La grande réussite du festival Mawazine, après le succès éclatant de la première édition de celui des Rhamnas, est de bon augure pour la suite. Car d'ici la fin de l'été, ce sont des dizaines de festivals qui vont animer l'ensemble du territoire, y compris, depuis quelques temps, l'arrière pays. Il ne peut pas limiter la perception de ces festivals à l'aspect festif, important certes, mais pas déterminant. Ces événements sont d'abord un formidable outil de communication. Ils ne sont pas nombreux les pays capables d'en organiser autant, de réunir sur la place publique des dizaines, voire des centaines de milliers de personnes, sans dégâts et avec une présence sécuritaire minimale. Les artistes algériens, souvent invités évoquent avec tristesse l'impossibilité de tenir ce genre de show chez eux. L'image dégagée d'un pays ouvert, tolérant, accueillant n'a pas de prix, par ses autres retombées. Ceux qui attaquent cette opération de promotion, utilisent souvent l'argument des budgets alloués. C'est un faux procès. D'abord le financement est bouclé par des sponsors. Ceux-ci ne font pas dans le mécénat. Le succès des festivals, la couverture médiatique, tant au Maroc qu'à l'étranger, leur assure une rentabilité en termes d'images, très compétitive par rapport à la publicité traditionnelle. Les retombées économiques sont certaines et pas uniquement durant le festival. Souvent les visiteurs reviennent après avoir connu la ville grâce à ce moment festif. La qualité des services, boostée pendant quelques jours, s'améliore et aide au développement du Tourisme. L'impact sociologique est tout aussi important. La mixité est la règle. Les riches, les puissants, les ministres, le petit peuple, la jeunesse, tout le monde est logé à la même enseigne. Cela permet de renforcer la cohésion sociale et le sentiment d'appartenance. C'est ce sentiment qui explique l'absence de tout dérapage. Les gens prennent ces festivals pour une marque de respect et veulent s'en montrer dignes. Aujourd'hui le Maroc a développé un véritable savoir-faire. Les concepts déclinés sont originaux et liés à la culture, au passé de la région concernée. Le festival est souvent l'occasion d'activités culturelles multiples. Le pays reçoit les plus grandes stars internationales et ce n'est pas une question d'argent. Souvent ces stars bousculent leur agenda pour pouvoir participer à ce qu'ils considèrent comme des événements d'importance. Ce capital confiance, cette image, nous la devons aux chevilles ouvrières de tous ces événements. Il est nécessaire de le sauvegarder et d'en assurer la transmission. ■