Initiateur du premier forum de l'investissement arabe, le Maroc se veut avant tout un pays qui œuvre pour l'unification des efforts déployés ici ou là par les pays arabes afin d'attirer les investisseurs. Le point avec Hassan Bernoussi, directeur des investissements étrangers au sein du Ministère des affaires économiques et de la mise à niveau. La Gazette du Maroc : dans cette conjoncture internationale un peu difficile, quelles sont les mesures concrètes prises par le gouvernement marocain pour encourager les investisseurs arabes à réorienter leurs fonds vers le Maroc ? Hassan Bernoussi : d'abord dans le cadre global, les mesures prises par le gouvernement sont celles de concertation avec les différents acteurs économiques marocains. Il faut savoir que le Maroc désire afficher non seulement une attitude de sérénité, puisqu'il l'a déjà, mais aussi une attitude proactive. Nous ne sommes pas spectateurs des événements qui se passent aujourd'hui au niveau mondial. Nous ne subissons pas la conjoncture. Nous sommes en train de travailler de telle façon que des capitaux arabes soient relativement bien accueillis et au lieu qu'ils soient dirigés, comme cela continue de se faire aujourd'hui et s'est fait dans le passé, vers des destinations occidentales. Nous souhaitons que ces capitaux arabes soient investis dans des pays arabes. C'est pour cette raison que l'on a organisé ce forum de l'investissement arabe. Notre mot d'ordre est que les capitaux arabes doivent être réorientés vers des pays arabes. Ce n'est pas de l'orientation négative, mais nous partons du principe que sur les questions économiques, il est important que nous puissions asseoir une base solide en matière d'investissement : une meilleure connaissance entre les pays arabes et essentiellement entre les promoteurs arabes. Il se trouve que par le passé nous avons raté plusieurs rendez-vous et l'on ne veut guère répéter les mêmes erreurs. L'opportunité nous est aujourd'hui donnée par et à travers ce forum qui est organisé à l'initiative du Maroc. Et nous proposons qu'il soit organisé l'année prochaine dans un autre pays arabe. C'est un rendez-vous que nous voulons annuel et tournant pour que l'ensemble des pays arabes puissent en tirer profit. Mieux que cela, nous proposons la création de trois fonds d'investissement : pour le tourisme, l'immobilier et pour les secteurs agricole et agroalimentaire. Les mises des fonds qui seront constituées par des capitaux arabes publics et privés, seront dirigées vers l'ensemble des pays arabes. Que peut offrir un pays comme le Maroc aux grands investisseurs arabes pour les intéresser à effectuer des investissements directs dans les différents secteurs de son économie ? Je pense essentiellement aux investisseurs qui sont en train de réorienter leurs fonds vers des banques anglaises, françaises ou suisses. Aujourd'hui les capitaux arabes sont disponibles. Mais ils peuvent être investis dans plusieurs pays. Et c'est à nous de nous démarquer par rapport à la concurrence de telle façon à attirer ces capitaux arabes vers le Maroc. Je dirai même que si ce rendez-vous de l'investissement arabe a eu lieu c'est d'abord pour proposer une concurrence solidaire. En d'autres termes, que les pays arabes détenant des capitaux doivent s'organiser pour l'orienter de manière sereine et ne pas se livrer à une concurrence acharnée. Il faut tirer profit collectivement de ses capitaux. Quelles sont les mesures qui permettront de concrétiser cet objectif ? L'une des mesures les plus urgentes à mettre en place est la création de l'agence arabe pour la promotion de l'investissement. Aujourd'hui, hormis le fait que chacun des pays mène sa propre promotion, nous proposons une promotion concertée et unifiée pour l'ensemble des pays arabes. Aujourd'hui, les pays arabes sont montrés du doigt pour les raisons que vous savez. Nous proposons que l'ensemble des pays arabes puisse adopter un cadre unifié et concerté en matière de promotion des investissements. Nous sommes capables de le faire. Cette démarche consiste à aller un peu partout dans le monde pour faire de la promotion, disons le mot : de la propagande autour des potentialités qui existent dans les pays arabes en matière énergétique, agricole et touristique. On constate la présence d'un représentant gouvernemental algérien auquel vous avez adressé une invitation pour prendre part à cette manifestation. Est-ce le début de la reprise des relations économiques avec l'Algérie ? Il faut savoir que les plus grands amis du Maroc sont les Algériens. Les relations que nous avons avec eux sont d'une extrême courtoisie. Ce sont même des relations presque familiales. Aujourd'hui, ce que nous voulons par la présence d'un ministre algérien, de son représentant ou par la présence d'une importante délégation algérienne c'est d'expliquer quelles sont les opportunités que nous offrons. Et nous espérons que des investissements croisés seront lancés très rapidement. Je crois que c'est vers cet objectif que nous devons nous orienter.