C'est le 2 Avril qu'a débuté à Londres le sommet des chefs d'Etat et de gouvernements des 20 pays qui dominent l'économie du monde, à des titres divers. Bien avant la réunion de ce sommet une décision d'importance a été prise et n'a pas échappé aux observateurs. Le 1er Avril a été déplacé au 2, ce qui constitue un signe fort adressé au monde. L'ordre du jour de ce sommet était d'une ambition exceptionnelle. Il s'agissait de «refonder» le capitalisme, de le moraliser, de réguler les mouvements financiers et d'en finir avec les paradis fiscaux. Accessoirement réguler les rémunérations des grands patrons et réduire les avantages qu'ils s'octroient. A y voir de près, ceux-ci considèrent que s'il y a crise cela ne signifie pas qu'il y a le feu à la maison. Ces grands patrons font preuve de franchise. Ils clament que la morale n'est pas consubstantielle au capitalisme. C'est plutôt le contraire puisque les recettes doivent excéder le plus largement possible les dépenses. Du reste, la crise mondiale est mise à profit par de nombreuses entreprises pour réduire leur personnel, indépendamment de celles qui connaissent de réelles difficultés et qui licencient ou déposent leur bilan. Ironie du sort, ils sont confortés par leurs employés qui soutiennent ce système même quand ils séquestrent leurs patrons. Il s'agit dans ce cas d'obtenir des avantages et non de prendre possession de l'entreprise. Syndicats et patronat même combat. Certes, il y a eu à Londres des manifestations altermondialistes. Cependant on ne perçoit pas ce qu'il y a de réalisable dans ce qu'ils proposent. L'extrême gauche est à l'affût, espérant des désordres majeurs pour accéder à un pouvoir qu'elle refuse de conquérir par les urnes. La gauche gouvernementale ne diffère de la droite libérale que par le saupoudrage social qu'elle effectuerait en cas d'alternance. Le capitalisme a encore de beaux jours devant lui. Il lui faudra peut-être s'adapter aux nouvelles habitudes des consommateurs qui se caractérisent par la modestie. Face aux difficultés du capitalisme il y a ceux qui pensent que Lénine était arrivé trop tôt. L'histoire peut se répéter en ricanant mais ne se refait pas. Toutefois, elle peut manifester de l'ironie. Il n'est que d'observer l'Américain de Barack Obama qui se vêtit d'habits socialisants alors que l'Europe campe sur son capital. Par ailleurs, le vacarme déclenché à propos des paradis fiscaux parait suspect. Les Etats les plus bruyants et leurs banques disposent de comptes et des succursales dans ces lieux. Le vacarme est tel qu'on peut tendre l'oreille et entendre les fonds particuliers émigrer de ces paradis pour des cieux plus cléments et discrets. Le Président français Nicolas Sarkozy qui s'est agité depuis de nombreux mois pour provoquer des conférences internationales, notamment celle qui a réuni les 19 autres chevaliers à Londres a manqué l'occasion de se distinguer davantage. Pour montrer que la lutte contre les paradis fiscaux n'est pas une fumisterie, il aurait pu s'occuper de l'Andorre, principauté qui est à sa portée. En effet, d'après la constitution de cet Etat il en est coprince. Peut-être qu'il s'est abstenu pour ne pas soulever un lièvre. Les observateurs malveillants auraient expliqué que son style qualifié de napoléonien est en effet celui d'un coprince. Il aurait pu passer outre et mettre fin au côté refuge de l'Andorre, en accord avec l'autre coprince, un évêque. Il n'aurait eu aucune difficulté à convaincre un prélat, dont la morale est sa raison d'être. La constitution prévoit en effet : «Les deux Coprinces de l'Andorre sont d'une façon conjointe et indivise le chef de l'Etat». Que peut attendre le monde du Président Sarkozy qui ignore que dans ses veines coule un sang bleu ? n