Il n'y a pas longtemps, le factoring affichait des performances plutôt timides. Aujourd'hui, l'activité monte en puissance. Société Générale et le Groupe Banque Centrale Populaire, déjà dans le starting-block. Perspectives très prometteuses pour les opérateurs du factoring, communément appelé affacturage. Jusque-là, au nombre de trois sociétés, toutes adossées à des banques, ces dernières devraient voir leur rang grossir avant peu avec l'entrée en lice de la Société Générale et du Groupe Banque Centrale Populaire. La première devrait s'y positionner dès l'année prochaine. Quant à la seconde, elle étudierait sérieusement l'opportunité. Pourtant, il y a quelques années encore, l'activité affichait des performances plutôt timides. À en croire le réseau de factors, Factor's Chain International (FCI), celle-ci ne représentait en 2000 que 45 millions d'euros, soit à peine 500 millions de DH. À l'époque, le factoring était une technique méconnue de la part de plusieurs entrepreneurs, ce qui s'explique en partie par «les fausses économies», indique un professionnel. Il ajoute que «les chefs d'entreprises ne voyaient pas la nécessité de se prémunir contre le risque client en raison même de leurs coutumes et habitudes de travail». Résultat : l'activité a mis du temps à atteindre son niveau actuel. Aujourd'hui, le marché marocain du factoring, c'est 440 millions d'euros en 2006, soit près de 4,9 milliards de DH, selon la FCI. Et cette tendance va se poursuivre. Déjà pour 2007, les professionnels du secteur s'attendent à une croissance d'environ 25 % du marché. Cependant, c'est en 2004 que ce marché a pris son envol et doublé ses performances (3,4 milliards de DH contre 1,8 milliard en 2003) avant de stagner entre 2005 et 2006. Rappelons qu'à l'échelle mondiale, le factoring a engrangé environ 1.135 milliard d'euros en 2006, dont 1 % seulement en Afrique. En la matière, le Maroc est le deuxième pays africain après l'Afrique du Sud, un pays qui compte 9 sociétés dans le créneau. Au terme de l'année 2006, le factoring domestique au Maroc (pratiqué lorsque le fournisseur et le client se trouvent dans le même pays) atteignait 350 millions d'euros contre 5,5 milliards pour l'Afrique du Sud. Cependant, le Maroc réalise autant que cette dernière en ce qui concerne le factoring international (pratiqué lorsque les créances prises en charge par le factor concernent deux agents économiques se trouvant dans deux pays différents) : 80 millions d'euros. Le groupe BMCE Bank, précurseur Le factoring a fait son entrée au Maroc en 1988 à travers la filiale créée par BMCE, Maroc Factoring. BCM devenue Attijariwafa bank après sa fusion avec Wafa bank, lui emboîte le pas en 1995, pour établir sa filiale, Attijari Factoring. Cinq ans plus tard, ce sera au tour de BMCI de s'intéresser à ce marché. Pour l'heure, la filiale de BMCE Bank exerce un rôle de leadership. Avec un chiffre d'affaires factoré de 2,6 milliards de DH en 2006 pour une marge bénéficiaire de 10,6 millions, Maroc Factoring revendique actuellement 70 % du marché national. La part du chiffre d'affaires réalisé à l'international est de 40 % et concerne en majorité l'Europe (95%). Cette filiale de BMCE, à l'instar de celle d'Attijariwafa, se positionne comme factor généraliste, contrairement à BMCI factoring. Cette dernière a plutôt opté pour une stratégie de ciblage sélectif de sa clientèle, choisie dans son portefeuille et favorisant les opérations locales. Pour tirer leur épingle du jeu, les sociétés de factoring n'hésitent pas à trier les entreprises sur le volet. Il faut dire également que tout le monde n'est pas accueilli à bras ouverts par les factors. Des secteurs enregistrant un fort taux de sinistralité, ou caractérisés par un rapport de force tendu entre débiteurs et créanciers, ne peuvent prétendre à leurs prestations. Chez BMCI Factoring par exemple, les PME, dont les produits et services ne risquent pas de présenter de signes de contre-performance, constituent la cible de prédilection. Au-delà, tous les opérateurs s'accordent à dire que les entreprises recourant au factoring doivent avoir des débiteurs financièrement fiables. Ce sont surtout les secteurs qui s'inscrivent dans une dynamique de croissance qui attirent les factors. Les entreprises du BTP, de l'industrie énergétique, des services de l'offshoring ou même de surveillance sont citées en exemple. L'offre de ces opérateurs est prisée. Les opérateurs ne s'en cachent pas : la Turquie avec ses 100 sociétés de factoring, qui brassent plus de 11,8 milliards d'euros, est un exemple pour le Maroc. Mais, ils demeurent confiants car, disent-ils, la demande augmente. A l'international, les prestations liées au recouvrement et à l'assurance ont même tendance à devenir systématiques, pour le grand bonheur des factors marocains. En effet, le développement des opérations d'importation, surtout au cours de ces dernières années, devrait donner une nouvelle impulsion au marché, les fournisseurs étrangers sollicitant les factors locaux pour leur recouvrement. De même, l'exportateur marocain devrait recourir au factoring, lui qui ne connaît pas toujours la législation du pays de son client, sa langue et ses coutumes.