Lors de la cérémonie de démarrage des festivités de célébration de «Kairouan capitale de la culture islamique», on s'attendait à un discours sobre, traditionnel. Mais celui adressé par le président Zine Al Abidine Ben Ali, fut tout autre. Le chef de l'Etat tunisien a voulu sortir de l'ordinaire des cérémonies officielles, pour expliquer en détail, à une grande partie des invités, dont beaucoup d'étrangers venus d'Occident, qui ne sont pas censés connaître ce que représente la ville de Kairouan pour les musulmans du monde et la Tunisie, l'histoire d'une des plus anciennes métropoles de l'Islam dans les pays du Maghreb et quatrième ville de l'Islam après la Mecque, Médine et Al-Qods (Jérusalem). C'est en faveur de Kairouan et au moment de sa fondation, que le grand chef militaire Oqba Ibnou Nafiï a imploré Dieu pour être un haut lieu de science et de fiqh et du droit musulman. Le retour d'Oqba Ibnou Nafiï En racontant l'histoire de cette ville fondée en l'an 50 de l'Hégire, correspondant à l'an 670 du calendrier géorgien par Oqba Ibnou Nafiï, accompagné en Ifriqiya de 25 valeureux Sahabas (compagnons du prophète) Ben Ali a voulu montrer les œuvres de ses savants, de ses hommes de la culture et de l'art, pour rappeler que l'Islam a toujours été une religion grandiose par son fond, ses principes, sa tolérance, ses réalisations dans tous les domaines, et surtout ses hommes. En racontant le long parcours de Kairouan, ce dernier a fait découvrir à l'assistance que cette ville a marqué le point de départ de l'expansion de l'Islam en direction non seulement du Maghreb, mais aussi de l'Andalousie, de la Sicile et de l'Afrique subsaharienne. Ce qui est une gloire en soi, surtout lorsque l'on sait qu'à Kairouan fut fondée la principale école du fiqh de la doctrine malékite (en référence à Ibn Malik). Ben Ali ne s'est pas contenté de ce volet. Il a tenu à aller plus loin pour apprendre à ceux qui ne le savaient pas, que ce fut aussi dans cette ville de l'Islam que fleurirent les plus prestigieuses écoles coraniques, de littérature et de médecine, marquées par de fécondes discussions intellectuelles et par des débats de haute tenue. Le chef de l'Etat tunisien s'est focalisé sur Raqqada, localité de la périphérie de la grande ville de l'islam, pour raconter que le prince Aghlabite Ibrahim Ibn Ahmed, fonda, en l'an 264 de l'Hégire (878 JC), Beit Al- Hikma (maison de la sagesse), à l'image de la fondation portant le même nom à Bagdad par le Calife Maamoun. A Beit Al Hikma de Kairouan, Ibrahim II fit venir les plus éminents médecins du monde, astronomes, savants et traducteurs. Il a mené les ouvrages les plus réputés, dans des langues diverses. A Kairouan, capitale des Ahlabites puis des Zirides, s'illustrèrent, des juristes dont les noms servent aujourd'hui de références tels que Assad Ibn Al Fourat, Suhnun Ibn Saïd, Abdullah Ibn Abi Zeid. D'autres aussi dans le domaine littéraire. Manifestation permanente Par ailleurs, et en réponse aux critiques contre le soi-disant traitement injuste des femmes par l'Islam, le président Ben Ali a rappelé dans son discours, qu'à Kairouan, capitale de la culture et de la civilisation islamique, prévalait depuis la nuit des temps, le respect des droits de la femme dans les relations conjugales, à travers le texte dit «contrat de mariage Kairouanais » (Al-Sadaq Al-Qayrawani). A cet égard, l'enseignement pour les filles y était répandu. Pour donner plus de sens au lancement des festivités de célébration de Kairouan, capitale de la culture islamique, Ben Ali a choisi que le démarrage des manifestations coïncide avec la nuit du Mawled). Ce, pour commémorer comme il convient l'anniversaire de la naissance du messager de Dieu, et consacrer encore et toujours cette noble tradition que les Kairouanais ont coutume de célébrer avec faste, depuis très longtemps. En racontant Kairouan, le président tunisien n'a pas omis d'évoquer les périodes de faiblesse et de régression, en soulignant que cette ville, bastion de l'Islam, avait réussi à tenir bon face aux vagues d'agitation intérieure et d'invasion extérieure, et de reprendre les rênes de l'initiative pour reconstituer ses forces à l'issue de chaque étape, sans rompre avec son identité ni renier ses racines. ■