Ferdinand Piëch vient de céder officiellement le fauteuil de Président du groupe Volkswagen à Bernd Pischetsrieder. Ce dernier aura la lourde tâche de faire oublier son flamboyant prédécesseur. Le premier constructeur européen change d'époque avec la nomination, il y a une semaine, d'un nouveau patron, en remplacement du flamboyant Ferdinand Piëch. Pour autant, l'intronisation de Bernd Pischetsrieder lors de l'assemblée générale des actionnaires a surtout été d'ordre symbolique. L'ancien patron de BMW n'a pas attendu cette passation de pouvoir formelle pour apposer son empreinte sur le groupe... et prendre une certaine distance avec la stratégie de son prédécesseur. Désigné comme successeur de Piëch en septembre dernier, Pischetsrieder a en effet déjà présenté sa vision de l'organisation des marques de VW : les marques classiques (Skoda, Volkswagen et Bentley) d'un côté, et les marques sportives (Seat, Audi, Lamborghini et Bugatti) de l'autre. Une manière de répartir plus rationnellement les marques entre les différents segments du marché, afin d'éviter, comme par le passé, qu'elles ne se fassent concurrence. Le nouveau président se met également en porte-à-faux par rapport à son prédécesseur en ce qui concerne le plan produit : le groupe se concentrera davantage sur des segments moins traditionnels (4x4, cabriolets, monospaces), jusqu'à présent négligés au profit du haut de gamme. Fair-play, Piëch laisse faire. "Dès que son successeur fut connu, le vieux roi est mort", avait-il commenté peu après la nomination de Pischetsrieder. Après tout, c'est lui qui avait orchestré sa propre succession, en appelant en 2000 l'ex-PDG de BMW à rejoindre Volkswagen. Sortir de la tutelle de l'imposant Ferdinand Piëch promet toutefois d'être une tâche difficile. Les orientations qu'il a données au groupe d'une main de fer continuent de porter leurs fruits : VW a enregistré en 2001 une nouvelle année record, malgré l'affaiblissement de la conjoncture. Pischetsrieder serait le coupable tout trouvé si la marque allemande n'arrivait pas à tenir ce cap.