Crise des compagnies aériennes Hier, c'étaient les évènements du 11 septembre qui avaient mis à mal le secteur du transport aérien. Aujourd'hui, c'est la guerre contre l'Irak qui enfonce le clou. Les compagnies aériennes, très touchées par la baisse du trafic, procèdent au report voire à l'annulation de plusieurs commandes d'avions auprès des deux constructeurs Airbus et Boeing. Ces derniers, pour ne pas voir leurs objectifs menacés, accordent des aides financières aux compagnies aériennes. La guerre contre L'irak a provoqué une onde de choc sur l'économie mondiale. Le transport aérien vient en tête des secteurs économiques les plus touchés par cette crise à l'avenir incertain et aux conséquences dramatiques sur le pouvoir d'achat des consommateurs. Les compagnies aériennes pour la plupart américaines et asiatiques ont procédé à des reports voire à des annulations de livraisons d'avions pour lesquels elles avaient passé des commandes aussi bien auprès d'Airbus que de Boeing. Mais, le constructeur européen est le plus concerné par cette vague enchaînée de reports. Dans une dépêche du 4 avril 2003 tombée sur le fil d'informations du service économique Reuters, il est indiqué que “ le fabricant d'avions européen Airbus, qui espère pour la première fois de son histoire livrer plus d'avions que son rival américain Boeing cette année, a déclaré avoir livré six avions de moins que son concurrent américain durant le premier trimestre 2003 ”. Les chiffres ont été dévoilés par Airbus peu après que le constructeur basé à Toulouse eut confirmé que la compagnie américaine US Airways avait fait ramener une commande de 19 de ses avions à 10 seulement. L'annonce de la compagnie américaine fait suite à une série de déclarations intervenues les semaines précédentes par des compagnies aériennes visant à retarder la livraison d'appareils commandés auprès d'Airbus et de Boeing suite au ralentissement que connaît le secteur du transport aérien. Mais, les chiffres préalablement publiés qui ont montré qu'Airbus avait livré 65 avions au premier trimestre contre 71 pour Boeing, laissent facilement penser que la firme européenne livrera 260 avions au lieu des 300 prévus. Au rythme actuel, rapporte la dépêche de Reuters, Boeing devrait atteindre son objectif de 280 livraisons en 2003. Seulement, les analystes considèrent, à raison, les prévisions pour 2003 des deux constructeurs comme optimistes au vu de l'état actuel du marché de l'aviation civile. Aujourd'hui, chacun sait que les compagnies aériennes à travers le monde souffrent d'un déclin apparent de la demande en raison d'une faible croissance économique, de craintes liées à la pneumonie atypique et à la guerre en Irak. Sans oublier bien évidemment l'augmentation logique des prix du pétrole qui a fortement touché le secteur forçant ainsi les compagnies à réduire d'une manière drastique leur capacité et à freiner leurs projets de modernisation de flottes. “ La situation est assez sombre ”, a déclaré récemment Will Mackie, analyste international en aéronautique à la Commerzbank de Londres. Et de poursuivre : “ je m'attends à ce que les transporteurs américains continuent de revoir leurs plans de flotte à la baisse et que les compagnies aériennes asiatiques pourraient les imiter ”. L'on se rappelle que la compagnie américaine US Airways qui a évité la faillite le 31 mars dernier est l'un des transporteurs les plus touchés par la morosité du secteur aérien. Sa nouvelle commande de 10 avions Airbus A330-200 à fuselage allongé, est d'une valeur de 1,43 milliard de dollars si on se réfère aux prix du catalogue. “Elle remplace la commande précédente qui prévoyait de livrer un A330-300, trois avions A319 et 15 avions A320 ” avait indiqué un responsable d'Airbus. La commande antérieure était dominée par des avions économiques à fuselage étroit. Sa valeur était estimée à 1,22 milliard de dollars à partir des prix de référence. De tels prix donnent une idée de la valeur du contrat à partir du moment où les fabricants d'avions offrent régulièrement des réductions adaptables. Airbus, par précaution, a indiqué qu'aucun des 38 avions commandés précédemment ne devait être livré cette année et qu'il avait déjà retiré de son carnet de commandes les neuf appareils décommandés par la compagnie aérienne américaine fin 2002. La réduction de la commande d'US Airways fait suite à l'information selon laquelle Singapour Airlines a décalé son plan d'achat de nouveaux appareils Airbus et Boeing en raison des mauvaises conditions économiques. Un autre client d'Airbus, Lan Chile, a annoncé qu'il prévoyait de reporter l'achat de nouveaux avions d'une valeur de 200 millions de dollars en 2004 et 2005. Cette cascade de reports est de nature à pénaliser les chiffres de vente du constructeur européen, d'où sa décision de mettre en place une filiale, Avion Capital Ltd, spécialisée dans le financement d'appareils achetés par les compagnies aériennes. Selon les analystes, sans ces aides financières accordées aux compagnies, Airbus risque de voir ses objectifs menacés.