait du Maroc -alors dirigé par feu Hassan II- la destination de sa première sortie officielle depuis son élection à l'Elysée, trois mois plus tôt. En mars 2000, S.M Mohammed VI qui venait d'être intronisé Roi le 29 juillet précédent, choisissait Paris pour son premier déplacement officiel hors du Royaume. Peut-on concevoir meilleur symbole pour témoigner de l'excellence des rapports entre Rabat et Paris, incarnés par les deux chefs d'Etat ? A ce propos, Jacques Chirac évoque souvent les relations “personnelles et affectueuses” qu'il a nouées avec la famille royale marocaine, des relations qu'un diplomate français proche du Président français préfère qualifier de “familiales”. Ainsi, Jacques Chirac aime notre pays. C'est une réalité qu'illustre le choix devenu pratiquement un rite du chef de l'Etat français de se rendre chaque année, avec son épouse Bernadette et leur fille Claude, en visite privée au Maroc. L'endroit prisé par la famille présidentielle française est la région de Taroudant, dans le Haut Atlas, où elle séjourne plus précisément au palace La Gazelle d'or. Cet attachement que Jacques Chirac voue à notre pays et à la Monarchie marocaine est partagé en retour par S.M Mohammed VI qui, dès son premier voyage à Paris, a appelé à un saut qualificatif dans les rapports entre le Maroc et la France. Le Souverain a ainsi proposé de passer des “relations privilégiées” à des “relations stratégiques” sur la base de l'élaboration d'un cadre institutionnel nouveau susceptible de conférer d'autres objectifs plus ambitieux aux rapports entre les deux pays riverains de la Méditerranée. En un mot, il s'agit de s'orienter vers l'avenir dans la perspective d'un pacte singulier dont le contenu stratégique, politique et économique, serait le juste corollaire des solidarités de fait et de destin. Désormais, on ne se limitera plus à célébrer les rapports privilégiés et à reproduire les mécanismes traditionnels de coopération, au demeurant excellents. En effet, près d'un demi-siècle après l'indépendance du Royaume, Paris reste, et de loin, le premier partenaire économique du Maroc avec un volume d'échange de près de 4 milliards d'euros. La France, présente au Maroc avec 28.000 expatriés et plus de 700 entreprises, est notamment le premier client, le premier acheteur, le premier investisseur et le premier pourvoyeur d'aides publiques au développement du Royaume. Cependant, le volume des échanges demeure inégal et les responsables des deux pays s'efforcent de mettre en place les moyens non seulement de les équilibrer, mais de les renforcer encore plus en termes qualitatifs. Le Maroc pour l'adhésion à l'UE Dans la vision du Roi du Maroc, le partenariat stratégique ne saurait se limiter à un effort conjoncturel, ni dans le temps ni dans l'espace. Et c'est là l'autre élément significatif dans l'approche de S.M Mohammed VI, à savoir le désir réaffirmé d'adhésion, à terme, à l'Union européenne. En effet, le Maroc interprète le partenariat non pas comme un accord figé circonscrit à la libre circulation des marchandises, mais une dynamique qui considère l'année 2010 comme une étape. Un message reçu cinq sur cinq par le Président français qui s'attelle, aussi bien par les paroles que par les actes, à faire de la Méditerranée -comme il ne cesse de le répéter- un “espace de dialogue et d'échanges conformément à sa vocation millénaire”. Ainsi, concernant le “statut avancé” souhaité par le Maroc avec l'Union européenne, la France s'est engagée à contribuer activement à faire aboutir ce projet qui s'inscrit dans la perspective de la nouvelle politique de voisinage de l'Europe. Une vision partagée du côté marocain. Ainsi, dans la Déclaration commune publiée le 25 juillet dernier, à l'issue de la 5 ème réunion de haut niveau maroco-française des chefs de gouvernement, un passage relève que les deux pays “parties prenantes au rapprochement entre l'Afrique et l'Europe, renouvellent leur souhait de voir se tenir prochainement le deuxième Sommet Europe- Afrique à Lisbonne”. Cette déclaration, rappelons-le, avait clôturé la visite officielle que le Premier ministre français avait effectuée à Rabat dans le but de développer le partenariat stratégique entre le Maroc et la France. Le déplacement de Jean-Pierre Raffarin au Royaume avait également pour objectif de préparer la visite d'Etat que Jacques Chirac effectue cette semaine au Maroc. En fait, la nouvelle “Convention de Partenariat pour la Coopération culturelle et le Développement”, signée à cette occasion entre les chefs de gouvernement des deux pays, Jettou et Raffarin, souligne que le partenariat, désormais élargi à tous les acteurs sociaux, économiques et territoriaux, permettra d'accompagner de façon pratique et stratégique le développement économique et social du Maroc. Dans ce cadre, il a été décidé la mise en place d'un programme de travail autour des deux priorités suivantes du gouvernement marocain : la modernisation économique et la politique de proximité axée sur la satisfaction des besoins sociaux des populations. Dans une déclaration à la presse faite à l'issue de sa visite officielle au Maroc, le 24 juillet dernier, et lors de laquelle il avait été reçu en audience par S.M le Roi, Jean-Pierre Raffarin a été plus précis à ce sujet : “nous nous réjouissons de la qualité de nos relations bilatérales dans tous les domaines. Mais nos deux pays veulent aujourd'hui faire plus et mieux : le partenariat entre la France et le Maroc est aujourd'hui en cours de rénovation pour aider le gouvernement marocain dans sa tâche de démocratisation, de modernisation et de développement du pays ”. Bienvenue M. le Président Au sujet de ce qu'entend la France par “l'aide à la démocratisation” du Maroc, nous en saurons certainement plus lors du discours que le Président Jacques Chirac devrait prononcer samedi 11 octobre devant les deux Chambres réunies du Parlement marocain. C'est-à-dire le lendemain de l'ouverture par S.M le Roi de la nouvelle année législative. En tout cas, la prestation de Jacques Chirac sera certainement très applaudie par les représentants de la Nation. En effet, les positions du Président français au sujet des questions internationales sont unanimement appréciées par le peuple marocain. Jacques Chirac, en particulier, agit avec constance comme l'avocat de la cause marocaine devant toutes les instances internationales. La France a ainsi joué un rôle capital dans le rejet, le 31 juillet dernier, de la dernière proposition du Plan Baker sur le Sahara. Une proposition catégoriquement récusée par le Maroc, non seulement parce qu'elle ne tient pas compte des droits légitimes du Royaume, mais également à cause des risques d'instabilité qu'elle ferait courir à l'ensemble de la région de l'Afrique du nord. En fait, le chef de l'Etat français a toujours adopté une attitude sans équivoque dans ce dossier. Déjà en 2001, Jacques Chirac avait qualifié le Sahara de “provinces du sud marocain”. Ce qui a fait grincer des dents les adversaires de notre pays. Une position courageuse qui vaut au président Chirac d'être qualifié par nous tous d'ami du Maroc. De même, les attitudes de l'héritier du Général de Gaulle à l'égard aussi bien des droits des Palestiniens que de l'invasion de l'Irak lui valent la sympathie de bien de peuples opprimés mais également de toute personne éprise de justice. C'est pour cela que nous répéterons en chœur : bienvenue M. le président.