La grève des transporteurs s'est intensifiée bien qu'elle n'ait pas généralement réussi. Beaucoup de chauffeurs de taxis et autres conducteurs de véhicules de transports se désintéressent des principes syndicalistes et cherchent à gagner leur pain quotidien. Mais celui qui en souffre, c'est le pauvre citoyen. Il n'avait pas encore lu les journaux. Ce matin-là, le casablancais cherchait vainement un taxi pour se rendre à son travail. De taxis, il n'y en avait pas. Les blancs comme les rouges. Après plusieurs minutes d'attente, un hasardeux engin s'est arrêté pour le prendre. Et c'est là que notre citadin a su que le monde était en grève, que les transporteurs étaient contre le nouveau Code de la circulation. Les chauffeurs ont peur des lourdes amendes et des peines d'emprisonnement en cas d'accidents. Au travail, le phénomène était sur toutes les lèvres et de sujets de conversations, il n'y avait que la circulation, son nouveau Code et la grève observée par les transporteurs. Rues et boulevards semblent déserts. Les habitués de la route côtière de Mohammédia ont remarqué les motards escorter les camions citernes qui doivent livrer le carburant aux stations services. Les gares routières, dont la principale d'Ouled Ziane, sont presque fermées. Un journal arabophone avait même titré que la recette quotidienne de ce vivier d'autocars n'avait pas dépassé les 300 DH. Les grévistes menacent tout chauffeur qui n'observerait pas la grève, de blessures. Une centaine ont été interpelés par la police. Ceux qui trouent les pneus, qui cassent les pare-brise, qui utilisent gourdins et coutelas pour dissuader les chauffeurs qui s'aventureraient à prendre un client. Le Casablancais a fini par comprendre que son cas s'aggravait et s'est résolu à prendre sa voiture qu'il laissait pour les week-ends. A la station service, il a failli ne plus trouver d'essence. Les camions citernes en provenance de la Samir avaient des difficultés à se rendre en ville. Le port de la métropole a enregistré des pertes chiffrées en milliards de centimes pendant ces derniers jours où une file interminable de poids lourds longe le voisinage des quatre portes du port de commerce. Malgré cette paralysie qui a sûrement porté atteinte à l'activité commerciale et professionnelle, les mauvaises langues disent qu'elles respirent mieux dans les grandes agglomérations parce qu'il y a moins de pollution ! Mais dans tout cet imbroglio, c'est la communication qui fait défaut. Elle est même au point mort dans la mesure où l'on se contente de rumeurs en l'absence de bulletins permanents qui rendent compte de l'état du secteur et de tout ce qui entoure cette paralysie.