Omar Alaoui Benhachem, directeur général de la Caisse centrale de garantie (CCG) Elargissant de plus en plus son champ d'intervention par la mise en place de nouveaux instruments de garantie et de co-financement destinés à soutenir l'investissement et la mise à niveau des entreprises, la Caisse centrale de garantie (CCG) a relancé aujourd'hui le système de la garantie même. Omar Alaoui Benhachem, directeur général de la Caisse centrale de garantie (CCG), en explique la nouvelle approche ainsi que le partenariat de la Caisse avec les banques. La Gazette du Maroc : créée depuis 1949, la Caisse centrale de garantie ne s'est jamais autant impliquée comme ces dernières années, aux côtés des PME/PMI en incitant les banques à intervenir davantage dans le financement de cette catégorie d'entreprises. Qu'est-ce qui a réellement changé ? Quelle est aujourd'hui l'approche de la CCG ? Omar Alaoui Benhachem : il y a lieu de préciser que la Caisse centrale de garantie a été créée en 1949 et à partir de cette date, elle a contribué de manière significative à l'effort de développement de l'activité économique notamment par la mobilisation de l'épargne internationale nécessaire pour le financement de projets industriels structurants et ce jusqu'au début des années 1990 où les pouvoirs publics ont engagé une réforme de l'Etablissement aussi bien opérationnelle qu'institutionnelle. Depuis l'entrée en vigueur de la réforme de la CCG en novembre 1996, la stratégie de la Caisse, qui s'inspire de sa déclaration de politique générale, a été de privilégier le financement des projets d'investissement initiés par les PME-PMI. Une telle orientation s'explique à la fois par le rôle que peut jouer cette catégorie d'entreprises dans le développement économique et social du pays et par les difficultés rencontrées par ces entreprises pour accéder au financement bancaire nécessaire à la réalisation de leurs projets du fait de l'étroitesse de leur surface financière et, partant, de l'insuffisance des garanties offertes. Cette priorité se traduit au niveau du traitement privilégié réservé à la PME à travers la simplification de la procédure d'octroi de la garantie, la célérité de l'instruction des dossiers en moins de 10 jours, l'assistance et le suivi assurés tant au cours du montage des projets que lors de leur réalisation. Cette priorité se concrétise également au niveau des interventions de la CCG dont plus de 80% des projets qu'elle agrée concernent des PME-PMI. Il y a lieu de rappeler par ailleurs, que le champ d'intervention de la CCG a été élargi ces dernières années par la mise en place de nouveaux instruments de garantie et de co-financement destinés à soutenir l'investissement et la mise à niveau des entreprises. Donc nous pouvons dire que la Caisse centrale de garantie dispose aujourd'hui d'une panoplie de mécanismes lui permettant d'agir avec plus d'efficience dans le financement de l'économie nationale. En dépit de la progression d'année en année du nombre de dossiers agréés par la CCG, est-ce qu'on peut affirmer que la culture de la garantie est désormais ancrée chez le banquier ? Il est vrai que nous constatons une progression d'année en année du nombre de dossiers agréés par la CCG, ce qui témoigne de l'attrait grandissant de la garantie pour les banques. Mais il faut reconnaître néanmoins que dans notre pays, la culture de la garantie n'est pas encore totalement ancrée dans le réflexe du banquier. En France par exemple, où le système de garantie est bien intégré aux pratiques bancaires, la SOFARIS qui est un organisme de garantie similaire à la CCG couvre une large part des crédits d'investissement productifs promus par les PME y compris celles de très petite taille. Aussi, la CCG consciente de l'importance de son partenariat avec les banques, qui sont les prescripteurs de la garantie, mène régulièrement des actions d'information et de sensibilisation des banquiers à l'importance des mécanismes de garantie et aux avantages qu'ils offrent notamment en termes de partage du risque ce qui se traduit par la réduction du taux de sinistralité et qui permet à la banque de développer ses crédits d'investissement et d'exportation. Jusqu'où la Caisse peut aller dans sa mission de garantie des crédits d'investissement ? A t-elle les moyens suffisants ? Il est