Chaque semaine, je me propose de vous plonger au cœur des préoccupations de l'homme de la rue et plus généralement de notre société en tentant de vous faire apprécier cette belle réflexion d'un écrivain : «Quand je vois le nombre de livres qui me restent à lire, j'ai le sentiment d'être heureux». Bonne lecture. Ça presse ? Peut-on se passer de journaux ? En d'autres termes, la presse est-elle devenue partie prenante dans la vie de tous les jours ? Pour beaucoup de citoyens, un quotidien fait partie de leur vie… quotidienne. Ce sont ceux qui achètent leur journal, qui veulent lire, ils ont rendez-vous avec telle ou telle rubrique, tel ou tel chroniqueur. Ils vont approuver ou désapprouver, mais ils vont lire. Ils ne passent pas plusieurs minutes devant le kiosque à journaux, avant de choisir leur « canard ». Non, ils achètent, par habitude, par inclinaison pour tel ou tel titre, par passion de la lecture, aussi, car qui aime la lecture aime la presse, c'est automatique. On devient même un lecteur convulsif, de ceux qui achètent beaucoup, quitte parfois à laisser un journal posé, car on n'a pas eu le temps de le lire, voire même de l'ouvrir, et même à voir s'enfiler dans un coin de la maison des dizaines de magazines qui iront chez les « marchane chiffoune ». On lit un journal ou une revue, pour l'esthétique de sa mise en page, pour l'intérêt des reportages, pour l'actualité. On lit pour s'informer et s'instruire. On devient même attaché au papier, à la qualité des caractères d'imprimerie. On devient « accros » comme pour tout autre produit. Et pourtant, il va falloir bientôt se passer de tout cela, car partout dans le monde et surtout aux USA et en Europe, on parle de l'avenir de la presse. Et c'est bien simple, lorsque l'on commence à parler de l'avenir de quelque chose, c'est que cette chose est menacée. En gros, voilà ce qui se dit… « Les journaux vont mal »… « La diffusion baisse »… « Les rentrées publicitaires diminuent » et pour clore ce constat une conclusion s'impose « La survie des journaux est compromise ». Principal responsable montré du doigt, c'est Internet. Vient après le coût de fabrication de la presse et de la raréfaction de la matière première : le bois des forêts d'où on tire le papier. Ainsi, URS Grosswer, patron de presse en Allemagne n'hésite pas à déclarer qu'« un quotidien par jour et tous les jours, c'est trop » et il explique : « Les entreprises de presse n'auront plus bientôt les moyens de financer l'impression et la diffusion des journaux six jours par semaine… Aujourd'hui, les nouveaux médias numériques ne s'arrêtent jamais, l'électronique déverse en continu un flot d'informations sur le monde entier. Plus personne ne va ressentir le besoin de lire la même information seize heures plus tard ». « La presse écrite, ajoute Grossweller, ne pourra survivre qu'avec des exclusivités. Or, aujourd'hui, la seule catégorie de nouvelles où l'on trouve encore des exclusivités, ce sont les nouvelles locales ». Ceux qui prédisent le pire pour la presse, ajoutent que l'on va de plus en plus vers une nouvelle génération, qui, habituée au clavier et à l'ordinateur, ne saura même pas que le « papier » existe. Bref, nos magazines et journaux sont destinés à devenir obsolètes, comme l'est devenu le téléphone fixe à cadran rond qu'on tournait avec l'index, ou bien la diligence quand le train est arrivé, ou bien encore le disque vinyle quand le C.D est sorti. Qui avait, par exemple, pensé que la cassette VHS ne servirait plus à rien, jetée aux oubliettes par le DVD. Alors, finie la presse ? Non ; tant qu'il y aura des lecteurs et qu'on saura les intéresser, la presse écrite résistera. Mais le défi est d'ores et déjà lancé. Le bonheur On vous rencontre, on vous dit « comment ça va ? », et vous répondez, généralement, et le plus souvent, « ça va merci ». Réponse banale qu'on formule sans y penser, et qu'on oublie aussitôt dite. Quand on vous demande « est-ce que ça va », c'est comme si on vous demandait « est-ce que vous êtes heureux ? » Alors là, ça devient plus sérieux. Heureux !! Tout le monde rêve de l'être. A tel point que, parfois, on est heureux mais on ne s'en rend pas compte, car on s'attend toujours à être plus heureux. L'attente est si forte que beaucoup concluent que le bonheur n'existe pas. Mais le bonheur est souvent là. « Il, écrit Pascal Bruckner, vient à son heure et souvent malgré nous, il s'enfuit dès que nous tentons de le saisir. Il fait partie de ces biens énigmatiques qui s'évanouissent à mesure qu'on veut s'en emparer ». Et Bruckner de rappeler la belle phrase de Jacques Prévert : « J'ai reconnu mon bonheur au bruit qu'il a fait en partant. »