La Caisse centrale de garantie vient de se voir confier la gestion d'un nouveau fonds de garantie destiné à couvrir les prêts à la création de la jeune entreprise. Pour en connaître le montant, les critères d'éligibilité ainsi que les chances de succès, à cause notamment de l'importante ardoise que traînent les jeunes, la Gazette du Maroc a tendu le micro à Omar Alaoui Benhachem, Directeur général de la CCG. Entretien. La Gazette du Maroc : la Caisse Centrale de Garantie vient de se voir confier la gestion du Fonds de garantie des prêts à la création de la jeune entreprise. Peut-on connaître le montant et la source de ce Fonds ? Omar Alaoui Benhachem : il s'agit d'un système mis en place par l'Etat en remplacement du cofinancement avec les banques des crédits “jeunes promoteurs”. Ce Fonds dont la gestion a été confiée à la CCG est doté d'une enveloppe de 200 millions de DH. Il est destiné à garantir 85% des prêts bancaires octroyés aux jeunes marocains porteurs de projets de création d'entreprise. Le but étant d'encourager les banques à financer, à moindre risque, les projets initiés par les jeunes entrepreneurs et de favoriser ainsi l'auto-emploi et l'initiative privée. Je pense que la mise en place de ce fonds qui vient renforcer les relations de partenariat entre la CCG et les banques marocaines traduit la volonté commune des pouvoirs publics et du secteur bancaire de soutenir et promouvoir la création de la jeune entreprise qui constitue un vivier important pour la création d'emplois et de richesses au Maroc. Quelles sont les conditions d'accès à ce fonds et les modalités de son fonctionnement ? Les projets qui peuvent bénéficier de cette garantie sont ceux initiés par de jeunes Marocains âgés de 20 à 45 ans et financés à hauteur de 90% au maximum par un prêt bancaire s'étalant sur une durée d'au moins 7 ans avec un différé de remboursement du principal d'une durée qui ne peut être inférieure à 2 ans. Le montant maximum du prêt est fixé à 1 million de DH par projet individuel et à 3 millions de DH par projet initié par des sociétés ou des coopératives. Est-ce que vous ciblez uniquement les porteurs de projets de création d'entreprise ? Le fonds de garantie s'adresse essentiellement aux jeunes promoteurs présentant un projet viable de première installation ou de création. Mais dans le cas de sociétés ou de coopératives, les projets d'extension peuvent être admis en cas de participation de nouveaux associés ou détenteurs de parts, à condition qu'ils soient éligibles et que le cumul du crédit initial et du nouveau prêt ne dépasse pas le plafond de 3 millions de DH. Peut-on avoir une idée sur la convention qui lie la CCG aux banques intervenant dans le financement des prêts à la création de la jeune entreprise ? Il convient tout d'abord de rappeler que pour les différents produits de garantie ou de co-financement que la Caisse centrale de garantie propose, nous avons conclu avec les banques des conventions de coopération définissant les conditions de notre intervention commune. Dans ce cadre, la convention relative à l'utilisation du Fonds de garantie des prêts à la création de la jeune entreprise signée entre la CCG et l'ensemble des banques marocaines en février 2003, précise les conditions générales et les modalités d'utilisation dudit fonds, notamment les bénéficiaires éligibles, la quotité et le plafond du financement, l'étendue de la garantie, etc. L'expérience du crédit jeunes promoteurs donne encore des frissons aux banques, notamment à cause du cumul des créances en souffrance. Avez-vous tenu compte de cet aspect du marché ? Il faut d'abord rappeler que plusieurs mesures ont été prévues dans la nouvelle formule du crédit “jeune entreprise” pour d'une part, sécuriser les banques et d'autre part assouplir au maximum les procédures d'octroi des crédits. En effet, la garantie de ce fonds qui couvre 85% du crédit en principal majoré des intérêts normaux et, le cas échéant, des intérêts de retard, minimise le risque bancaire et partant, encourage les banques à financer les projets viables promus par les jeunes promoteurs. D'autre part, cette nouvelle formule permet désormais au jeune promoteur d'avoir un interlocuteur unique qui est la banque. Il lui