Le programme «Villes sans bidonvilles», lancé en 2004, devrait, toucher près de 212.000 familles dans 70 villes marocaines. Jusqu'ici, près de 20.300 ménages ont déjà bénéficié de ce programme. Sur un total de 77 conventions-villes à établir, 41 ont déjà été signées. En 2003, 900 000 ménages marocains, soit quelque 5 millions de personnes et un tiers de la population urbaine vivaient dans un logement précaire, dont 212 000 ménages en milieu urbain. Au cours des 20 dernières années, l'habitat insalubre s'est développé à un rythme plus rapide que le logement formel, malgré les efforts soutenus du gouvernement pour résoudre ce problème. Dix-huit millions de personnes au Maroc vivent dans les zones urbaines, nombre qui a continué à augmenter à raison d'environ deux pour cent par an pendant la dernière décennie. En 2004, le gouvernement a entamé un programme intégré de réforme dans le but de résoudre à la fois les problèmes de l'offre et de la demande du secteur de l'habitat. La nouvelle stratégie se fonde sur la volonté de laisser le secteur privé jouer le rôle de chef de file dans l'offre de l'habitat, d'améliorer l'environnement institutionnel et réglementaire du secteur de l'habitat, et d'accroître l'accessibilité à l'habitat pour les ménages à faibles revenus au moyen d'interventions mieux ciblées et induites par le marché. L'objectif du Gouvernement est de produire 100 000 logements sociaux et parcelles viabilisées par an. Au titre de ce programme de réforme, le gouvernement a lancé son programme phare «Villes sans bidonvilles», qui a comme but celui de fournir un logement décent aux 212 000 ménages vivant dans des bidonvilles urbains d'ici 2010. Pour que son exécution soit réussie et pour promouvoir un meilleur accès au crédit hypothécaire en général pour les ménages ayant des revenus modestes et/ou irréguliers, le Gouvernement a également favorisé la création de fonds de garantie et de mécanismes d'épargne logement. Etant donné que le programme de réforme bénéficie de l'appui de la Banque mondiale à travers le prêt de développement du secteur de l'habitat (PDSH) approuvé le 30 juin 2005, l'analyse d'impact social et sur la pauvreté (AISP) a été conduite en partenariat avec le Ministère de l'Habitat et de l'Urbanisme en tant qu'apport analytique au dialogue de politique. L'étude porte sur le programme « Villes sans bidonvilles » et les mécanismes apparentés de financement du logement et cherche à répondre aux questions suivantes : • L'appui déclaré au programme, qui bénéficie de l'aval de Sa Majesté, se traduit-il par des synergies effectives, ou y a-t-il de la résistance à son exécution intégrale ? • La formulation du programme et les modalités de résorption sont-elles alignées sur les besoins et les demandes exprimées des ménages bénéficiaires ? • La participation financière attendue des habitants des bidonvilles est-elle réaliste, et les nouveaux dispositifs d'accès au financement du logement amélioreront-ils l'accessibilité des opérations de résorption ? • Les mécanismes pour l'accompagnement social et la participation de la population ciblée par les opérations de résorption sont-ils appropriés et opérationnels sur le terrain ? Au fil des 130 pages du rapport, sans vraiment de surprise mais dans l'inimitable langage convenu des rapports adminitratifs, on peut lire que le simple fait de formuler ces questions… c'est d'y apporter la réponse. Témoignages : Les bidonvillois racontent leur sort «…La maison de mon père, sa propriété avant d'être saisie, était en dur avec l'eau et l'électricité ainsi que l'assainissement. Le logement que j'ai occupé avec mon premier mari à X était également en dur et équipé, on payait 1500 DH de loyer. Celle que j'ai occupée après mon divorce et après avoir quitté la maison conjugale était en dur et équipée convenablement. Mais ce dernier loyer (750 DH plus 200 DH pour l'eau et l'électricité) pesait trop dans mon modeste budget et particulièrement pour mon ménage de femme seule avec un enfant. Je travaillais dans un atelier d'exportation de produit agricoles. (..) Ma voisine m'a encouragée et m'a introduite auprès d'une personne à qui j'ai acheté le droit de monter ma baraque. J'ai placé un grillage et je me suis installée