important de rappeler que la CCG n'est pas une banque classique qui évolue dans le champ de la distribution de crédits. Notre intervention qui porte sur la garantie des crédits d'investissement s'appuie sur des leviers puissants comme les ratios prudentiels propres à notre domaine. Il faut savoir, par exemple, qu'en tenant compte du taux de sinistralité, nous pouvons garantir des montants atteignant 12,5 fois nos fonds propres opérationnels. Par exemple, dans l'investissement touristique, la CCG a développé toute une action volontariste en faveur de ce secteur et elle offre des garanties qui peuvent aller maintenant jusqu'à 70 M DH pour des crédits d'un montant de 140 M DH. En tenant compte de l'autofinancement un projet individuel peut ainsi atteindre près de 200 M DH. De plus, il y a eu, sous l'impulsion royale, la relance du système de garantie pour le financement des entreprises, notamment au profit des jeunes promoteurs et du secteur du tourisme. C'est dans ce cadre et par l'intermédiaire du Fonds Hassan II que la CCG a reçu en 2002 une dotation de 100 M DH pour renforcer ses interventions en faveur du secteur du tourisme et qu'elle a été désignée pour assurer la gestion du fonds de garantie des prêts à la création de la jeune entreprise, doté de 200 M DH ainsi que le fonds de financement de la mise à niveau “FOMAN” doté d'une enveloppe de 400 M DH et dont la mise en place effective a été concrétisée par la signature le 15 juillet 2003 des conventions y afférentes. Nous pouvons donc dire que nous avons les moyens nécessaires pour répondre aux divers besoins de financement des entreprises aussi bien pour l'investissement, l'exportation que la mise à niveau. Il faut juste que la demande suive et que les entreprises fassent appel massivement aux produits disponibles pour créer de la richesse et renforcer leurs outils de production. En 2002, la CCG a conclu plusieurs conventions relatives notamment au FODEP II, au Fonds de garantie des industries culturelles (FGIC), au RENOVOTEL, au FORTEX, au Fonds de garantie des prêts à la création de la jeune entreprises et au FODEP III. Aujourd'hui, vous êtes chargés de la gestion du Fonds de garantie des crédits au logement de la Fondation Mohammed VI et tout récemment du Fonds de financement de la mise à niveau. Quels sont vos rapports avec les bailleurs de fonds marocains et étrangers ? Vous savez, la CCG en tant qu'organisme financier ayant acquis une expertise dans la gestion de fonds de garantie et de financement, s'impose de plus en plus comme un interlocuteur sûr et un partenaire crédible aussi bien des bailleurs de fonds nationaux qu'étrangers. A ce titre, les années 2002 et 2003 ont été particulièrement riches en nouveautés pour la Caisse centrale de garantie qui a connu tout d'abord la mise en œuvre du contrat de subvention conclu avec la Communauté européenne ayant pour objet le développement de sa capacité financière et technique en matière de garantie des crédits destinés au financement des programmes de mise à niveau des PME. Nous avons également réussi à élargir notre cadre de partenariat national par la gestion de nouveaux fonds. Par ailleurs, nous avons conclu des conventions avec l'Agence Intergouvernementale de la Francophonie et la Banque allemande de développement, ce qui ne peut que dénoter du crédit et de la confiance dont jouit la Caisse centrale de garantie. La CCG vient de tenir son Conseil d'Administration. Qu'est-ce qu'il faut retenir de cette réunion? La réunion du Conseil d'administration de la Caisse centrale de garantie (CCG) qui s'est tenue le 11 juillet dernier a été consacrée à l'examen de l'activité et à l'arrêté des comptes de la Caisse au titre de l'exercice 2002 qui a été marquée par un accroissement appréciable du nombre de projets agréés. La CCG a soutenu à cette occasion la diversité de ses mécanismes d'intervention et à réaffirmé sa volonté d'accroître son intervention dans le financement de l'investissement et de la mise à niveau des entreprises. A cet égard, le Ministre des Finances et de la Privatisation a exhorté le secteur bancaire et les opérateurs économiques à conjuguer leurs efforts en vue de promouvoir l'utilisation des ressources financières disponibles et de relever le défi de la croissance, de la compétitivité et de la création d'emplois.