Cession par l'ONA des Brasseries du Maroc au groupe Castel Hérité de l'acquisition de la SNI réalisée en 1999, le groupe Brasseries du Maroc a été la semaine dernière, cédé au groupe international Castel. Cette opération qui a surpris plus d'un observateur serait annonciatrice d'une autre opération qui pourrait se concrétiser plus tard. Des sources internes à l'ONA expliquent cette opération par l'offre globale intéressante qu'a proposée le groupe Castel. La nouvelle est tombée comme un couperet. “On ne s'y attendait même pas, mais elle s'est réalisée quand même”, commente un analyste de la place. L'ONA qui détient le gros du marché de l'embouteillage des boissons gazeuses et de la bière vient d'annoncer la conclusion avec le groupe international Castel qui est actionnaire dans la société Cobomi, embouteilleur de la célèbre boisson Orangina, d'un contrat de reprise des parts de la SNI dans SBM (Société des brasseries du Maroc) à hauteur de 54,69% et dans Branoma à hauteur de 12,77%. Résultat, l'ONA se désengage des activités d'embouteillage et de distribution des boissons gazeuses et de la bière en faveur du groupe Castel. Seules en effet les activités “eaux minérales” (Sotherma) et “transformation plastique” (CMB Plastique) restent dans le giron du groupe marocain. Selon des sources internes à l'ONA, “Castel a fait une offre globale intéressante pour le groupe”. Le montant de l'opération n'est pas connu pour le moment. Pourquoi l'ONA s'est-il délesté d'un groupe qui pesait lourd dans son chiffre d'affaires ? Prépare-t-il une opération d'envergure dans un autre secteur d'activité qu'il estime plus stratégique que les boissons gazeuses ? Petite crise de management Tout laisse à penser que la cession par l'ONA de l'un de ses anciens fleurons est motivé officieusement par une opération stratégique qui se prépare. Laquelle ? Difficile à définir. Mais, n'oublions pas qu'à l'occasion de la vente par Vivendi Universal de ses parts dans Maroc Telecom, les deux groupes marocains ONA et CDG étaient souvent cités pour être les repreneurs. Une telle information a été catégoriquement démentie par Bassim Jai Hokimi, PDG de l'ONA, lors d'une conférence de presse. Même réponse chez les responsables de la CDG qui affirment n'avoir aucune relation avec cette opération. Seulement, le caractère hautement stratégique de celle-ci oblige ses commanditaires à l'entourer de la confidentialité qu'elle mérite. D'où les dénégations répétées des patrons des deux groupes qui se gardent de fournir les vraies réponses. D'un autre côté, anticipant une baisse inquiétante d'activité pour les boissons de Coca-Cola en raison d'un foisonnement en série de nouvelles marques comme Mecca Cola ou Arab Cola, l'ONA aurait pensé à un scénario catastrophe : une baisse très significative du résultat net des Brasseries du Maroc dont l'impact sera également de taille sur le résultat net consolidé du groupe. Les nouvelles conditions à résonance politique qui marquent ce marché des boissons n'augurent rien de bon pour la rentabilité de l'ONA. Aussi, le groupe Brasseries du Maroc a toujours connu une “petite crise de management”. Depuis le départ forcé de Hamid Bouidar, l'homme qui a passé de longues années à la tête du groupe et l'a façonné à l'aide d'une équipe brillamment fédérée, la gestion du groupe ballotte entre plusieurs managers. La prise de contrôle par l'ONA du groupe SNI a poussé Hamid Bouidar à la porte. Son remplaçant qui n'était autre que M'fadel Lahlou, ancien maître à bord de la SNI, n'a pas lui non plus duré à la tête du groupe. Chakib Benmoussa, désigné par Mourad Chérif, ancien patron de l'ONA, avait pris sa place pour une durée aussi longue que son prédécesseur. Appelé récemment à occuper le poste de Secrétaire général du ministère de l'Intérieur, Benmoussa quitte les Brasseries pour devenir un commis de l'Etat. Jusqu'à aujourd'hui, la presse ne s'est pas fait l'écho d'information concernant la désignation d'un nouveau patron. Maintenant que l'ONA s'est désengagé du groupe hérité de l'acquisition de la SNI, y aura-t-il plus tard des indications qui expliqueront d'une manière officielle cette opération ? La SBM en bref La société des Brasseries du Maroc (SBM) est le leader du marché des boissons gazeuses au Maroc. Son activité, dans une optique d'intégration en amont et en aval, s'étend de la fabrication des boissons jusqu'à leur distribution en passant par leur embouteillage. Elle propose une gamme étendue de produits, soit sous ses propres marques ( Sidi Harazem, Casablanca,…), soit sous les marques de franchise (Coca-Cola, Schweppes…), par l'intermédiaire de sa filiale la SCBG (Société centrale des boissons gazeuses). Elle compte à son actif 7 unités d'embouteillage, 3 brasseries, le tout pour une production de près de 4 millions d'hectolitres par an. La SBM, c'est aussi le réseau de distribution le plus performant au niveau national avec 21 centres de distribution à travers le Royaume, 900 véhicules de distribution et 100 de convoyage, qui lui assure une couverture sans égale du territoire. Pour l'avenir, la stratégie choisie par la SBM est claire. S'axant sur la consolidation des métiers de base : l'intégration verticale et horizontale des activités et l'ouverture à l'international, elle se donne comme objectifs : le renforcement de la compétitivité, l'accroissement de la consommation, le développement de nouveaux produits et la conquête de nouveaux marchés.