Se basant, au Maroc, sur la subrogation conventionnelle qui est le support juridique permettant à un adhérent de transférer ses créances, le factor constitue une interface entre un fournisseur et ses clients. Cette technique financière est mal connue des entreprises. La subrogation est régie par l'article 212 du dahir du 12 août 1913. “Il est expressément entendu que la présente demande de paiement, dûment signée par nos soins, constitue à elle seule, à l'instant de votre paiement, valable et suffisante quittance vous subrogeant au Code des Obligations et Contrats, dans tous les droits attachés aux créances individuelles énumérées dans le bordereau récapitulatif”. Ainsi, la garantie octroyée par le factoring couvre la défaillance du débiteur, et non celle du fournisseur. Ce dernier doit, dans tous les cas, respecter ses engagements vis-à-vis de son acheteur. C'est au début des années 50 que le contenu de ce métier a été clairement défini dans le monde, jusqu'à son stade de perfectionnement actuel. Son objectif est de proposer à une entreprise un produit s'articulant autour de trois axes : la gestion du portefeuille associée à l'encaissement des factures, la garantie contre le risque d'insolvabilité du débiteur et le financement des créances. “Le factoring constitue d'une part une réponse à un besoin de sécurisation des ventes et d'autre part, une source des financements des besoins de l'entreprise en trésorerie», a indiqué Kassimi Abderrafii, directeur général de Maroc Factoring. Ce créneau s'adresse à toute entreprise qui vend des biens ou des services. Autrement dit, le produit factoring est valable pour les créances commerciales. Cependant, il faut ajouter qu'il offre ses services pour des ventes aussi bien domestiques qu'à l'exportation, principalement aux PME qui n'ont pas les moyens de s'offrir un très bon service de recouvrement en interne. Cela leur donne l'assurance que leur compte-clients est bien géré. Les sociétés en croissance rapide ont intérêt à utiliser cette technique quand leur besoin en fonds de roulement ne cesse de croître et qu'elles n'ont pas les capitaux propres nécessaires pour y faire face : le financement des factures leur évite des problèmes de trésorerie qui pourraient leur être fatals, alors qu'elles prospèrent et que leurs carnets de commandes débordent Coûts et taux d'intérêts «La rémunération du factor se compose de deux parties ; la première concerne la garantie contre le risque d'insolvabilité plus le recouvrement des créances. En général, il s'agit d'une commission comprise entre 1 et 2 %. Le financement des créances, quant à lui, est rémunéré par un taux d'intérêt qui est similaire à ceux pratiqués par des banques pour les crédits à court terme”, poursuit Kassimi Abderrafii. Nombreux sont les chefs d'entreprise interrogés qui estiment que les commissions pratiquées sont élevées. Tel n'est pas l'avis des professionnels. Pourtant, ces derniers affirment que leurs clients relèvent dans tous les secteurs d'activités. Alors qu'est-ce qui explique les fréquentes réticences ? En effet, certains chefs d'entreprise ignorent totalement le factoring. Pour le directeur général de Maroc Factoring, quand un adhérent reçoit une commande de son client, effectue sa livraison, produit sa facture, celui-ci confie l'ensemble de sa créance à la société de factoring. C'est ce lien étroit qui existe dans le cadre du contrat entre un adhérent et une société exerçant ce métier. A partir de ce moment-là, un client ou débiteur peut demander une avance sur la créance. Ceci dit, concernant la taille du marché, il est à souligner que cette activité répond aujourd'hui à un réel besoin de l'entreprise. Le produit se développe et dépasserait aujourd'hui les 2 milliards de dirhams de créances annuelles. Quant à la problématique du recouvrement au Maroc, l'entreprise a de plus en plus besoin de recourir aux services du factoring dans la mesure où les délais d'encaissement des créances ont tendance à s'allonger. Ce qui risque d'induire des difficultés de trésorerie pour le fournisseur, et à l'extrême, le risque de non-paiement. Par ailleurs, il faut reconnaître que cette profession a beaucoup à faire encore au Maroc. Dans le secteur, il n'existe aujourd'hui que trois opérateurs pour répondre aux besoins des milliers d'entreprises. Il s'agit principalement de Maroc Factoring, une filiale de la BMCE Bank, créée en 1988 et leader du marché. Les deux autres sont Attijari Factoring et BMCI Factoring. Cette dernière est plutôt un département qu'une vraie société, au contraire des deux précédentes. Prenant de plus en plus de l'importance dans les économies de marché, le factoring ou l'affacturage est un bon outil de négociation des intérêts d'une entreprise. Il suffit tout simplement de solliciter les services d'un factor.