Il est clair qu'une grève a ses raisons, ses motivations et surtout un certain nombre de revendications qui demandent à être satisfaites, totalement ou partiellement. On n'apprend rien de nouveau quand on rappelle ces généralités, tellement ancrées dans la pratique pas forcément syndicale, mais celle de tous les jours. Il est clair qu'une grève a ses raisons, ses motivations et surtout un certain nombre de revendications qui demandent à être satisfaites, totalement ou partiellement. On n'apprend rien de nouveau quand on rappelle ces généralités, tellement ancrées dans la pratique pas forcément syndicale, mais celle de tous les jours. Mais l'occasion nous est donnée, malgré nous, par cette grève des transporteurs de marchandises qui vient nous rappeler non seulement les blocages de routes dont l'Europe avait souffert l'année dernière, mais aussi et surtout la situation des transports de marchandises chez nous, voire le statut même des agréments toujours en vigueur… Il est vrai qu'on accuse les chauffeurs, à tort ou à raison, de presque tous les problèmes liés aux accidents de la circulation, au trafic de tous genres et au manque de respect des règles élémentaires de conduite. On les accuse aussi de ne pas faire attention à l'état mécanique de leur véhicule qui devient, pour beaucoup, un tombeau roulant… Tous les griefs sont bons pour accuser les transporteurs et les chauffeurs sont en première ligne… Mais là où les choses deviennent plus sérieuses c'est quand ces mêmes transporteurs rechignent à appliquer la loi. On se rappelle comment ils ont fait capoter le projet ambitieux des chronotacchygraphes, outils efficaces de contrôle de la vitesse, et donc de sécurité des usagers de la route et des chauffeurs. On a vu comment les transporteurs ont refusé d'appliquer les normes environnementales en vigueur partout dans le monde, sous prétexte que cela nécessite le remplacement de la presque totalité du parc des véhicules en circulation… La liste est bien longue. Aujourd'hui, ils observent une grève pour imposer des amendements de la loi de finances, notamment une révision en baisse de la taxe annuelle à l'essieu dans la Loi de finances 2003, qui va de 5.000 à 9.000 DH par camion, ainsi qu'une diminution de la TIC (Taxe intérieure de consommation). On veut bien les comprendre et espérer une issue heureuse à leur mouvement, légitime de par les textes de la loi. Mais en même temps, on estime que la qualité du service doit suivre et donc s'améliorer. Et là, trois questions lancinantes au moins restent sans réponse. La première, a trait au système des agréments. De quel droit se prévalent les transporteurs pour pouvoir exiger des amendements de la loi de finances, sinon un système dont la règle principale n'a jamais été le mérite et le savoir-faire ? La deuxième question découle de la première. Les transporteurs sont-ils tous prêts à organiser de manière rationnelle le secteur dont ils sont les seuls maîtres à bord ? Créer des coopératives, des associations de transporteurs et faire valoir le métier comme argument de base, ce sont-là des éléments qui peuvent transformer le secteur et le placer au rang des activités réglementées conformément à la loi… Enfin, quel est le statut du chauffeur ? Personne n'en parle. Et pourtant c'est lui le maillon essentiel de la chaîne. Quand un chauffeur touche à peine le SMIG, il y a lieu de s'attendre au pire. Quand il n'a aucune couverture sociale, on voit mal comment le secteur peut aller de l'avant… Le problème des transporteurs n'est pas aisé, c'est sûr. Mais le réduire aux seules revendications d'ordre fiscal, cela veut tout simplement occulter les véritables raisons d'un marasme qui n'a que trop duré.