Yasmina Baddou, tête de liste du P.I. à Anfa Yasmina Baddou est députée de la circonscription de Casa-Anfa et occupe les fonctions de Secrétaire d'Etat chargée de la Famille, de la Solidarité et de l'Action sociale. Elle se présente aux communales à la tête de la liste du parti de l'Istiqlal à l'arrondissement d'Anfa. La Gazette du Maroc : que représentent pour vous, et pour le Parti de l'Istiqlal, les communales du 12 septembre ? Yasmina Baddou : l'enjeu de ces élections est très important. Le développement économique et social du pays passe inévitablement par le développement local. C'est un impératif qu'on a compris aujourd'hui. On s'aperçoit que le retard que le pays enregistre est dû au fait que nos villes n'ont pas suivi l'évolution qu'elles devaient normalement connaître. Nous voyons par exemple une ville comme Casablanca où le problème de l'habitat reste entièrement posé ; ainsi par exemple, la circonscription d'Anfa que je représente, qui est censée ne comprendre que des couches riches, compte malheureusement encore un nombre impressionnant de bidonvilles. Il faut également évoquer la propreté, l'environnement, les questions de transport et d'autres problèmes auxquels sont confrontés quotidiennement les habitants. Et bien sûr, pour le parti de l'Istiqlal, Casablanca constitue un enjeu économique et politique de premier plan. C'est votre deuxième campagne électorale en une année. Quelle comparaison pouvez-vous faire entre celle des législatives et celle des communales ? Une grande différence. D'abord sur le plan géographique, la circonscription législative d'Anfa où je m'étais présentée en septembre 2002 était plus vaste ; elle comprenait quatre communes urbaines et 140 arrondissements ; en outre nous n'avions que douze jours de campagne pour parcourir l'ensemble de la circonscription. Aujourd'hui, nous bénéficions de quinze jours avec un territoire moins étendu. En revanche, il y a d'autres difficultés que nous avons rencontrées dans la préparation des communales. J'évoquerai en particulier le problème de l'établissement des listes où il a été très dur de convaincre certains conseillers sortants d'accepter le classement qui a été décidé par les instances du parti. Chacun tentait de faire prévaloir ses propres arguments sur les autres : les diplômes pour les uns, la popularité pour les autres, l'ancienneté dans le parti …etc. Vraiment, nous avons eu beaucoup de difficultés pour concilier entre les uns et les autres et déposer les listes définitives dans les délais. L'attitude des électeurs par rapport à votre campagne actuelle ? Les gens ne demandent pas grand-chose, mais juste le minimum. Les jeunes par exemple veulent tout au plus un terrain de jeu, les habitants des quartiers populaires demandent un peu plus de propreté. Les électeurs reprochent surtout aux élus de ne pas tenir leurs promesses électorales, de disparaître au lendemain de la publication des résultats. Ce qui n'est pas mon cas puisque j'ai tenu à être toujours présente dans la circonscription législative d'Anfa où j'ai été élue le 27 septembre dernier. Je consacre une journée par semaine pour recevoir les doléances des électeurs, et même ceux qui ne relèvent pas de ma circonscription. Je tente de les résoudre dans la mesure de mes moyens. Ce contact permanent m'a permis d'établir des relations de confiance avec les gens et a contribué à accroître ma popularité dans la circonscription d'Anfa, et bien au- delà. Qu'est-ce que vous pensez du nouveau système qui introduit l'unité de la ville à Casablanca et dans cinq autres grandes villes du pays ? Je pense que c'est une excellente initiative du fait que nous n'aurons plus justement une vision sectorielle, avec des budgets exclusifs à chaque commune. Le nouveau système nous permettra d'avoir enfin une politique pour la ville de Casablanca. Ce qui nous donnera l'occasion d'engager une véritable réflexion sur les choix de développement pour la ville, et les projets à initier pour l'ensemble de sa population. Par ailleurs, il est important d'avoir une politique globale qui tranche avec la méthode ancienne qui consistait à reverser à la Trésorerie générale l'excédent budgétaire d'une commune riche, alors que la commune voisine qui en avait besoin ne pouvait en bénéficier. La synergie entre les communes de la ville permettra de mieux faire face aux grands dossiers de Casablanca. Justement, quelle est votre vision pour la capitale économique ? D'abord il faudrait qu'il y ait un travail d'équipe. Il est important pour les membres du Conseil de la ville qui vont êtres élus de s'atteler à mettre de côté leurs affinités partisanes pour se mettre d'accord sur une politique commune pour Casablanca. La ville a d'énormes besoins dans plusieurs domaines, et notamment l'emploi. Vous savez, il y a des quartiers où quasiment personne ne travaille. De ce fait, il faudrait s'atteler à mettre en place des politiques d'encouragement de l'investissement, promouvoir le micro-crédit, les petits projets générateurs de revenus. Je pense que l'emploi est l'une des priorités à laquelle il faudrait s'attaquer, à côté des problèmes du transport, de l'habitat, et de l'environnement… De même, il faudrait accorder un intérêt particulier au secteur social. Et dans cet objectif, le Conseil de la ville devrait initier une politique de proximité en s'ouvrant sur la société civile et les associations pour pouvoir justement promouvoir tout ce qui est social. L'ancien découpage communal a montré ses limites. Ces dernières semaines, la Communauté urbaine de Casablanca n'est même pas parvenue à tenir ses réunions statutaires faute de quorum. Pensez-vous que le nouveau système pourra remédier à ces dysfonctionnements ? Vous savez, ce n'est pas une question de système mais plutôt une affaire d'hommes. Nous avons beau changer le système, mais si nous continuons à avoir le même profil d'élus, nous continuerons à souffrir des mêmes maux. Mais je pense qu'aujourd'hui, les partis politiques ont, dans leur majorité, fait un meilleur choix pour ce qui concerne les têtes de listes qui sont en général des personnes qualifiées et de grande envergure. C'est en tout cas la démarche qu'a choisie le parti de l'Istiqlal qui a présenté en tête de liste des gens compétents, jeunes, qui disposent d'une vision pour la ville, je pense notamment à Karim Ghellab, à Fassi Fihri qui se présente à Sidi Belyout, à moi-même et à bien d'autres… Justement le Parti de l'Istiqlal semble avoir mis le paquet sur Casablanca … L'importance de la ville le justifie sur tous les plans. Et puis vu l'état de Casablanca, la ville est malade, elle a besoin qu'on vienne à son chevet et qu'on la soigne. Le parti de l'Istiqlal a pris en considération toutes ces données pour accorder un intérêt particulier à la capitale économique. Mais le parti de l'Istiqlal devra, dès le lendemain des élections, faire face au problème de la candidature à la mairie de Casablanca que se disputeront plusieurs de ses élus … Il n'y aura pas de problème à ce niveau. D'après ce que je sais, les candidats istiqlaliens n'aspirent pas tous à la mairie de Casablanca, ils veulent tout au plus siéger au Conseil de la ville. De toutes les façons, nous sommes des gens responsables et nous nous soumettrons à la décision du Parti. Et vous, est-ce que vous êtes intéressée par la mairie de Casablanca ? Je ne vous cacherai pas que je suis prétendante à ce poste. Mais je suis disciplinée. Si le parti décide qu'il est préférable de présenter quelqu'un d'autre, je m'inclinerais. Ce que je peux vous préciser, à ce propos, c'est que le Secrétaire général du parti a déclaré, dans une récente interview au quotidien “Le Matin” qu' “une candidature féminine à la mairie de Casablanca serait très positive”. Je n'en dirai pas plus puisque le dernier mot lui reviendra !