suffit de déposer son dossier auprès de l'établissement de crédit de son choix qui le transmet à la CCG qui statue sur la demande d'octroi de la garantie dans un délai fixé à 10 jours ouvrables au maximum à compter de la date de réception des dossiers. Je pense que tous ces amendements destinés à simplifier et à accélérer la procédure d'octroi du crédit, vont donner un nouvel élan au financement des projets initiés par les jeunes promoteurs. Mais ce qu'il faudrait retenir aussi, c'est qu'en décidant de garantir les crédits promus par les jeunes promoteurs, l'Etat fait le pari qu'au-delà de la “casse” éventuelle qui pourrait toucher un certain nombre de projets financés, les autres projets réussis vont permettre de créer de l'emploi, de la valeur ajoutée et paieront des impôts. Donc c'est sur le plan macroéconomique que le pays est gagnant. La Caisse centrale de garantie intervient par ailleurs dans la garantie des crédits d'investissement, comment se fait cette intervention ? La CCG garantit à partir de ses fonds propres 50% des crédits d'investissement destinés au financement des projets de création, d'extension ou de modernisation de toute entreprise de production de biens ou de services qui présente un programme d'investissement potentiellement viable. La demande de garantie est présentée à la CCG, soit par l'intermédiaire de la banque intervenant dans le financement, soit directement par l'entreprise à la CCG. Que fait la CCG en faveur de la promotion des investissements des projets PME-PMI? Il convient de rappeler que la CCG s'est fixé comme orientation fondamentale de privilégier dans ses interventions d'appui et de garantie les PME-PMI pour tous leurs projets d'investissement productifs et viables. Une telle orientation s'explique à la fois par le rôle que peut jouer cette catégorie d'entreprises dans le développement économique et social du pays et par les difficultés rencontrées par ces entreprises pour accéder au financement bancaire nécessaire à la réalisation de leurs projets du fait de l'étroitesse de leur surface financière et, partant, de l'insuffisance des garanties offertes. Cette priorité se traduit au niveau du traitement privilégié réservé à la PME à travers la simplification de la procédure d'octroi de la garantie, la célérité de l'instruction des dossiers en moins de 10 jours, l'assistance et le suivi assurés tant au cours du montage des projets que lors de leur réalisation. Cette priorité se concrétise également au niveau des interventions de la CCG dont plus de 80% des projets agréés concernent des PME-PMI. La CCG gère également deux nouveaux fonds, Renovotel et Fortex, de quoi s'agit-il ? En effet, la CCG assure la gestion, pour le compte du Fonds Hassan II, de deux nouveaux fonds de financement dotés respectivement de 100 et de 50 millions de DH, destinés à la rénovation des unités hôtelières “Renovotel” et à la restructuration des entreprises du secteur du textile et de l'habillement “Fortex”. Le Renovotel co-finance avec les banques 70% du programme de rénovation des structures hôtelières. La part du crédit Fortex est consentie à un taux d'intérêt bonifié de 2% l'an, ce qui constitue un avantage de taille pour les entreprises du secteur. D'ailleurs, d'après une étude récente menée par le Département du tourisme, quelques 350 unités hôtelières seraient éligibles à ce cofinancement qui leur permettrait de réaliser des travaux de rénovation et de mise à niveau afin de pouvoir répondre aux engagements stratégiques du secteur à l'horizon 2010. Concernant le Fortex, ce dernier permet aux entreprises du secteur du textile et de l'habillement existant depuis au moins 3 ans, de bénéficier d'un crédit pouvant aller jusqu'à 1,5 M DH au taux de 2% l'an. Quelle est la procédure mise en place pour ces nouveaux fonds ? Le dossier de demande de crédit Renovotel ou Fortex est à transmettre par l'entreprise à sa banque qui agit en prescripteur. Une fois le projet agréé par l'établissement bancaire, il est transmis à la Caisse qui, dans le cadre du Fortex ou du Renovotel, accorde sa part de crédit au taux de 2%, agissant ainsi pour le compte du Fonds Hassan II, et le cas échéant, sa garantie en couverture de la part bancaire dans le financement.