Le principe semble simple. Parcourir le plus grand nombre de kilomètres avec un seul litre de carburant. Seule contrainte, un cahier des charges à respecter à l'image des grandes courses automobiles. Peu connu dans le Royaume, le Shell Eco-Marathon gagne en connaissance (et reconnaissance) dans le monde entier. Réservé aux étudiants de tous les niveaux, ils se disputent, autour de ce rendez-vous annuel, les différents titres en compétition. Entamée en 1939 aux Etats-Unis, cette compétition compte désormais 200 équipes. Habituellement organisée sur le circuit de Nogaro en France, cette compétition s'est déroulée pour la première fois en Allemagne. Très prochainement, il faudra inclure l'Amérique et l'Asie. Deux types de véhicules concourent : prototype et Urban Concept. Si le premier permet à des prototypes au design plus ou moins étrange, l'Urban concept voit concourir des véhicules plus proches de nos automobiles actuelles. Le principe même est l'économie d'énergie. Concrètement, seul l'équivalent énergétique d'un litre de super sans plomb 95 doit être utilisé. Cela signifie que si l'essence est largement utilisée, d'autres équipages utilisent GPL, hydrogène, biodiesel, superéthanol…etc. Afin de se démarquer, les teams jouent donc sur la transmission, l'aérodynamique, le poids du véhicule et la stratégie de conduite. Détenu par l'ETH de Zurich (utilisant l'hydrogène), le record à battre est de 5385 km par litre ! Au-delà de la simple compétition estudiantine, il s'agit d'une véritable débauche de matières grises en termes de conception, de recherche en mécanique, énergétique qui trouveront surement leur place dans les véhicules de demain. Première participation d'un équipage marocain Le drapeau marocain a flotté le week-end dernier sur le sol allemand et plus précisément sur le circuit de Lausitz lors de la compétition européenne. Une dizaine d'étudiants de l'Ecole Mohammadia d'Ingénieurs de Rabat était présente pour faire concourir son EMIcar dans la catégorie prototype. Après un an de travail (hors des heures de cours), ce projet a réussi à se concrétiser grâce à l'aide de leurs professeurs, de sponsors, de l'ambassade du Maroc en Allemagne et surtout de leur motivation. De la conception aux démarches administratives, la communication et les challenges techniques, ces étudiants n'ont pas abandonné face aux difficultés. Ils ont choisi l'essence pour énergie et un moteur de débroussailleurs pour propulser leur engin. Tout a été réalisé et monté par les étudiants, à part la coque en fibre de verre pour des raisons de matériel. En Allemagne, l'équipage n'a pas manqué de panache aux essais qui se sont révélés concluants. Malheureusement, un problème technique les a empêchés de prendre part à la course. Néanmoins, nos Marocains ne sont que plus armés pour l'année prochaine. ■ 3 Questions à Mohammed Raihani, PDG Shell Maroc «Le futur de l'automobile : des véhicules écologiques» Arrivé en 2004 en tant que directeur commercial pour l'Afrique du Nord, Mohammed Raihani est le premier Marocain à occuper la place de PDG depuis 2006. Son objectif : consolider le leadership tout en ayant une véritable valeur ajoutée pour notre environnement et le pays. Engagé dans l'environnement, il a soutenu la participation de l'EMI au Marathon. Quelle a été la motivation de Shell Maroc pour soutenir l'EMIcar ? Il s'agit d'un projet qui s'inscrit en droite ligne avec notre vision de ce que doit être le futur de l'automobile. Des véhicules écologiques qui permettent de réaliser la plus grande distance en utilisant le minimum d'énergie. Nous ne pouvions qu'encourager une telle initiative et le fait qu'elle soit portée par des élèves ingénieurs marocains, est un motif de fierté supplémentaire. Première participation d'une équipe africaine au marathon. Un signal fort pour le potentiel d'ingénierie Marocain. Comptez-vous capitaliser sur cette pratique école d'ingénieur/compétition ? Oui, tout à fait. Au sein des écoles d'ingénieurs marocaines, nous avons un potentiel réel qui ne demande qu'à s'exprimer. Les compétences sont là. A travers le Shell Eco Marathon, nous leur offrons le cadre propice en leur donnant les moyens de témoigner de leurs capacités. Ce type d'initiative a pour vocation d'agir comme une sorte d'incubateur qui permettra aux talents et aux vocations de se révéler. Shell Maroc va-t-elle poursuivre cette aventure dans la durée et d'autres projets sont-ils envisageables ? Il est certain que nous reconduirons l'appel à candidatures pour participer au Shell Eco Marathon l'année prochaine. Nous souhaitons vraiment encourager une émulation positive au Maroc entre le plus grand nombre d'établissements d'enseignement supérieur pour participer à cette compétition.