avec ma fille. A X (autre bidonville), le prix était élevé, jusqu'à 40 000 DH, il m'aurait fallu travailler des années pour économiser, d'autres endroits étaient également au-dessus de mes moyens, le maximum que je pouvais emprunter était 15 000 DH. Ici l'endroit était très marginalisé, alors on pouvait acheter à des prix abordables...» « Six mois après la naissance du bidonville, des personnes du ministère sont venues avec des dossiers, les gens ont cru qu'on allait leur accorder des terrains et lançaient des vivats pour le roi. Mais ils ont vite arrêté quand une personne a demandé : où est mon numéro pour le lot de terrain ? Pour toute réponse, elle a été maltraitée par un officiel. Alors les habitants ont compris qu'ils risquaient d'être dépossédés sans contrepartie. Chacun a pris son enfant dans une main et une hache dans une autre. Plusieurs personnes ont menacé de se faire tuer plutôt que de quitter leurs habitations. Les autorités ont décidé de se retirer pour faire revenir le calme. Après que le gouvernement ait été mis au courant, des promesses de réponse ont été faites aux habitants, cela fait maintenant 10 ans, la situation est inchangée… » « Parmi les nouvelles personnes qui sont venues loger ici, viennent des gens de X. ou d'endroits proches de ce quartier. Ils entendent parler de relogement, et qu'ils bénéficieront de logement ou d'un lot de terrain. Ils achètent à 10 000 DH ou 15 000 DH, et ils sont ainsi propriétaires d'un numéro qui leur est alloué. Les habitants qui vendent leur logement font selon leur situation financière, Celui qui a de l'argent achète un lot de terrain pour le construire, ou achète carrément un logement fini… Mais tout ça est connu des autorités… » « C'est grâce aux élections que les familles sont installées ici.iI n'y avait que dix familles qui avaient une situation financière très précaire et qui habitaient la médina,X, ou Y. Alors un élu leur a proposé de s'installer ici pendant les élections de 1996, et 300 ménages sont arrivés en un mois. Ces familles ont construit leurs baraques en plastique. Les autorités ont ensuite essayé de les évacuer, mais elles ne sont jamais parties car elles n'ont pas les moyens de payer ni loyer, ni nourriture, en plus ce sont des familles nombreuse de 8 ou 10 personnes où seule la femme ou sa fille travaillent. Les autorités ont fini par accepter. Mais malgré les promesses, pas moyen d'avoir un certificat de résidence, ni eau potable ni électricité et pas d'égouts non plus. » Des fils du kariane qui ont fait carrière Le credo des enfants des bidonvilles Le Football, la Boxe et les arts martiaux La musique, le théâtre, le cinéma et aussi les affaires Des marocains issus des bidonvilles de Casablanca, Rabat et de toutes les grandes et moyennes agglomérations urbaines du Maroc, ont-il une chance de percer dans la société ? Y a-t-il parmi eux quelques-uns qui ont réussi à se faire une situation sociale décente et même confortable, en dépit des injustices et des privations subies durant l'enfance ? Curieusement oui : nombre de fils de bidonvilles et de Douars célèbres du Maroc d'aujourd'hui, karianes de l'ancienne comme de la nouvelle génération, occupent encore une large place dans notre univers socio économique et ornent notre vie artistique et culturelle. Même s'il est toujours difficile de se déclarer et reconnaître ses origines karianistes, il faut bien avouer que nos karianes ont donné au Maroc des poètes, des romanciers, des comédiens, des chanteurs et des sportifs. Eclairage Casablanca Meskini Sghir (poéte ) Zinoune (chorégraphe) Abdelkader Lagtaâ (réalisateur de cinéma) Moubarak Rabiâ( romancier) Abdelkader Laâraj (peintre ) Hamid Zoughi (acteur réalisateur de théâtre et producteur de cinéma ) Omar Essayed (membre du groupe Nas el Ghiwane ) Abdallah Zraika réalisateur de télé et de cinéma Redouane Allali du footballeur du Wydad kariane ben M'sik Les frères Abdelhak et Mohamed Achik ( Hay Mohammadi) Zerougui entraineurs et boxeurs du Khachabat Al hay Mohammadi Allal Noumir, footballeur du TAS Rabat Hajib (chanteur populaire ) Feu Hicham Zerouali ( buteur du FUS et des FAR et professionnel en Ecosse) Mohamed R'zine (acteur de théâtre de télé et cinéma) Feu Mohamed Rochdi ( comédien )